Les lutteurs burkinabè ont ramené de Kinshasa une médaille d’argent et 5 de bronze.

Le Burkina Faso a pris part aux IXes Jeux de la francophonie qui se sont déroulés du 28 juillet au 6 août 2023 à Kinshasa, dans huit des neuf disciplines sportives prévues à ces jeux. Si la moisson de médailles a été satisfaisante pour certaines disciplines, d’autres en revanche, sont retournées bredouille au bercail. Décryptage.

L’objectif du Burkina Faso aux IXes Jeux de la francophonie à Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC) a été clairement défini à l’avance : faire mieux que les 9 médailles (3 en or, 4 d’argent et 2 de bronze) et une 10e place au tableau des médailles lors des derniers jeux d’Abidjan, en Côte d’Ivoire en 2017.

Le football, l’athlétisme, le para-athlétisme, le judo, le cyclisme, la lutte libre, la lutte africaine, le tennis de table sont les disciplines sportives dans lesquelles les athlètes burkinabè se sont engagés à Kinshasa, auxquelles il faut ajouter les compétitions en culture. Au terme de dix jours de compétition, le Burkina Faso s’en tire avec 19 médailles, 14 en sport et 5 en culture. Un bilan globalement satisfaisant, surtout en sport, même s’il y a eu des déceptions.

L’athlétisme, la locomotive

La satisfaction, sans surprise, est venue de l’athlétisme où le Burkina Faso s’en tire avec 4 médailles d’or, 1 en argent et 2 de bronze, soit un total de 7 médailles. Hugues Fabrice Zango et Marthe Koala, en pleine préparation des championnats du monde d’athlétisme qui débutent le 19 août prochain à Budapest en Hongrie, ont effectué un détour par Kinshasa pour offrir deux médailles d’or au Burkina Faso, respectivement au triple saut et au saut en longueur.

Mieux, les deux athlètes burkinabè ont battu chacun le record des jeux dans leurs épreuves. Déjà détenteur du record du triple saut (16,92m) lors des jeux d’Abidjan en 2017, Hugues Fabrice Zango a encore placé la barre un peu plus haut avec un bond à 17,11m. Quant à Marthe Koala, elle a détrôné la Polonaise Anna Jagaciak (6,68m établit lors des jeux de Nice en 2013) avec un bond à 6,94m. « J’espérais sauter 6, 60 ou 6,65m. Je me suis surprise au premier essai », a-t-elle précisé.

Cependant, la native de Bobo-Dioulasso aurait pu augmenter le nombre de médailles d’or et le classement du pays si elle n’avait pas été disqualifiée, pour un faux départ, lors de la finale du 100 m haies. Hélas, c’est cela la haute compétition, dira son sélectionneur national, Missiri Sawadogo. L’autre satisfaction et même la sensation de ces jeux a été le double médaillée d’or, Rahinatou Moné en para athlétisme sur 100 m T13 et au saut en longueur. Aussi, Sita Sibiri a su tirer son épingle du jeu en remportant une médaille d’argent sur 400 m plat et une de bronze au 400 m haies féminin.

Une bonne performance pour la jeune burkinabè de 19 ans qu’a appréciée le directeur technique national. « Je suis satisfait des performances de Sita Sibiri parce qu’elle est à sa première année de haute compétition, surtout dans une épreuve purement technique comme les haies. En plus, elle était face à des filles qui sont sur les pistes depuis plus de 10 ans », a souligné Missiri Sawadogo.

En outre, il s’est félicité des performances réalisées par l’athlète burkinabè avec son chrono de 58’04 en finale du 400 m haies, alors que son meilleur temps avant les jeux était de 58’28. Pour le DTN, le Burkina Faso tient avec elle, une relève sûre dans quelques années. « C’est une fille qu’il faut encourager. Ce sont des talents comme elle qu’il faut maintenir afin que d’ici quelques années, lorsque les Fabrice Zango et Marthe Koala vont se retirer, elle puisse automatiquement les remplacer », a souhaité Missiri Sawadogo, citant aussi de jeunes pousses comme Madina Touré (100 m, 100 m haies) et Yacouba Loué au triple saut.

Les footballeurs, éreintés, ratent de peu l’or

Hugues Fabrice Zango a en ligne
de mire les mondiaux d’athlétisme
au triple saut.

Bienvenu Sawadogo qui a fermé la marche du podium sur 400 haies, a pu in-extrémis sauver ses jeux. Cependant, le staff technique a jugé sa médaille, « bonne à prendre », parce que le sportif sort d’une blessure qu’il a contractée en juin passé. « Sa blessure était grave et il n’était pas totalement apte physiquement. C’est d’ailleurs pour cela qu’il ne s’est pas aligné au 400m plat où il était au départ engagé », a-t-il relevé.

