L’engagement des Forces combattantes ainsi que la détermination des autorités de la Transition à reconquérir l’intégralité du territoire national s’avèrent payant. Dans la région du Centre-Nord des personnes déplacées de plusieurs communes ont pu regagner leurs localités d’origine et vaquent paisiblement à leurs occupations habituelles. Dans le constat terrain effectué par Sidwaya, nous avons opté de trouver des sobriquets pour les localités visitées.
La reconquête et la restauration de l’intégrité du territoire burkinabè jadis sous emprise terroriste, s’opèrent lentement mais surement à travers les quatre coins du pays. En effet, dans le combat pour la défense du territoire et la protection des populations, la Transition au pouvoir depuis un an, œuvre à booter le mal hors des limites territoriales du Burkina Faso. En déroulant un programme et une tactique endogène de lutte antiterroriste basée sur la ré-articulation de l’armée et la mise sur pied de détachements et postes avancés pour reconquérir, pied par pied l’intégrité du territoire national, la stratégie a produit des résultats sur le terrain. Dans la région du Centre-Nord, nous avons pu faire un constat sur le retour effectif de populations déplacées internes dans leurs zones d’origine. Les services sociaux de base comme les préfectures, les Centres de santé et de promotion sociale (CSPS), les dépôts pharmaceutiques ont tous repris du service au profit des populations. C’est le cas de la commune rurale du Versant (nom d’emprunt) composée d’une trentaine de villages, pour une population estimée à plus de 55 000 habitants et qui a connu des attaques à répétition en 2022. Conséquence, la commune a enregistré le déplacement des populations à la suite d’une attaque qui a engendré le départ des forces de sécurité intérieure de la localité. Un affront qui ne restera pas impuni, car dans la réorganisation de l’armée et la mise en place de dispositions et stratégies nouvelles, des combats d’une rare violence vont s’opérer dans la commune.
Les forces du mal qui régnaient dans le « Versant » sont anéanties, un détachement est mise en place et des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) installés dans les différents villages pour faire régner l’autorité de l’Etat. A notre arrivée, plusieurs mois après la reprise en main de la commune, les ménages jadis dispersés se sont enfin reconstitués, les vieilles demeures écroulées sont en reconstruction et la vie a repris ses droits dans le village chef-lieu de la commune. Le village est bien animé. Le bruit des moulins à grain domine par moment l’ambiance. Les bornes fontaines et autres forages à motricité humaine ne désemplissent pas. Les marchés hebdomadaires grouillent de monde et on y trouve à souhait le nécessaire pour assurer et garantir la vie au village. Par endroit, on pouvait encore apercevoir les stigmates du passage des terroristes. L’érection d’infrastructures de commerce et d’habitat en matériaux définitifs sont perceptibles çà et là et témoignent de l’espoir d’une réinstallation durable. Dans une autre commune que nous avons baptisée la « Vallée des rois », toujours dans la région du Centre-Nord, un département d’une superficie de 1 600 km² pour une population estimée à 120 000 habitants, selon le recensement général de 2019, les populations de la quarantaine de villages avaient été bâillonnées et déplacées de force par les groupes armés terroristes.
L’abnégation des Forces combattantes
Mais, l’abnégation des Forces combattantes a permis le retour sans problème des déplacés. Dans cette commune, les populations réinstallées s’activent à la campagne agricole de contre-saison, notamment, l’exploitation de périmètres maraîchers. Les producteurs expliquent que grâce aux efforts des Forces de défense et de sécurité (FDS) qui veillent jour et nuit sur eux, tout est rentré dans l’ordre et l’épisode de déguerpissement n’est qu’un souvenir. Dans leurs productions potagères, on pouvait voir des planches de tomate, d’aubergine, de piment, de choux, d’oignon, de gombo, entre autres. Certaines productrices affir- ment être organisées en coopératives et bénéficient de microcrédits qui les aident dans leurs activités génératrices de revenus. Mieux, dans les marchés, des groupements de vendeuses de condiments frais assurent également l’achat bord champ des productions des maraichers. L’un dans l’autre, le cours normal de la vie est restauré. En témoigne le forgeron Arouna (nom d’emprunt) installé au cœur du village et dont la forge produit en série des outils agricoles.
A l’aide d’un lourd et pesant marteau, il tape de toutes ses forces sur l’enclume. Il confectionne des pioches, des dabas et autres outils utilisés notamment pour l’agriculture familiale, mais aussi dans les travaux de jardinage. On a vite réalisé que dans ce village, l’esprit des paysans est à la production agricole après avoir passé près de deux saisons d’inactivité loin des terres arables et bien arrosées qu’ils exploitaient avant l’arrivée des tueurs. La plupart de nos interlocuteurs de rassurer de l’élan de résilience enclenché par les habitants. « Vous pouvez le constater par vous-même, la vie a repris ses droits ici. Et ce, grâce à la farouche détermination des Forces combattantes engagées sur les différents théâtres des opérations par les plus hautes autorités. Dans ce village, les mots nous manquent pour témoigner à juste titre ce que les FDS ainsi que les VDP ont fait pour nous. Cette commune a été soudainement encerclée et pillée par les ennemis. A plusieurs reprises, nous avons été attaqués et les populations avaient fini par fuir suivant les injonctions des terroristes. Aujourd’hui, nous rendons grâce à Dieu et à nos plus hautes autorités », a témoigné l’un des chefs coutumiers de la commune.
« Yaars » et gares routières opérationnelles
La série noire des déplacements de populations dans cette partie du Burkina se sont multipliés et à une vitesse incroyable entre 2021 et 2022. Ainsi, dans la commune que nous avons convenu d’appeler « Dragon », les populations réinstallées ont rouvert leur gare routière, ainsi que les « yaars » (marchés en langue mooré, ndlr) hebdomadaires. Parmi les commerces fonctionnels, on trouve une grande quincaillerie de vente de panneaux solaires et de lampes. Les ouvrages du projet d’électrification rurale qui alimentait le village ont été saccagés. Pour les besoins de lumière, il fallait se tourner vers des installations individuelles. En effet, la commune a subi le même sort que ses sœurs précédemment citées. Face au péril en la demeure, il fallait donner le ton. Et le régime de Transition a trouvé les moyens pour faire barrage à l’expansion d’un plan sadique et cynique des tueurs dans la région du Centre-Nord. Désormais dans les villages parcourus, la vie en société s’est mise en place dans le respect et l’accomplissement des us et coutumes et des habitudes confessionnelles.
La société s’est vite reconstituée avec des groupements de jeunes, des coopératives féminines, entre autres. Ces villages adossés désormais à des détachements ou des postes avancés se sont faits un « relooking » avec à la clef des ronds-points peints aux couleurs nationales et habillés des drapeaux burkinabè et russes. Aux dires des villageois, la veille citoyenne constatée dans les grands centres urbains a gagné les villages et même les campagnes. Les activités de contresaison enclenchées pratiquement dans tous les villages visités visent à enrichir les repas des populations, mais aussi à faire tourner l’économie locale. Au niveau des services administratifs locaux, le constat terrain a permis de toucher du doigt la réouverture effective de bon nombre d’écoles primaires publiques, le fonctionnement des CSPS, la présence des commis de l’Etat à savoir les préfets ainsi que des notabilités coutumières religieuses et traditionnelles. Autant dire que la lutte contre le terrorisme augure des lendemains meilleurs avec ce constat qui montre que les opérations se poursuivent assorties d’un plan de réinstallation progressive des populations déplacées.
Wanlé Gérard COULIBALY