Le Burkina Faso a pris part aux 50es mondiaux de pétanque au Bénin. Le pays des Hommes intègres a obtenu une médaille de bronze dans la catégorie triplette. Dans cet entretien avec Macaire Kaboré, président de la Fédération burkinabè de pétanque, revient sur les forces et les faiblesses de l’équipe burkinabè.

Que pouvez-vous retenir des derniers championnats du monde au Bénin ?

Tout d’abord, je remercie Sidwaya qui nous donne l’occasion une fois de plus de parler de la pétanque burkinabè. Cette édition a vu une participation massive des pays tant au niveau africain qu’ européen. Cette 50e édition a battu le record en termes de participation sur le continent africain. La pétanque a été représentée sur toutes ses formes. Il y a eu les catégories dames, mixte, tête à tête, doublette et triplette.

Comment s’est faite la sélection des Etalons ?

La sélection qui est allée représenter le Burkina Faso à Cotonou a été retenue à la suite d’une présélection qui a retenu d’abord 20 joueurs sur le plan national. A l’issue des tests soumis à ces derniers, l’encadrement a retenu ensuite 13 joueurs, pour en garder 6 joueurs plus deux du genre féminin.

Les boulistes du Burkina ont-ils bénéficié d’une préparation avant d’aller à la Coupe du monde ?

Les joueurs retenus après la sélection ont reçu une préparation. Cependant, cette préparation n’a pas été parfaite comme nous l’aurions souhaité. En fait, nous n’avons pas eu l’accompagnement pour cette compétition. Et pourtant, nous avions élaboré un budget initial avec les responsables de la tutelle pour permettre aux joueurs d’avoir une bonne préparation pour ces championnats du monde. Il y a eu d’abord une préparation au Maroc qui n’a pas pu avoir lieu. Ensuite, nous avons refait un autre devis pour une préparation au Togo qui n’a pas reçu d’écho favorable. Finalement, c’est à deux semaines de la compétition que nous avons pu effectuer un regroupement au COMET (Centre omnisports des Etalons). Une mise au vert d’une semaine avec les 8 joueurs.

Quelles ont été les forces de l’équipe ?

La force de nos Etalons dans cette compétition a été la valeur intrinsèque des joueurs. En fait depuis 2016, nous rayonnons sur la pétanque africaine. Il n’y a pas ce pays en Afrique que le Burkina Faso n’a pas battu au niveau de la triplette, même les meilleurs d’antan que sont les Marocains, les Malgaches, les Tunisiens.

Qu’est-ce qui a manqué aux équipes burkinabè pour aller chercher un titre ?

Ce qui a manqué au Burkina dans cette compétition peut se situer à plusieurs niveaux. Premièrement, il y a le manque de préparation. Si nous avions respecté le calendrier de préparation élaboré, nous aurions pu engranger au minimum 4 médailles. En effet, dans la catégorie tête à tête, nous aurions pu gagner une médaille. Lors des entrainements que nous avons effectués, notre tireur était entre 50 et 59. Dans les normes quand un joueur arrive à être dans cette fourchette, lors des entrainements, il n’y a pas de raison qu’il ne décroche pas une médaille d’argent ou d’or. Ensuite, le volet discipline dans un jeu que notre équipe a manqué. Nous avons pu remarquer que l’entraineur et les joueurs étaient en déphasage. Une chose qui ne permet pas de se transcender. A mon sens, l’entraineur est le premier responsable de la victoire ou de l’échec d’une équipe. Quand il y a un manque de communication entre l’entraineur et les joueurs, il y a un problème. Nous avons perdu en quart de finale doublette contre le Bénin alors que nous menions 9 à 0 ensuite par 12-2. C’est-à-dire à 1 point de la victoire. Nous avons perdu lamentablement la partie par la mauvaise lecture des joueurs. Nous avons perdu face aux Français au préalable en match de poules de la même manière. Face aux Thaïlandais, champions du monde, ça a été la même chose en 8e de finale. En demi-finale contre l’Espagne, nous avons mené également par 8-2. Ces situations sont la conséquence de l’incompréhension entre les joueurs et l’entraineur. Pour des joueurs aguerris, habitués à ce niveau de compétition depuis 2016, perdre de cette manière ne s’explique pas. Nous allons tirer les enseignements qui siéent pour la prochaine fois. Normalement quand vous arrivez à dominer une équipe, vous devrez pratiquer un jeu tactique et non offensif. Vous menez et l’adversaire est sous pression. Vous devez pratiquer un jeu défensif pour continuer à maintenir l’avance. Nous allons revoir cette copie pour les compétitions à venir.

Quelle a été la meilleure performance du Burkina Faso dans une Coupe du monde ?

Le Burkina Faso participe aux championnats du monde de pétanque pour la troisième fois. La première participation était en 2008. Nous avons eu une médaille de bronze en tir de précision à cette compétition. Nous avons également pris part au Mondial à Madagascar en 2016. A cette édition, nous n’avons malheureusement pas pu gagner une médaille. Cependant, nous nous sommes classés 15e sur 48 pays participants. La meilleure participation reste celle de 2023 à Cotonou. Nous avons réussi à montrer aux yeux de tout le monde qu’en matière de pétanque en Afrique, il faut compter sur le Burkina Faso.

Quelles sont les activités qui meublent la saison de la pétanque ?

Il y a d’abord la compétition majeure qui est le championnat national. Hormis cette compétition, avec notre fidèle partenaire la SODIBO depuis 12 ans, nous organisons chaque année, la coupe Flag. Seulement cette année, nous n’avons pas pu la jouer du fait du contexte sécuritaire et économique difficile que traverse le pays. Nous avons également la mairie de Ouagadougou qui nous accompagne avec la coupe Grand Ouaga, bien dotée. Il y a le Centre de développement de la jeunesse et des sports de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CDJS/CEDEAO) à travers la coupe CEDEAO qui nous accompagne il y a plus de 10 ans de même que la coupe de la Ligue du Centre. Ce sont là les compétitions phares de la fédération. Il y a également des promoteurs qui nous accompagnent avec des compétitions régulières. Par exemple la coupe Nebnooma-14 et la coupe Boyaba qui sont non négligeables.

Comment trouvez-vous le niveau des boulistes burkinabè au sortir de ce mondial?

Le niveau des boulistes burkinabè est acceptable. Nous sommes parmi les rares pays à pouvoir aligner trois équipes nationales compétitives. Sur le plan national, l’engouement autour de nos compétitions ne cesse de grandir. Le dernier championnat tenu à Ziniaré en est un exemple. Nous avons enregistré la participation de plus de 200 clubs.

Quels sont défis de la fédération ?

Notre souci majeur, c’est d’avoir un boulodrome. Cela fait 10 ans que nous trainons ce boulet. Le terrain est un acquis, mais dès que nous avons un espoir de financement, il ne va pas jusqu’au bout. L’acquisition de ce boulodrome nous fera gagner sans doute bien de titres au niveau continental et mondial.

Interview réalisée par Pengdwendé Achille OUEDRAOGO

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