Soixante-douze heures, à peine, après l’installation des nouveaux ministres en charge de la défense nationale et de la sécurité, le semblant d’accalmie de l’entre-deux-gouvernements a été rompue. 28 janvier 2019, attaque du détachement militaire et de la brigade territoriale de Nassoumbou. 30 janvier, le détachement de Kompienbiga est pris pour cible… Telles qu’elles se déclinent actuellement sous nos cieux, il apparaît de plus en plus évident que les attaques terroristes cachent mal une volonté manifeste de déstabiliser le Burkina Faso. Et ce, pour des raisons que l’on n’hésitera pas à qualifier de subjectives, au regard de l’évolution récente de notre histoire politique. Face à cette évidence, l’impérieuse nécessité se pose pour tous et chacun de se « lever » et faire face au péril. L’affaire, on ne le dira jamais assez, n’est pas seulement celle du président Roch Marc Christian Kaboré, ni du chef de file de l’opposition Zéphirin Diabré. Mais bel et bien celle du peuple burkinabè que certains milieux entendent grenouiller jusqu’à lui faire regretter son insurrection d’octobre 2014. On comprend dans cette occurrence pourquoi le chef de l’Etat, pondéré qu’il soit, n’a pas hésité à faire figurer dans l’agenda du nouveau Premier ministre et en bonne place, la nécessité d’aller vite et bien à la réconciliation, pour recoudre le tissu social. Remettre rapidement le pays à l’endroit pour faire face aux enjeux du développement. Dans cette attente, et face à la menace d’encerclement de la capitale dont certains parlent, la vigilance doit être plus que jamais de mise, afin que nous sortions victorieux de ce combat que les forces du mal nous imposent. La collaboration des populations à la base avec les autorités politiques et militaires est le principal « antidote » dans cette lutte qui s’avère âpre et longue. Si les populations acceptent de vaincre leur peur et certains préjugés, nul doute que les « terroristes » seront vaincus, et, mieux, ils réfléchiront par deux fois avant de s’aventurer sur notre sol. A contrario, si elles sombrent dans le fatalisme et un communautarisme de mauvais aloi, alors oui, l’œuvre déstabilisatrice entamée depuis janvier 2016 a de fortes chances d’aboutir, ce qui entraînera à n’en point douter, un grand recul sur tous les plans. Arrêtons donc de nous faire peur, en entretenant nos propres peurs et, main dans la main, à l’instar de nos glorieux ancêtres, montrons que nous pouvons le faire. Quid de la frange intellectuelle ? La contribution de ceux d’entre nous qui ont atteint un certain niveau d’instruction et ayant acquis des compétences spécifiques sera, autrement, décisive. Pour peu qu’ils veuillent faire abstraction de la langue de bois, du silence des chapelles ou des pronostics parfois lugubres, pour jouer leur rôle : mener des réflexions sur les enjeux du moment et ouvrir par leurs idées neuves et émancipatrices, des perspectives pour le pays.
Aujourd’hui, il se pose la question de la nature des attaques systématiquement présumées « terroristes », de l’omerta sur ce que deviennent ces soldats déserteurs qu’on ne retrouve nulle part et qui pourraient être partout, de ces fuites regrettables pour une grande muette dont on sait au moins qu’elles ne sont pas le fait d’individus non identifiés. Espérons que la nouvelle configuration de l’attelage sécuritaire permettra de passer de la chronique des attaques subies à celle des assauts répétés contre l’hydre terroriste où qu’elle se niche.
We can do it pour emprunter à Obama dont la vie toute seule est un résumé poignant de ce qu’une volonté de fer et une ténacité de tous les instants peuvent permettre d’obtenir. Naan laara an Saara comme disait le sage Joseph Ki-Zerbo, une maxime qui est toujours d’actualité au Burkina Faso. Peuple burkinabè, as-tu du cœur ? Oui sans doute. Alors ?
Par Mahamadi TIEGNA