L’autre mesure barrière à prendre

La lutte contre la pandémie du coronavirus serait-elle en train de révéler une crise de confiance entre gouvernants et gouvernés sur la gestion de la chose publique au Burkina Faso ? Les commentaires des activistes sur les réseaux sociaux ou de citoyens dans les émissions interactives, induisent une réponse par l’affirmative à cette interrogation. A travers ces fora, tout porte à croire que le fossé entre l’exécutif et la population s’est encore creusé depuis l’annonce du premier cas du Covid-19 au pays des Hommes intègres, le 9 mars dernier. Les mesures barrières prises par le gouvernement sont jugées sélectives, à tort ou à raison, par une partie de l’opinion nationale.

En effet, la décision, dans un premier temps, de la fermeture des écoles tout en occultant les autres lieux de grands rassemblements tels que les marchés, les mosquées, les églises, les temples ainsi que les frontières restés ouvertes, peut être considérée comme le premier faux pas dans la gestion de la pandémie. A cela, s’ajoute une certaine confusion au niveau de la communication dans la gestion du Covid-19 au point qu’on n’est pas à une contradiction près entre les protagonistes de la gestion de la riposte. Les déclarations du ministre en charge de la Recherche scientifique et celles du Coordonnateur national de la réponse à l’épidémie de Coronavirus sur les essais cliniques de l’Apivirine un phyto-médicament, en disent long. Le dernier couac en date est celui portant sur les premières estimations du plan de riposte du gouvernement pour éradiquer le mal.

Estimé au départ à plus de 11 milliards F CFA, le plan a été réévalué a près de 178 milliards de FCFA dont 121 milliards F CFA au titre des frais d’hébergement et de restauration de « cas symptomatiques non graves » dans des hôtels, soit près de 70% du budget total du plan de riposte et qui a susciter moult incompréhensions. De son côté, le gouvernement soutient qu’il n’avait pas donné son quitus pour ce plan. Le plan revu consacre désormais un peu plus de 57 milliards F CFA à la prise en charge des personnes affectées. En tout état de cause, il y a lieu de parer à toute éventualité. S’il y a d’autres mesures barrières à prendre contre le Covid-19, c’est bien la lutte contre toute tentative de détournement des ressources mobilisées contre la pandémie. Plutôt que de s’adonner à ces pratiques, les pays africains en particulier, le Burkina Faso, gagnerait à saisir cette crise sanitaire comme une opportunité de revoir sa politique sanitaire afin de rapprocher davantage les centres de soins publics des usagers. Ne dit-on pas que c’est en période de crise que se révèlent les grandes nations ?

Abdoulaye BALBONE

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