Alerte à Cabo Delgado

La situation sécuritaire est très critique au nord du Mozambique, pays d’Afrique de l’Est. A Cabo Delgado, épicentre de la violence entretenue par les groupes armés, un drame humanitaire se joue, au grand dam de l’humanité. En ce mois de décembre, le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU a signalé plus de 100 000 déplacés en deux semaines. Depuis le début de l’année 2025, le nombre de populations fuyant les
exactions ne fait que grossir, par centaine de milliers. Ecoles, abris de fortune et autres endroits, les déplacés trouvent refuge un peu partout dans l’urgence pour « sauver leur nez ». Les premières victimes sont malheureusement les enfants, qui comptent pour environ 67% des déplacés. Autant dire que l’heure est grave.

L’insécurité a atteint un niveau très alarmant à Cabo Delgado, que l’on perd son latin. Les mouvements de po-pulations entrainent des problèmes sanitaires (des cas de choléra ont été confirmés dans certains districts), la déscolarisation et des risques de maltraitance d’enfants. Le quotidien des déplacés est aussi sombre que leur sort. Ils manquent de tout : nourriture, eau potable, hygiène, etc. Aussi les activités agricoles sont-elles compromises à Cabo Delgado et dans les localités environnantes, à cause de l’insécurité, ce qui accentue la famine. L’aide humanitaire fournie peine à couvrir les besoins des personnes en détresse. Rien ne va dans le nord du Mozambique, où les violences ont éclaté, depuis 2017.

A l’origine de ce conflit, le groupe armé baptisé « Al Shabab », affilié à l’Etat islamique, qui s’est soulevé contre le gouvernement mozambicain, pour dénoncer une mauvaise gouvernance et une exclusion sociale des populations de cette partie du pays. Tueries, destruction de biens publics et privés, enlèvements d’enfants, ce groupe est la terreur incarnée, le cauchemar de nombre de mozambicains. Les actions nuisibles d’« Al Shabab », qui s’inscrivent désormais dans la routine, ont entrainé la mort de plusieurs milliers d’individus et le déplacement de plus d’un million d’autres. L’insurrection islamiste gagne du terrain au Mozambique, ce qui est très déplorable.

Maputo multiplie les initiatives pour mettre fin à cette situation, mais la tâche est complexe. En plus des actions militaires, les autorités mozambicaines fournissent de l’aide humanitaire et tentent de restaurer les services sociaux de base (santé, éducation…), mais elles ne parviennent pas pour l’instant à rétablir l’ordre. La menace islamiste est plus que jamais présente.

La multiplication des attaques cette année en fait foi. S’il est difficile de vaincre l’adversité, Maputo ne doit pas pour autant baisser les bras. Il doit poursuivre ses efforts et sacrifices jusqu’à la victoire finale, avec le soutien de la communauté internationale, qui doit sortir des discours et autres condamnations de principe pour aider à faire bouger véritablement les lignes. On ne saurait se contenter uniquement de l’aide de l’armée rwandaise, qui depuis 2021, intervient aux côtés des forces mozambicaines. A cœur vaillant, rien d’impossible, dit-on. Les forces obscures ne peuvent jamais triompher face aux Etats organisés. La lumière finit toujours par prendre le dessus sur les ténèbres…

Kader Patrick KARANTAO

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