Pour le chant de la victoire

Le vendredi, 15 janvier 2016, alors que les Burkinabè suivaient la passation des charges entre ministres sortants et entrants, des détonations, sur la plus belle avenue Kwame-Nkrumah, allaient changer le cours de leur pays qui semblait épargné par l’hydre terroriste. Mais en réalité, bien avant Ouagadougou, il y avait des signes avant-coureurs notamment une attaque à Samorogouan, le 9 octobre 2015 qui indiquait que le Burkina Faso ne pouvait pas demeurer un îlot de paix dans une région où ses voisins immédiats, le Mali et le Niger subissaient des désastres terroristes.

Depuis lors, le pays des Hommes intègres fait face à des attaques répétées. Et des « spécialistes » de la question militaire, sortis de nulle part, hantent nos domiciles. Ils parlent du terrorisme avec délectation, accablent l’Etat de ne pas faire suffisamment pour défendre la patrie, s’en prennent au gouvernement d’une indolence observée nulle part et vouent aux gémonies les forces de défense et de sécurité, d’incapacité à trouver le meilleur « plan » de guerre. Il est de la lutte contre le terrorisme, comme de toutes les activités humaines, de grandissimes disserteurs loin, très loin du champ d’honneur.

C’est comme le sport, autant d’entraîneurs que de supporters. Et least but not, les commentaires a posteriori, meublés de « il fallait faire çi ou çà », sont affligeants. On parle tous du terrorisme avec cette impression qu’il fallait que l’armée déploie des hommes, des drones, des chars et des hélicoptères pour neutraliser les terroristes. Le temps de réaction est parfois assimilé à la peur de l’ennemi. Solhan (4 et 5 juin 2021 avec une centaine de victimes) a constitué ce champ de débats où personne n’a compris pourquoi l’armée n’a pas rallié à temps cette commune pourtant située à une dizaine de kilomètres de Sebba où se trouve un détachement militaire. Un mois plus tard, Toéni (9 août, 12 militaires tués) a montré pourquoi, il faut laisser l’armée aller à son rythme selon sa stratégie.

Quand l’armée tombe dans une embuscade meurtrière, ceux qui l’accusaient de ne pas bouger dans les délais raisonnables, l’ont encore accusée de s’être précipitée trop tôt. Concernant la zone des trois frontières, Mali-Niger-Burkina, le profane insiste qu’il faut y envoyer des milliers de soldats et ériger des camps militaires pour couper toute mobilité des terroristes. Mais combien savent que cette zone, environ 91 000 kilomètres carrés, est plus vaste que certains Etats de notre sous-région ? Sur le renseignement, certains le considèrent à tort comme le ventre mou des pays du G5 Sahel, sans savoir que c’est une idée fausse qu’ils ont du Burkina.

En tous les cas, les soldats burkinabè ne rougissent pas à ce propos. Dans le silence et fort de leur engagement à défendre la patrie au quotidien, ils tiennent la dragée haute. En cela, ils suivent leurs devanciers convaincus qu’hier dans les grandes crises mondiales que l’humanité a connues, la Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso, a joué sa partition avec honneur, dignité et perspicacité. Les Voltaïques n’ont jamais été aussi loin que parmi les trois nations africaines engagées sur le front. Le Burkinabè alors ne sera jamais non plus le ventre mou lorsqu’il est question de défendre la patrie.

Oui, c’est de cela qu’il s’agit : défendre la patrie. Si en le faisant, survient la mort, alors le soldat aura tout donné au champ d’honneur pour que demain, tonne le chant de la victoire, de la liberté pour ses descendants. La différence entre soldats loyalistes et terroristes est que le premier n’a pas vocation à mourir au front, le second vient pour mourir. Quand un homme affirme qu’il sera heureux de mourir parce qu’il a le paradis avec lui où il trouvera à sa disposition 70 vierges, alors tout est dit. Faisons tous nôtre, l’engagement du Chef suprême des armées, ministre de la Défense nationale et des anciens combattants, Roch Marc Christian Kaboré, à ne céder aucun centimètre du territoire.

Jean Philippe TOUGOUMA

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