La rétinopathie diabétique est une maladie oculaire qui peut entraîner une baisse ou une perte totale (cécité) de la vision chez les personnes atteintes de diabète. Elle est une des complications les plus fréquentes du diabète. L’ancienneté et le mauvais équilibre du diabète expose à l’apparition de la rétinopathie. Le Dr Marie-Madeleine Rouamba, médecin interniste au CHU de Bogodogo nous en dit plus.
Sidwaya (S) : Comment définissez-vous la rétino-pathie diabétique et en quoi représente-t-elle une complication sérieuse du diabète ?
Marie-Madeleine Rouamba (M.M.R.) : La rétinopathie diabétique est une microangiopathie et désigne l’atteinte des vaisseaux de la rétine, en
lien avec l’hyperglycémie chronique. L’évolution du diabète avec un mauvais contrôle de la glycémie aggrave les lésions et engendre progressivement et de façon irréversible des troubles de la vision et la baisse de l’acuité visuelle, qui peuvent conduire à la cécité si aucune prise en charge adéquate n’est entreprise. C’est la gravité de cette complication.
S : Quels symptômes et signes cliniques doivent alerter un patient diabétique, même en l’absence de troubles visuels ?
M.M.R. : Les signes apparaissent en général plusieurs années après le début du diabète. Parfois, la rétinopathie est découverte au moment du dia-gnostic. Il peut s’agir d’une vision floue ou déformée qui ne s’améliore pas avec des lunettes, d’une sensation d’éblouissement, ou encore de l’apparition de taches sombres dans le champ de vision, appelées scotomes. Certaines personnes rapportent une mauvaise vision nocturne, une perception altérée des couleurs ou encore l’impression de voir des ombres ou des formes flottantes. Dans certains cas, la perte de vision peut être brutale. Tous ces signes doivent inciter à consulter rapidement, même s’ils semblent passagers.
S : Quels sont, selon vous, les facteurs de risque les plus importants dans
la survenue de la rétinopathie chez les patients diabétiques ?
M.M.R. : Les principaux facteurs de risque sont liés à l’ancienneté et au mauvais contrôle du diabète. Un diabète mal équilibré, avec des taux élevés et fréquents de sucre dans
le sang, augmente consi-dérablement le risque
de développer cette complication. D’autres éléments comme l’hypertension artérielle, un taux élevé de graisses dans le sang, les maladies rénales, la consommation excessive d’alcool ou de tabac, ainsi que l’obésité, contribuent également à aggraver le risque.
Par ailleurs, les hommes semblent plus fréquemment touchés que les femmes et certaines situations comme la grossesse peuvent aussi favoriser l’apparition de la rétinopathie.
S : Quand faut-il consulter ?
M.M.R. : La rétinopathie diabétique est souvent silencieuse à ses débuts, ce qui la rend particulièrement dangereuse. Les symptômes n’apparaissent qu’à un stade avancé, lorsque les lésions sont déjà importantes. Il est donc essentiel que toute personne diabétique consulte un ophtalmologue dès le diagnostic du diabète, afin d’évaluer l’état de la rétine, instaurer une surveillance régulière et débuter un traitement
si nécessaire. En cas d’apparition soudaine de troubles visuels, il est impératif de consulter sans délai un spécialiste ou de se rendre
aux urgences ophtalmologiques, car il peut s’agir d’une urgence.
S : Quels conseils donne-riez-vous aux patients pour prévenir au mieux l’apparition ou l’aggravation de la rétinopathie
diabétique ?
M.M.R. : La première mesure préventive est de maintenir un bon équilibre glycémique, car une glycémie bien contrôlée réduit considérablement le risque de complications. Il est également important de traiter les facteurs associés, notamment l’hypertension, les troubles lipidiques et les pathologies rénales.
Une consultation annuelle chez un ophtalmologue est indispensable pour dépister les signes précoces de rétinopathie. Enfin, le respect du traitement prescrit et l’adoption d’un mode de vie sain sont essentiels pour préserver la santé des yeux et éviter toute aggravation.
Interview réalisée par :
Wamini Micheline
OUEDRAOGO