Tout est dans le Ditanyè !

Quand j’entends le Ditanyè retentir dans de grands rendez-vous comme la Coupe d’Afrique des nations, mon cœur bat fort, mon pouls s’accélère, une sorte de rage s’éveille en moi. Peu importe mes faiblesses, mes défauts et ou mes tares, je sens l’enjeu me titiller et l’envie de me battre me possède. J’ai l’impression que je n’ai qu’un seul choix : réussir, vaincre, sauver l’honneur.

Il suffit de lire le texte de notre hymne pour se rendre compte que le message est fort. Au-delà de la mélodie qui l’accompagne, le sens patriotique qu’il diffuse peut hanter les esprits, booster les énergies positives et ragaillardir même le plus jeune des Burkinabè. D’ailleurs, il n’y a pas de petit Burkinabè dans l’antre de l’intégrité ; rien n’est impossible quand le cœur bat au rythme du possible.

En regardant la mine grave des joueurs sacrifiant à la tradition de l’hymne, tout Burkinabè ressent et mesure l’ampleur du défi, la main sur le cœur. En vérité, on ne réussit pas toujours parce qu’on est bon ; on gagne souvent parce qu’on est engagé plus que « la meilleure des équipes ».

En voyant le drapeau géant du Burkina Faso flotter dans les tribunes ; ces supporters qui croient ensemble en la victoire, malgré les déboires de parcours, je ris, les larmes aux yeux et avec dépit, du Burkinabè qui ose insulter son équipe. J’ai mal du supporter qui baisse les bras et jette la pierre aux Etalons, alors que lui-même ne vaut pas un poulain dans son domaine. Justement, combien se donnent mieux que ces Etalons dans son service ?

Combien s’adonnent mieux à la tâche dans son propre atelier ou sur son propre chantier, mieux que l’Etalon qu’il critique sans concession ? Loin d’excuser les erreurs ou de céder à la complaisance, il s’agit ici de dire que la réciprocité de toute critique est l’autocritique. Mais bref, nous sommes dans le cercle de la passion, même la raison y perd la mention. Il suffit parfois d’être hors de l’arène pour penser que le gladiateur est nul sans ramener à soi la réalité du terrain.

Quand j’entends l’hymne national du Burkina Faso résonner par-dessus les toits, je ne cherche pas à savoir s’il y en a de mieux que le nôtre. Je cherche à vociférer dans le tempo, le meilleur qui est en moi pour me donner confiance, la conscience de gagnant. Nous devrions même le chanter à l’unisson de près ou de loin avec nos vaillants représentants. Aucune équipe n’est parfaite, il n’y a que la volonté et la rage de vaincre qui font souvent la différence.

Il suffit de regarder les résultats des matchs de cette CAN pour se rendre compte que même la meilleure équipe ne peut se glorifier à l’absolu de ses palmarès et se prélasser sur ses succès passés. Même le champion d’antan doit jouer sur le terrain pour prouver sa primauté et mériter sa place. Alors, soyons de cœur et en chœur avec les Etalons. Notre capacité à nous élever au-dessus de nos divergences sera le lit de toutes les convergences d’énergies. Et cela est bon pour le moral ; cela renforce le mental de l’équipe.

C’est pourquoi, les supporters de l’équipe dominée continuent de pousser leurs joueurs vers l’égalisation, puis vers la victoire, même quand elle est doublement menée au score. Quand on supporte, on doit être capable de porter le fardeau de l’équipe et apporter son soutien malgré les coups reçus. Quand je chante l’hymne national, je suis fier d’être Burkinabè. Mais encore faut-il que je sache le chanter.

Combien peuvent le faire jusqu’aujourd’hui, sans le lire sur un papier ? Combien trébuchent en le chantant ? Combien balbutient ou bourdonnent en le chantant ? Dieu seul sait combien nous sommes à savoir bien chanter notre propre hymne national. Mais encore faut-il que le peuple sache à quoi ça sert pour lui accorder tout le respect qu’il faut. C’est pourquoi, il faut l’expliquer à nos enfants et leur apprendre à le chanter correctement. Il n’y a rien de tel qu’un enfant qui fredonne en sourdine le Ditanyè avant d’affronter ses sujets de composition.

Il n’y a rien de plus éloquent qu’un enfant qui chante l’hymne national au pied du drapeau qui s’élance dans le ciel de nos rêves sans limite. C’est encore édifiant de lui inculquer la culture du patriotisme en lui brandissant l’hymne national comme le cri de guerre qui galvanise, comme la dose de motivation dont il a besoin d’intérioriser avant de découdre avec les défis.

C’est important de les former à la citoyenneté de sorte à ce qu’ils fassent mieux que nous demain. Parce qu’on ne peut pas chanter l’hymne national et oser brûler un feu tricolore ; on ne peut pas savoir exécuter l’hymne national et tourner le pouce au service devant l’ouvrage qui attend ; on ne peut pas savoir chanter l’hymne national et ignorer ses devoirs élémentaires de citoyens.

On ne doit pas chanter l’hymne national et jouer à la CAN comme dans un banal match amical, sans hargne. Il ne suffit pas de dire « la patrie ou la mort, nous vaincrons » pour se prémunir de l’échec. Il faut jouer et supporter avec le cœur en ayant à l’esprit que le meilleur se forge toujours sur l’enclume du sacrifice.

Clément ZONGO

clmentzongo@yahoo.fr

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