Le ministre des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi, Boubacar Savadogo, a permis aux hommes de médias d’éclairer leur lanterne sur des questions d’actualité lors de sa présence à la clôture de la formation des journalistes de l’AJSB, le 1er mars dernier. A l’occasion, le ministre a abordé, entre autres sujets, le stade du 4-Août, la crise à la FBF, la venue de Roberto Carlos à Ouagadougou.

Pourquoi la normalisation du stade du 4-Août prend autant de temps ? A quand la fin des travaux ?

Quand l’inspecteur de la CAF est venu, il nous a fait des remarques préliminaires sur les travaux qui n’étaient pas conformes. En effet, lorsqu’on met un stade en réhabilitation ou en normalisation, il y a des étapes à respecter. Malheureusement, le Burkina Faso n’a pas respecté ces étapes.

Dès mon arrivée à la tête du département, certains ont connu mon visage au stade du 4-Août. J’ai dit qu’il fallait rapidement que nous ayons, à travers la Fédération burkinabè de football, un contact avec la CAF pour le suivi des travaux. Nous avons installé avec les différents acteurs le comité de suivi. Une fois que nous avons pris connaissance de l’ensemble du dossier, nous avons écrit à la FBF au mois de mars 2023 pour qu’elle fasse venir la CAF.

Mais c’est finalement au mois d’août qu’elle a pu effectuer le déplacement. L’inspecteur qui est venu a montré  quatre éléments importants dans les grands travaux qu’il fallait changer. Ce sont : le positionnement des vestiaires, de la tribune de presse, l’entrée des VVIP et les bureaux des officiels de la CAF qui ne devraient pas être avec les bureaux des travailleurs pour éviter les contacts. Il fallait donc reprendre les plans. Pour ne pas répéter les mêmes erreurs, nous avons demandé au ministère de l’Habitat de s’associer au cabinet d’étude pour qu’on puisse sortir des plans réglementaires. Nous nous sommes rapprochés de la CAF pour savoir les délais qu’il leur faut pour revenir. Nous avons compris que tout n’est pas que des courriers et des correspondances.

Il y a des circuits très simples qu’il faut suivre. La Côte d’Ivoire, pour accueillir la CAN, a dû normaliser ses stades. La faitière continentale du football avait mis à leur disponibilité un consultant qui conseillait les entreprises. C’est pour cela que nous avons mis à profit notre séjour à  la CAN pour avoir des rencontres les 8 et  9 février à Abidjan avec le consultant que la CAF avait mis à la disposition de la Côte d’Ivoire pour normaliser ses stades. Nous lui avons montré nos plans.

Il nous a montré les différents points qu’il faut corriger. Nous l’avons invité à venir faire le constat du 4-Août et voir l’ensemble du projet. Il a pu venir regarder le matériel qui est déjà livré. Il y a des modifications qui ont été décidées sur place et des plans à remanier.Un autre expert français devrait venir pour la pelouse. Malheureusement, à deux jours de son arrivée, la diplomatie française lui a déconseillé de venir au Burkina Faso. Nous sommes sur la piste d’une autre personne.

Avec les échanges que nous avons déjà eus, nous avons beaucoup progressé et les entreprises ont revu leurs insuffisances et la façon de travailler. Tout le monde a compris que si nous n’avions pas eu cette étape, peut-être qu’en 2030 nous serons toujours là à attendre. Je vous le dis aujourd’hui, il faut au plus tard mi-juillet pour que tout le monde ait terminé. Les entreprises ont même pris les contacts des différents fournisseurs pour s’assurer que les équipements allaient être livrés. Il y a déjà certains qui sont là. Ils sont en train de dresser un calendrier pour respecter le délai. Le mois d’août, nous voulons y jouer un match à l’occasion du 40e anniversaire de sa construction.

Ce qu’il faut savoir, c’est que le marché du stade du 4-Août n’était pas attribué pour la normalisation. Il avait été donné pour la réhabilitation. C’est après que la question de la normalisation est apparue. Malheureusement, personne n’a pris le temps de savoir si les cahiers des charges étaient conformes à la normalisation. L’Etat étant une continuité, je l’assume. Le défaut est venu de la partie qui a contracté le marché. Nous n’avons pas été conséquents. Et c’est cela que nous sommes en train de rattraper.