Dans l’ensemble, le DTN juge le bilan en athlétisme du Burkina Faso satisfaisant, même si elle s’attendait à deux médailles de plus. Qu’à cela ne tienne, Missiri Sawadogo a indiqué qu’eux techniciens, ont une autre lecture des compétitions en athlétisme. « Ce sont les performances qui nous intéressent. Et elles ont été très évolutives à Kinshasa. En dehors de Fabrice Zango qui venait juste pour nous donner la médaille d’or, les autres hormis Bienvenu Sawadogo qui est malade, ont obtenu leur médaille avec leur meilleure performance », a expliqué Missiri Sawadogo.

Les Etalons U20 ont été également performants dans leur discipline. Après s’être défaits des Sénégalais et des Diables rouges du Congo en demi-finale, les poulains du sélectionneur Brama Traoré dit « chercheur » ont éliminé d’accrocheurs Guépards du Bénin aux tirs au but pour se hisser en finale. Ils ne réussissent pas leur quête de médaille d’or en finale face aux Lionceaux indomptables du Cameroun.

Techniques, puissants et très créateurs, les jeunes camerounais ont été supérieurs et ont mérité leur médaille d’or devant plus de 80 mille spectateurs au stade des Martyrs de Kinshasa. Les Etalons ont sans doute payé physiquement le nombre de matchs qu’ils ont disputés ces dernières semaines. Avant de rallier la  capitale de la République démocratique du Congo, le capitaine Tertius Bagré et ses coéquipiers ont joué, à Abidjan du 7 au 20 juillet, la coupe de l’UFOA B U20 où ils ont atteint la finale (défaits par le pays hôte). Ils ont rallié Kinshasa dans la foulée et y ont disputé 4 matchs en une semaine.

Pour le coach Brama Traoré, ses joueurs ont pioché dans leurs dernières ressources en finale, pour accrocher l’or. Mais en vain. Après les footballeurs, que dire des performances des lutteurs burkinabè à ces IXes Jeux de la francophonie ? Les Etalons lutteurs ont dû serrer et bander les muscles pour ramener quelques lauriers au pays. Et ce fut le cas tant en lutte libre qu’en lutte africaine, épreuves où ils ont tant bien que mal réussi à remporter 1 médaille d’argent et 6 de bronze.

Résilience en lutte libre, déceptions en cyclisme et tennis

Après sa disqualification au 100m haies, Marthe Koala s’est rachetée avec une médaille d’or et un record des jeux en saut en longueur.

En lutte libre ou olympique, les Burkinabè ont subi le diktat des Français, des Roumains et des Camerounais. Les deux médailles de bronze obtenues de haute lutte grâce à Salmantou Coulibaly (56 kg) et Abou Noufou Zoromé chez les 86 kg relèvent du miracle. La lutte libre n’est pas en réalité le dada des lutteurs burkinabè. « La lutte olympique n’est pas beaucoup développée au Burkina Faso. La plupart des lutteurs, surtout ceux de la lutte olympique, sont à leur première sortie », a justifié le Directeur technique national, Pierre Badiel. Généralement plus à l’aise en lutte africaine, les Burkinabè se sont juste contentés presque des dernières places du podium à cause de la forte adversité des Sénégalais, des Nigériens et des Tchadiens. Les garçons de Pierre Badiel ont juste récolté 1 médaille d’argent avec Iyassa Bado en 66 kg et 3 médailles de bronze grâce à Josiane Nabi (58kg), Koni Diallo (76kg) et en lutte par équipe. « Le bilan est positif parce que la lutte cumule à ces jeux cinq médailles de bronze et une d’argent. En lutte africaine, nous avons partagé les podiums avec le Sénégal et le Niger. Les enfants se sont battus comme des VDP pour arracher de haute lutte ces médailles pour le Burkina Faso », s’est félicité Pierre Badiel. Selon lui, l’objectif à l’avenir est de travailler à « bousculer la hiérarchie » en allant chercher les Sénégalais et les Nigériens. Ce sont ces ambitions que doivent avoir des disciplines telles que le judo, le tennis de table et le cyclisme. Les judokas n’ont obtenu qu’une seule médaille de bronze avec Axel Khaleg Konaté chez les -81 kg. Le tennis de table et le cyclisme reviennent bredouille de Kinshasa. Le capitaine des cyclistes et ses équipiers ont échoué au pied du podium à cause de coriaces rouleurs marocains et roumains, surtout à une tactique de course douteuse. Le leader Paul Daumont n’a pas pu prendre la bonne échappée et ses jeunes équipiers n’ont pas eu l’expérience et les ressources nécessaires pour aider leur capitaine à annuler l’échappée. Daumont s’est même retrouvé entre- temps seul, à la chasse, avec deux autres Marocains et un Roumain dans sa roue. Ces disciplines peuvent être considérées comme des déceptions, car elles auraient pu améliorer le classement général du Burkina Faso à ces jeux. Le pays des Hommes intègres s’est classé en 5e position (sport et culture compris) au tableau des médailles sur 34 pays ayant pris part à ces IXes Jeux de la francophonie. Des efforts doivent être fournis, non seulement au niveau des staffs techniques et également des athlètes pour de meilleurs résultats dans les jeux et compétitions à venir.

Sié Simplice HIEN,

de retour de Kinshasa

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