Excellence scolaire : pour que l’émulation soit…

Les meilleurs élèves et enseignants du primaire, du post-primaire et du secondaire, les meilleurs élèves déplacés internes et les enseignants communautaires, les meilleurs élèves vivant avec un handicap auditif, visuel, les autistes et ceux à motricité réduite dans la même salle. Pas pour un cours magistral ou de travaux dirigés, mais pour recevoir les reconnaissances de la Nation. En effet, 138 acteurs de l’éducation ont été célébrés à Ouagadougou, le 28 juillet à la faveur de la journée de l’excellence, édition 2022.

Cette initiative, entamée depuis 2016 au Burkina Faso, vise, selon les autorités, à récompenser les meilleurs élèves en vue de promouvoir l’excellence et la saine émulation en milieu scolaire. Mérite pour mérite, à la date du 31 mai 2022, 4 258 écoles ont fermé et cette situation affecte 708 341 élèves ainsi que 20 763 enseignants. Sans oublier ceux qui ont payé de leur vie, juste par devoir et par leur désir de dispenser le savoir aux jeunes et lutter contre l’obscurantisme. C’est donc redondant de dire que les élèves et enseignants sont devenus les cibles les plus éprouvées du terrorisme.

Leur rendre hommage n’est que justice. L’heure a donc sonné de donner un nouveau souffle aux principaux acteurs du système éducatif. En revalorisant le rôle et la place des encadreurs, en mettant l’apprenant toutes catégories au cœur des attentes et en remâchant l’intervention des partenaires, l’édition 2022 constitue doublement une rupture et un nouvel élan. Que désormais l’éternel sac en cuir serve juste d’emballage pour un contenu plus consistant à la hauteur des sacrifices consentis à travers une débauche d’énergie de neuf mois, parfois au prix de mille et un sacrifices.

A ces génies, la Nation attend qu’ils soient « désormais des flambeaux qui ne doivent jamais s’éteindre ». Ils se doivent de « semer les graines de l’excellence, de la performance, de la culture du travail bien fait… ». De ce fait, ils devraient désormais servir d’émules dans leur entourage et être des citoyens engagés pour la cause de leur patrie. L’attente est aussi grande que la récompense.

C’est pourquoi, de façon réciproque, les engagements doivent transcender les mots, de sorte à maintenir chez les élèves l’envie d’aller le plus loin possible dans leur cursus et chez les enseignants, de fournir davantage de sacrifices. Cela suppose également que les conditions de cette émulation suivent afin qu’aucun élève méritant ne soit obligé de suivre un autre cursus que celui souhaité et qu’au moment des reconnaissances administratives, les enseignants aux mérites reconnus soient promus.

Aussi loin que remonte cette activité qui met tous au sommet du mérite, on est en droit de jeter un regard dans le rétroviseur, pour voir ce que deviennent les anciennes pépites. Même si les discours ont occulté cet aspect, il n’en demeure pas moins nécessaire que le ministère en charge de l’éducation nationale pense à dresser un bilan des années antérieures. Ceci afin de retrouver ceux qui ont bénéficié de la poignée de main présidentielle un jour, parce qu’ils l’ont méritée.

Ceci aurait l’avantage de voir la progression des anciens bénéficiaires, mieux recadrer et mieux accompagner les élus de 2022. Il importe désormais d’instaurer un processus de suivi-évaluation de l’activité. Au demeurant, la reconnaissance d’un soir ne saurait créer d’émules. Mais l’ascension professionnelle et la poursuite d’études de son choix peuvent à contrario créer un environnement propice à l’apprentissage et à la réalisation de soi.

Cette célébration de l’excellence en milieu scolaire doit aller au-delà de cette journée pour intégrer des perspectives prometteuses en faveur des élèves méritants. C’est à ce prix qu’elle s’inscrira dans une dynamique véritable de valorisation du capital humain. En accompagnant conséquemment ces étoiles, c’est quelque part un moyen de raffermir chez elles la fibre patriotique. Sans doute qu’un jour, ces journées s’ouvriront à l’ensemble des travailleurs du Burkina Faso, chacun à son niveau pour ses efforts en rapport avec les valeurs prônées par la Transition.

Assetou BADOH

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