« Qui veut voyager loin ménage sa monture », a-t-on coutume de dire. La République démocratique du Congo (RDC) semble avoir assimilé ce dicton. En effet, depuis le lundi 24 août 2020, se tient à Kinshasa, un forum dont l’ultime but est de trouver un consensus autour des réformes électorales. Pour qui connaît ce pays qui a du mal à se départir des crises multiformes, il y a des raisons de saluer la démarche du professeur congolais, Bob Kabamba, principal initiateur du projet, appuyé par l’Université de Liège et l’Union européenne.
Et comme, il fallait s’y attendre, compte tenu de la méfiance ouverte dans la classe politique, la phase préparatoire dudit forum n’a pas été un fleuve tranquille. D’un côté, le torchon brûle entre le camp présidentiel et la coalition de l’ex-chef d’Etat, Joseph Kabila, sur la désignation des membres de la commission électorale et autour des réformes envisagées avant les scrutins de 2023. De l’autre côté, au sein même de la coalition gouvernementale, l’heure n’est pas aussi à la sérénité entre l’UDPS du président congolais, Félix Tshisekedi et de l’UNC de Vital Kamerhe. Ce dernier, directeur de cabinet du chef de l’Etat, a été condamné en juin dernier à 20 ans de travaux forcés dans l’affaire des maisons préfabriquées à Kinshasa. Sa demande de remise en liberté provisoire à la Cour d’appel a été rejetée, le samedi 22 août 2020 pour la neuvième fois.
Il a donc fallu plusieurs semaines au professeur Bob Kabamba pour convaincre les différentes parties de discuter autour du sujet. Cela est une prouesse à saluer à sa juste valeur. Cependant, il ne doit pas crier victoire de sitôt, car des hésitations se font sentir déjà dans les camps Kabila et Tshisekedi. En effet, le parti présidentiel a fait part de son refus quelques heures avant l’ouverture des travaux. Le FCC de Joseph Kabila, lui, ne veut pas discuter de ces réformes en dehors des institutions. Un couac qui risque de compromettre les chances du forum, qui entend déboucher sur des propositions acceptées par tous. Mais le facilitateur n’en démord pas et met ses difficultés sur le compte des incompréhensions. Il nourrit l’espoir que les abonnés absents au forum prendront le train en marche, lorsqu’ils auront compris que le cadre qui leur est offert n’est rien d’autre qu’une rencontre où les questions techniques seront débattues.
Il ne reste qu’à prier pour que la démarche de l’universitaire aboutisse à ce consensus salvateur. Arriver à mettre un terme à l’instabilité politique et aux contestations post-électorales récurrentes dans ce pays débordant de ressources naturelles serait bâtir un des piliers de son décollage économique. Vivement que les mânes du Congo apaisent les cœurs des parties prenantes au forum, afin que des propositions consensuelles, gage de paix, soient trouvées au grand bonheur du peuple congolais.
Abdoulaye BALBONE