Journée d’hommage au Ouidi Naba Karfo : Honneur, reconnaissance…à un « grand cavalier »

Autorités religieuses, coutumières, politiques, parents, et proches ont rendu hommage au Ouidi Naaba Karfo.

Décédé le jeudi 27 janvier dernier, le Ouidi Naaba Karfo repose désormais en « paix » sur la terre libre du Burkina Faso. Le mardi 1er février 2022 à son domicile à Ouagadougou, proches, amis et parents lui ont rendu hommage à travers des témoignages.

Comme un baobab terrassé par le temps, le Ouidi Naaba Karfo, doyen des ministres de la Cour du Mogho Naaba Boango, s’en est allé. Si ce bref passage a été marqué par des titres et des distinctions sur le plan professionnel, il a aussi été écrit à travers des relations interhumaines, politiques…

Et c’est la qualité intrinsèque de l’homme qui a été saluée ce mardi 1er février 2022 par ses proches, amis et parents à travers des témoignages. Pour le Cheik Doukouré, l’amitié entre le regretté et sa famille ne date pas d’hier. « C’est son père qui a donné le terrain en 1958 (actuel Hamdalaye) à notre grand-père après sa libération des prisons coloniales où il a passé dix-huit ans », a-t-il confié.

A entendre Cheik Doukouré, le Ouidi Naaba Karfo est fidèle en amitié. « Au cours de notre mandat de cinq ans au comité national d’éthique, il m’a toujours demandé de m’asseoir à sa droite bien que je ne sois pas son vice-président », a expliqué le guide religieux Doukouré. Traditionnaliste et très cultivé, le défunt ne faisait pas de distinction entre ses concitoyens.

Selon Dawelgue Naaba qui l’a beaucoup côtoyé, il est l’incarnation des valeurs fondatrices de nos sociétés qui sont, entre autres, le bien, le juste et le vrai. « Si vous perdez certaines de ces valeurs, votre société court le grand risque de s’effondrer », a-t-il précisé, ajoutant que l’homme était à cheval entre ces valeurs et la rigueur.

De nombreuses personnes le percevaient comme quelqu’un d’inaccessible, acrimonieux, insupportable. Mais en réalité « c’était pour éprouver les relations qu’il tissait avec les gens et leur degré d’adhésion entre les valeurs et votre comportement », a souligné Dawelgue Naaba.

Des relations familiales

Pascal Sanou du comité national d’éthique, lui, pleure la perte d’un père. En effet, président de cette institution de 2001 à 2005, il a, selon M. Sanou, toujours mis son expérience et son esprit patriotique au service de la marche de la structure. « Nous avons d’abord eu des relations de collaboration qui se sont par la suite transformées en relations familiales. Il m’appelait son fils.

De prime à bord, lorsque vous le croisez, vous avez peur de lui, mais si vous arrivez à l’approcher, il n’y a pas plus convivial que lui et vous bénéficiez surtout de ses conseils avisés, de sa connaissance élargie. Il aborde tous les sujets sans tabou avec une maîtrise de ce qu’il dit », a-t-il étalé. Sa clairvoyance et sa sagesse ont permis au comité de tirer son épingle du jeu, a ajouté M. Sanou.

Et en tant que patriote, il n’hésitait pas à se sacrifier pour la bonne marche de l’institution, lorsque la situation vascillait, s’est rappelé Pascal Sanou. Pour le président de l’Ordre des chirurgiens-dentistes du Burkina Faso (OCD-BF), Wendpoulmdé Aimé Désiré Kaboré, l’Ordre vient de subir une lourde perte. Car, c’est un ‘’ baobab ’’ qui est tombé, une lampe qui s’est éteinte, une voix qui s’est tue.

Mais a-t-il dit, ces racines continueront de nourrir le sol dentaire pour toujours. Et si, le Ouidi Naaba Karfo laisse un vide au sein de sa ’’grande famille’’, Désiré Kaboré a rassuré que les conseils de l’illustre continueront de les nourrir et de les guider dans leur métier. Fidèle à son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès, l’ex-président, Blaise Compaoré a aussi salué la mémoire du militant engagé. C’est l’ex- maire, Marin Casimir Ilboudo qui a transmis le message.

Selon lui, la fidélité du doyen des ministres de la Cour du Mogho Naba Baongo à l’ ’’ ex-parti ’’ a été sans faille, d’où la lettre de condoléances écrite des mains du président Compaoré adressée à la famille.

Un homme plein d’humour

Maire de la ville de Ouagadougou (avril 1995- janvier 2013), Simon Compaoré n’a pas oublié la contribution du Ouidi Naaba, au moment de la mise en place du service bucco-dentaire.

Pour M. Compaoré, le regretté avait tous les qualificatifs sauf celui de la « diplomatie ». Car l’homme, a-t-il dit, avait un franc-parler. « Je suis fier d’avoir fait sa connaissance. Car au-delà d’être un homme cultivé, il n’hésitait à partager sa culture, la tradition avec les autres. Et je souhaite que son successeur aille dans le même sens que lui. C’est l’ensemble des Burkinabè qui gagnera », s’est-il réjoui.

Pour l’archevêque émérite de Koupèla, Mgr Séraphin François Rouamba, certains le connaissaient mal et ce, au regard des valeurs qu’il incarnait et qu’il voulait absolument inculquer à tous. Il retient également de son grand frère un homme plein d’humour. « La veille de son décès, quand je l’ai appelé, il m’a dit, Saint Pierre te salue », s’est-il remémoré. Et même s’ils ne partageaient pas les mêmes valeurs religieuses, il reconnait que son grand frère respectait la laïcité qui existe dans la famille.

Le Ouidi Naaba Karfo est décédé à l’âge de 86 ans et après 55 ans de règne. Et en attendant son successeur, c’est la princesse Sonia Rouamba qui assure l’intérim du trône.

Donald Wendpouiré NIKIEMA

tousunis.do@gmail.com

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