L’homme à tout faire de Salitas, Boureima Maïga, directeur sportif de la formation, a été au départ de la création du club avec le fondateur, Yacouba Ouédraogo. Dans l’entretien qui suit, il revient sur l’élimination prématurée du club, la question des joueurs transférés à l’international, etc.

Comment expliquez-vous cette élimination prématurée de Salitas en coupe de la Confédération?
Je ne m’attendais pas à cette élimination. Je pense qu’avec les changements opérés au sein de l’équipe, les automatismes n’ont pas vite pris. Si vous vous rappelez, la saison dernière, nous avions joué douze à treize journées de championnat avant notre entrée en compétition de la coupe CAF. Cette année, nous n’avions eu que deux ou trois journées de matches de championnat dans les jambes. Nous avons essayé d’étoffer l’effectif en qualité et en quantité mais cela n’a pas suffi. Cette élimination surprenante est dommageable pour le club et pour le Burkina Faso. Nous devons tirer des leçons de ce qui est arrivé à Salitas. J’ai engagé un entraîneur professionnel et nous attendons les résultats à la fin de l’année. Mon souhait est que la saison se passe bien. J’ai recruté les meilleurs joueurs du Burkina Faso. Le reste appartient aux entraîneurs qui doivent faire leur travail pour qu’on ait le titre.

Ne pensez-vous pas aussi que les joueurs se sont vus déjà grands ?
C’est possible. Mais, il faut reconnaître que les différents regroupements de l’équipe nationale et le championnat nous ont beaucoup perturbés. Par exemple, avant d’aller à Cotonou pour affronter l’ESAE, certains de nos joueurs étaient en regroupement avec l’équipe nationale. C’est de ce regroupement qu’ils nous ont rejoint pour le match aller sanctionné par un résultat nul et vierge. A l’issue de ce match, ils ont à nouveau rejoint l’équipe des locaux au Ghana pour le match aller des éliminatoires du CHAN. Ils sont revenus du Ghana en car. Avec la fatigue, nous avons dû laisser certains au repos. Cette situation nous a déséquilibrés d’abord face à l’EFO, en milieu de semaine, où nous avons été battus.

Beaucoup disent que vous vous ingérez dans le travail du coach. Est-ce vrai ?
Je suis le directeur sportif de l’équipe. Et normalement, un bon directeur sportif doit toujours collaborer avec l’entraîneur sur son entraînement. Mais, je ne me mêle pas dans le choix des hommes, c’est-à-dire ses classements. Le dernier mot lui revient toujours. Nous n’avons pas mieux que ceux qui ont joué. Si vous prenez par exemple Abass Traoré, Hermann Nikièma, Ismaël Zagré, Issouf Sosso, ce sont les quatre joueurs qui ont joué avec l’équipe nationale au Ghana. Au milieu de terrain, en l’absence d’Illiassou Sanou, l’entraîneur a fait confiance à Ibrahim Barry qui était la seule option. Ridouane Maïga et Jean Noël Lingani n’étaient pas qualifiés pour la coupe de la Confédération. Sur le plan offensif, Youssouf Barro et Khalifa Nikièma ont été alignés. En attaque, il y avait Michel Batièbo, Illiasse Dianda et Aboubacar Sidiki Traoré. Il n’y avait pas meilleurs que ceux-là, contrairement à ce que les gens disent. Nous avons recruté un entraîneur qualifié et ça n’a pas marché. Je ne lui reproche rien parce qu’on n’a pas eu la chance de marquer contre l’équipe béninoise. Sinon, je peux vous dire que les enfants ont bien joué. Ils se sont créés énormément d’occasions même si à la fin on a perdu. Salitas pour sa 2e année a joué quatorze matchs en campagne africaine. Il n’y a pas beaucoup de clubs burkinabè qui l’ont fait.