La rencontre avec les experts de la CAF les 8 et  9 février en Côte d’Ivoire devrait être la première chose à faire avant même de monter le dossier d’appel d’offres et le cahier des charges pour recruter les entreprises. Tout ce que les entreprises ont effectué sur le 4-Août se trouve dans le cahier des charges. Il n’est marqué nulle part qu’il fallait des vestiaires sous la tribune VVIP. Il n’est marqué nulle part que la zone de passage pour la presse devrait être fermée. Nous avons commis un péché originel. Un autre point essentiel est que le marché ne prenait pas en compte tout ce qui doit être fait à l’extérieur du stade pour la normalisation. C’est-à-dire les travaux de voirie et de bitumage ne font pas partie du marché. Pourtant, il faut le faire dans le cadre de la normalisation.

 

Le championnat est encore à l’arrêt avec la grève de certains clubs.  Ils disent que le ministère des Sports a reversé les 84 millions  F CFA à la FBF qui ne veut pas les leur donner. Qu’en est-il exactement ?

Je confirme que les 84 millions F CFA ont été reversés à la FBF pour l’organisation de compétitions de petites catégories. Lorsqu’il y a eu la première crise, j’avais effectué des sorties anodines pour permettre aux gens d’aller discuter. Mais certains croyaient que j’avais pris position pour une partie. Je pense que la fédération doit prendre ses responsabilités et discuter avec tous les clubs et leur dire exactement ce qu’il en est de tout ce qui est dit. La fédération n’a pas besoin de venir voir le ministère.

Il y a une convention et les documents sont signés, certifiés. Qu’elle les sorte et les partage avec les gens.   Je signe une convention avec la fédération où les clubs sont bénéficiaires. Les clubs interprètent la convention et si la fédération est conséquente, qu’elle leur explique. Le ministère sait qu’il est en norme. La convention est marquée d’un sceau de confidentialité, mais elle stipule clairement que l’argent est versé à la fédération pour les clubs et il y a une partie qui est réservée pour les compétitions de petites catégories. Dans la convention, il y a un comité de pilotage qui est chargé du suivi de la mise en œuvre.

Le gouvernement, malgré sa bonne volonté pour que les choses marchent, donnant plein de subventions au monde du football, se rend compte qu’il y a toujours des problèmes. Il faut que nous voyions comment nous retirer petit à petit et les laisser gérer. Nous réfléchissons pour voir si nous devons poursuivre  la subvention pour les clubs. Et si nous devons continuer, quels sont les critères qu’il faut. Les clubs actuellement ont une subvention sans aucun mérite. Peut-être que la subvention doit venir en fin de saison selon le classement. Tout comme aux compétitions de la CAF, c’est en fonction de tes performances qu’elle  te donne la subvention.

Les Etalons pourront-ils jouer à côté en Côte d’Ivoire ou au Mali, au lieu du Maroc ?

J’ai entendu beaucoup de choses sur les matchs que nous jouons à l’étranger. Je vais profiter pour faire quelques éclaircissements. Le coût de location des stades au Maroc tourne entre 10 mille euros (6,5 millions F CFA) ou 15 mille euros (9,8 millions F CFA) selon que l’équipe séjourne 7 ou 10 jours. Lorsque nous allons jouer dans ce pays, il y a bien sûr les billets d’avion de la délégation qui quittera le Burkina qu’il faut prendre en charge. Il y a aussi les billets d’avion des joueurs, mais qui coûtent moins cher si le match se joue au Maroc qu’au Burkina Faso.

Au niveau de l’hébergement, le coût de l’hôtel revient encore moins cher, le Maroc étant un pays touristique. Dire que chaque match coûte 350 millions F CFA quand nous jouons au Maroc, il faut voir quels sont les coûts qui sont pris en compte. Que vous ayez un stade ou pas, nous devons faire voyager nos joueurs pour qu’ils viennent au pays. Nous devons les loger. Quand ils sont à Ouagadougou, ils ne sont pas logés  en famille.

Depuis mon arrivée, j’ai émis le souhait que nous jouons à côté. La raison est que les Etalons auront des supporters et c’est très important. Je l’ai vu lorsque nous avons joué contre la Guinée-Bissau lors du premier match des éliminatoires du mondial. Le terrain était semblable à un cimetière. Nous avons dû mettre les moyens pour avoir de l’animation contre l’Ethiopie et les joueurs ont apprécié. Avec le ministère des Affaires étrangères et la Primature, nous nous sommes investis pour jouer en Côte d’Ivoire.

Lors de notre séjour en Côte d’Ivoire lors du tirage au sort de la CAN, j’avais intimé au président de la FBF de suspendre un de ses voyages et de rester pour discuter de la question avec son homologue de la FIF. Et moi j’ai échangé avec mon collègue ministre en charge des sports. Je rappelle qu’à ce moment, il n’y avait pas de gouvernement en Côte d’Ivoire. Lorsque nous sommes revenus à Ouagadougou, nous avons reçu une lettre de la Côte d’Ivoire qui nous proposait de jouer le 14 novembre. Et pourtant, nos derniers internationaux finissaient le 12 novembre leurs matchs avec leurs clubs. Donc ils devraient arriver le 13 novembre et jouer le 14.

