Les Etalons du Burkina Faso, c’est connu, ne seront pas de la CAN 2019 en Egypte. Beaucoup de choses ont été dites sur cette non-qualification et notamment sur le renouvellement de l’effectif. Le 1er vice-président de la FBF, Laurent Blaise Kaboré, nous entretient sur les chantiers en vue de la reconstruction de nouveaux Etalons. Avec un peu de recul, il revient sur cette non-qualification des Etalons.

Après avoir bien entamé les éliminatoires en gagnant leur 1er match contre l’Angola, les Etalons n’ont pas pu maintenir le cap. Avec un peu de recul, quelles sont les raisons de cette non-qualification des Etalons à la CAN 2019 ?

Il serait superflu de vouloir dire pourquoi les Etalons ne se sont pas qualifiés. Mais il faut analyser froidement le comportement de notre équipe tout au long de ces phases qualificatives afin de tirer les leçons de cette non-qualification. Les Etalons ont bien démarré avec une victoire lors de la 1re journée comme vous l’avez dit. Cette victoire, en son temps, avait mis du baume au cœur des supporters. Malheureusement lors de la 2e journée, nous avons perdu. Il faut remarquer que cette équipe des Etalons est composée de joueurs de grands talents qui travaillent ensemble depuis une dizaine d’années.
Or dans le football, il y a un cycle, et je ne crois pas qu’il soit au-delà de dix ans. Nous avons constaté qu’en notre sein, il y avait des joueurs qui allaient vers la fin de cycle. Depuis 2011, les Etalons nous ont fait vibrer à travers les cadets, en passant par les séniors qui ont été finalistes de la CAN en 2013, puis une 3e place en 2017. Ce sont les mêmes joueurs que nous avons vus évoluer depuis ce temps. Il va de soi que lorsqu’une équipe évolue de la sorte, qu’elle s’essouffle et cherche ses repères à un moment donné. Nous avons manqué de vigilance dans le renouvellement de l’effectif. Notre pays n’est pas une grande nation de football, mais nous avions eu une période où de bons joueurs foisonnaient dans notre championnat. Mais ces jeunes footballeurs pétris de talent vont toujours chercher ailleurs lorsqu’ils confirment. La majeure partie de ceux-là que nous retrouvons dans le championnat en très bonne forme, et qui peuvent bien avoir leur place au sein des Etalons, lorsqu’ils jouent un match sont très vite transférés en Europe. C’est en ce moment que leurs problèmes commencent. Les dirigeants oublient qu’un bon joueur burkinabè qui joue régulièrement dans le championnat domestique est beaucoup plus en forme que le burkinabè qui se retrouve sur le banc de touche en Europe. Les performances de ce dernier vont naturellement diminuer parce qu’il manque de compétition.
Nous avons constaté que nos nombreux jeunes Etalons, qui ont eu l’occasion d’aller monnayer leur talent à l’extérieur, sont restés sur le banc de touche. Le public burkinabè, passionné de foot, n’a pas idée que les joueurs scotchés sur les bancs de touche en Europe ont perdu de leurs qualités. Les Etalons étaient pris comme exemples dans la sous-région, et pour certains pays il fallait faire comme le Burkina Faso. Il fallait organiser leur football comme le Burkina. Mais nous, nous nous sommes endormis sur nos lauriers. Pendant que nous étions en forme, c’est en ce moment qu’il fallait travailler plus. Seulement, nous nous sommes contentés d’être en forme, de gagner nos matchs et en oubliant que les autres travaillent pour nous rattraper. Ils nous ont rattrapés et même dépassés.
En football, tout part d’abord de l’organisation sur le plan national et aussi de notre participation de façon individuelle pour le développement de notre sport roi. Car, il ne suffit pas d’aller regarder les matchs du championnat et de déclarer qu’il faut sélectionner tel ou tel joueur. Il faut que tous contribuent à l’amélioration de ces joueurs afin qu’ils soient beaucoup plus performants pour notre équipe nationale.

Cependant au tirage au sort des groupes des éliminatoires, d’aucuns croyaient que le Burkina était le favori de son groupe. Est-ce qu’il n’y a pas eu de la suffisance quelque part ?

Suffisance pour ceux-là qui ont considéré le groupe favorable pour les Etalons. De notre côté, nous avons su que la poule était très difficile. Le football n’est pas mathématique, il avance très vite, et ceux qui apprennent vite prennent la place de ceux qui stagnent. C’est ce qui s’est passé. Dans notre groupe, les gens ont négligé la Mauritanie et le Botswana. Les gens ne voyaient que l’Angola qui pouvait créer des problèmes aux Etalons. Nous avons perdu de vue du fait que ces deux pays ont travaillé au niveau des petites catégories pour atteindre leur niveau actuel. Au Burkina Faso, nous avons péché dans le développement des petites catégories ces trois et quatre dernières années. Ces insuffisances nous ont porté préjudice. Pour ma part, notre groupe était très relevé. La preuve, les Etalons ne se sont pas qualifiés malgré 10 points au compteur. Cependant, il y a des groupes où le 2e voire même le 1er n’a pas eu 10 points (K, Guinée Bissau 1er avec 9pts, L, Tanzanie 2e avec 8pts, NDLR). Donc le groupe I des Etalons était relevé.

Comment voyez-vous l’avenir des Etalons, les grands chantiers en vue pour la relance ?

L’avenir des Etalons est radieux. Il ne faut pas être défaitiste. Nous avons toujours une bonne pépinière. Même si nous avons fait 3 matches avec autant de défaites à Maradi, au Niger lors de la CAN U 20, ces juniors pourront nous montrer un meilleur visage. Aussi, dans l’anti-chambre des Etalons, nous avons l’équipe olympique qui n’est pas très bien connue du public burkinabè mais qui possède des joueurs de grand talent. Nous sommes déjà à pied d’œuvre pour la reconstruction. Dès la fin mai, nous allons entamer une série de matches amicaux, avec ces différentes catégories. Les séniors iront en Espagne le 9 juin prochain pour jouer contre la RD Congo. Le public burkinabè verra que cette équipe sénior sera rajeunie pour ne pas perdre la face.
Aux côtés des séniors, nous avons l’équipe olympique. Elle va livrer deux matches amicaux, le 6 juin et le 9 juin en Ouzbékistan. Il s’agit toutes des invitations que le Burkina Faso compte honorer. Ce qui veut dire que la valeur des Etalons est toujours reconnue.
En ce qui concerne les U17, nous allons les amener encore au tournoi de Reze en France, tout comme l’année derrière. Le tournoi de Reze se disputera du 7 au 9 juin et va nous permettre de regrouper les jeunes afin de leur donner de la compétition. Ce tournoi nous permettra de voir clair, de voir venir une équipe des Etalons encore plus performante et compétitive. Nous n’oublions pas les Etalons locaux qui iront au Maroc pour un match amical. Ce n’est pas parce que les autres jouent la CAN, que nous devons croiser les bras et attendre. Nous devons travailler de sorte qu’au sortir de la CAN, notre équipe soit prête pour continuer avec celles qui sont en jambe.

Y a-t-il espoir de qualification des Etalons pour la CAN 2021 ?

Il y a espoir. C’est pourquoi nous commençons la préparation dès maintenant. Si nous ne nous préparons pas dès les mois de mai et juin, nous ne pourrons pas avoir un groupe qui va disputer les phases éliminatoires de la CAN 2021. C’est clair, nos Etalons n’iront pas à la CAN 2019. Mais nous allons mettre tous les moyens de notre côté pour que ces jeunes-là puissent aller à la CAN 2021.

ITW réalisée par Barthélemy KABORE

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