Il paraitrait que vous aviez même dirigé le dernier entraînement avant le match décisif pour le titre de la saison passée face à l’USFA ?
Je n’ai jamais dirigé une séance d’entraînement. Ce jour-là, j’étais sur le terrain. Après mon sport, je suis rentré sur le terrain avec eux. Ladji Coulibaly avec son âge n’a jamais dirigé un entraînement. C’est Ambass Ouédraogo qui le fait. Ce jour, Ambass ne se sentait pas bien. Il était au bord du terrain. Je l’ai aidé comme d’habitude dans sa séance. Dans toutes nos rencontres de campagne africaine, j’ai toujours aidé Ambass à faire quelques corrections. Mais de là à dire que je suis monté pour diriger l’entraînement, c’est faux. D’ailleurs, l’année passée, nous avons fait une très bonne saison. Nous sommes parvenus en phase de groupes de la campagne africaine pour la première fois dans l’histoire du Burkina Faso. Nous avons été deuxièmes du championnat. C’est ce que les gens doivent retenir. Nous avons disputé douze matchs de campagne africaine. Nous n’avons perdu seulement que trois. Face aux grands, nous n’avons pas perdu le moindre match. Pour revenir au match face à l’USFA de la saison dernière, j’allais même dire que ce n’est pas le match en question qui nous a fait perdre le titre. Nous avons perdu le championnat à trois ou quatre journées de la fin. Il y avait trop de blessés et de la fatigue. C’était écrit que Salitas n’allait pas être champion. Il faut maintenant jouer pour aller chercher le titre avec tous ces éléments que nous avons.

Salitas n’est-il pas en train de dévier de son projet qui est la formation ?
Pas du tout. Notre projet n’a pas changé. Le projet se poursuit car, nous sommes toujours dans la formation. On est la seule équipe qui vend énormément de joueurs au Burkina Faso. Et si vous vendez, il faut bien les remplacer pour essayer de maintenir le cap.

Pourquoi avoir laissé partir un élément aussi important comme Elisée To ?
C’est moi qui l’ai libéré parce que je ne le sentais pas aller chercher le titre malgré son expérience. J’ai préféré prendre les joueurs comme Iliassou Sanou, Ridouane Maïga et Jean Noël Lingani qui sont actuellement en équipe nationale. Cette année, j’ai fait partir sept à huit joueurs. Ils ont tous eu leur chance et ils l’ont saisie. Abass Oula Traoré, Illiass Sawadago, Cédric Badolo, Ali Vital Ouédraogo sont tous partis. Les meilleurs partent toujours parce que Salitas est beaucoup sollicité.

Depuis sa création il y a 5 ans, combien de joueurs aviez-vous pu transférer ?
Ce qui s’est passé est historique. J’ai commencé avec Hassan Bandé. Après lui, ce sont Edmond Tapsoba, Trova Boni, Abou Ouattara, Fabrice Sangaré, Dié Jean Marco, Cyrille Kpan, Mohamed Sylla qui ont suivi. Gourane, Salou Dramane, Boris ont été également vendus. J’ai vendu énormément de joueurs à l’international. Il n’y a aucun club créé depuis 2015 qui a pu égaler ce que j’ai fait. Je suis actuellement en négociation pour Nathanio Kompaoré qui va partir bientôt. J’allais oublier Vital Ali Ouédraogo et Cédric Badolo. Ce sont entre autres joueurs que Salitas a vendus depuis sa création.

Hassan Bandé, transféré à l’Ajax il y a 2 ans est toujours indisponible pour raison de blessure. N’avez-vous pas peur pour son contrat et sa carrière ?
Je n’ai pas peur pour Hassan Bandé. C’est un garçon qui est fort dans la tête. Peut-être que l’Ajax qui l’a payé très cher va à un moment donné le prêter pour qu’il retrouve son meilleur niveau. Mais, j’ai confiance en Bandé. Il va revenir très fort, parce que c’est un garçon très courageux.

A part Edmond Tapsoba, rares de joueurs que Salitas a vendus brillent. Comment expliquez-vous cela ?
Je vous dirai que c’est le contraire. Tous mes joueurs brillent. Tous les joueurs pris avec leur âge jouent tous les matchs. Par exemple en Ukraine en D1, Dramane Salou est titulaire indiscutable dans son équipe. Abou Ouattara fait des merveilles à Lille. Il est parmi les vingt-deux joueurs lillois retenus pour la Ligue des champions. Nous avons trois joueurs de Salitas qui jouent soit la Champions league, soit l’Europa league. Il s’agit d’Abou Ouattara, d’Hassan Bandé et d’Edmond Tapsoba. Je suis très satisfait de leur comportement depuis le début de la saison.

Entretien réalisé par Yves OUEDRAOGO

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