Nous avons demandé à jouer le 17, or  la Côte d’Ivoire disputait aussi son match des éliminatoires de la Coupe du monde à cette date. Les Ivoiriens nous ont dit qu’ils n’étaient pas à mesure d’organiser deux matchs internationaux le même jour. A ce moment, leur gouvernement venait d’être nommé avec comme ministre en charge des sports, le Premier ministre. Je n’avais plus de contact direct avec mon homologue. C’est ainsi que j’ai pris  contact avec le ministère des Affaires étrangères pour qu’il voit comment est-ce que nous pouvons rediscuter de la question à une autre date.

Ce qu’il faut aussi savoir est qu’il faut rapidement confirmer à la FIFA nos dates. Nous avons reçu une autre lettre de la Côte d’Ivoire qui nous permettait de jouer le 16 novembre ou le 18. Nous avons choisi le 16 novembre. Mais entre le temps d’avoir la confirmation et le délai que nous disposions pour confirmer la date à la FIFA, le délai était trop court.

C’est pour cela que nous avons joué nos premières journées des éliminatoires du mondial au Maroc. Il y a des démarches actuellement pour jouer en Côte d’Ivoire. Lors de notre séjour à la CAN, nous avons échangé sur la question avec les autorités sportives du pays sur comment est-ce qu’on peut avoir un stade. Mais dans mon entendement, nous avons encore deux journées internationales (mars et juin) à disputer dehors, parce qu’on veut tout faire pour avoir notre stade du 4-Août au mois d’août pour  pouvoir y jouer en septembre prochain à domicile.

Qu’est-ce qui est fait pour avoir un sélectionneur le plus vite possible ?

Lorsqu’il y a eu la crise des salaires des entraineurs, j’avais demandé à voir tous les contrats des différents sélectionneurs. J’ai pu m’apercevoir qu’il y avait des arriérés de 2019, 2020, 2021 parce que des contrats se chevauchaient. Nous avons fait le point pour savoir ce qui doit être payé pour se mettre à jour. Et pour éviter qu’on soit toujours dans des chevauchements, j’ai instruit qu’on parte avec tout le monde dans les mêmes dates. Ainsi, quand le ministère va faire la demande de subvention pour payer les entraineurs, il payera tout le monde en même temps.

Alors, il ne sera pas obligé de reverser une partie de l’argent. Pour le prochain sélectionneur, ce n’est pas nous du ministère qui le choisissons, même si c’est nous qui payons. Nous avons donné des critères et demandé à ce que la FBF nous ramène les différentes propositions d’entraineurs avec leurs prétentions salariales et nous allons pouvoir décider. Le gouvernement veut avoir un œil sur ces contrats. Le choix technique est le ressort de la fédération. Nous assumons notre part. N’oublions pas que nous sommes en situation de guerre et qu’il faut prendre cela en compte. Nous avons suggéré également à la FBF d’écouter l’opinion publique qui veut un entraineur burkinabè qualifié.

Quelles ont été les opportunités de la venue de Roberto Carlos à Ouagadougou ?

Sa venue a fait des gorges chaudes. Et aussi des contrevérités lorsque cette ancienne gloire du Brésil et du Réal Madrid est venue à Ouagadougou. C’était tout simplement une visite privée et nous  avons voulu que d’autres puissent en profiter. Vous le savez tous, beaucoup de pays organisent des activités avec un ambassadeur de la FIFA et mettent des points d’orgue pour que ça aille au plus haut lieu. La raison est très simple. Lorsque j’ai un problème avec la FIFA, je dois passer par ma fédération qui, à son tour, va contacter des intermédiaires pour arriver à la FIFA. Mais avec un ambassadeur FIFA, mon problème va arriver à la minute près aux oreilles du président de la FIFA.

Nous avons intronisé Roberto Carlos comme ambassadeur du football du Burkina. Nous avons signé avec lui un accord de partenariat pour qu’il puisse aider nos entraineurs à séjourner et à apprendre dans de grands clubs. Dans ce protocole, nous avons souhaité que des acteurs du football puissent participer à de grands évènements pour apprendre et aider nos petites catégories avec des tests ou des séjours dans de grands clubs. Il nous a proposé de nous aider avec des investisseurs potentiels pour nous aider à moderniser nos infrastructures sportives. Par son biais, nous comptons signer une convention avec le Brésil pour y envoyer chaque année 50 jeunes dans des centres de formation de football du pays.

Pengdwendé Achille OUEDRAOGO

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