Au nom de la patrie

Le Conseil des ministres, en sa séance du jeudi 13 avril 2023, a décrété « la mobilisation générale et la mise en garde ». En français moins militaire, cela signifie que l’autorité a sonné l’alerte maximale et la mobilisation des filles et fils du Burkina, pour prendre d’assaut les sites tenus par les terroristes et les y déloger en ne leur laissant qu’un choix : « déposer les armes ou subir les armes ». Cette mobilisation générale et cette mise en garde commanderont à chaque Burkinabè, où qu’il se trouve sur le territoire national ou ailleurs, de jouer sa partition. Les Forces de défense et de sécurité (FDS) ont déjà montré la voie, elles qui montaient à l’assaut de l’ennemi sans toujours la logistique appropriée. Aujourd’hui encore, les FDS sont appelées à donner le bel exemple avec l’opération « grenier vide ». Une opération dans laquelle, la hiérarchie demande à tout militaire quel que soit son rang, quelle que soit sa promotion, de bien vouloir mettre à disposition tout ce qu’il a comme « arsenal » qui ne lui sert plus, du treillis aux rangers.

Voilà qui est clair. Les populations ne sont pas en reste dans cette mobilisation générale, elles qui se sont engagées massivement et au-delà des espérances, comme Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Elles ont également réagi avec patriotisme, lorsqu’il a été question de contribuer financièrement à l’effort de guerre et nul doute que cet élan connaitra une évolution exponentielle. Le terrain commande la manœuvre, comme le disent les militaires. Cette poussée patriotique donne des sensations et constitue la preuve que les Burkinabè sont en fusion avec leurs forces combattantes. Ils expriment leur fierté d’une armée, dont ils n’ont jamais douté de la capacité opérationnelle. La mobilisation générale et la mise en garde sont une autre phase de cette stratégie que la hiérarchie militaire déroule pour la reconquête d’une Nation, habituée aux épreuves. De par le passé, notre chère patrie avait connu pareille tragédie lorsque le pays fut écartelé et « distribué » à ses voisins en 1932. Si avec les moyens dérisoires de l’époque, nos arrière- grands-parents et parents ont tenu quinze ans de lutte pour nous léguer cette Haute-Volta reconstituée en 1947 et magnifiée dans un bel hymne national, « La fière Volta de nos aïeux », il est de notre devoir, plus de soixante-quinze ans après, de prendre sur nous la charge historique de vaincre les groupes armés terroristes.

Nous ne devons pas faillir afin que ceux pour qui nous nous battons soient fiers de nous en constatant que nous avons fait « le job » avec honneur et dévouement. D’ailleurs, c’est Frantz Fanon qui le disait : « nous n’héritons pas la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants ». Il est donc temps que nous, contemporains d’une crise à nous imposée par des enfants égarés de la Nation, prenions nos responsabilités. Normalement, la mobilisation générale et la mise en garde devraient venir d’un élan populaire sans qu’elles ne soient établies par l’autorité politique. Mais toute proposition, d’où qu’elle vienne, tant que c’est pour le bien de la patrie et la consolidation de la paix est la bienvenue. D’ailleurs, l’histoire nous enseigne que dans certains pays, même des vedettes qui avaient refusé cette mobilisation ont dû subir des sanctions disciplinaires. C’est le cas par exemple de Mohammed Ali durant la guerre du Viêt-Nam. Souvenons-nous que la bataille de Dien Bien Phu en Indochine, citée comme un exemple où un peuple sans grands moyens et sous l’encadrement de l’armée populaire a pu, dans la discipline et le respect des consignes édictées par les autorités, mettre l’envahisseur dehors et le contraindre à capituler, écrivant ainsi une des plus belles pages de la guerre au XXe siècle. Cet exemple peut et doit nous habiter, le temps de vaincre l’ennemi commun. Et pourquoi pas, à revoir notre vivre-ensemble fondé sur la solidarité et le sens de la patrie. Nous connaissons nos ennemis, nous comprenons de plus en plus leurs méthodes lâches de lutte. Il ne nous reste plus que cette mobilisation générale pour bouter définitivement l’hydre terroriste hors de nos frontières. Accepter une restriction temporaire de libertés aujourd’hui pour sauvegarder sa vie et pour pouvoir vivre intensément demain dans son pays n’est pas cher payé.

Au nom de la patrie.

Par Assetou BADOH

badohassetou@yahoo.fr

 

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