Centrafrique /Guinée : d’une élection à l’autre

Les Guinéens et les Centrafricains étaient appelés, de part et d’autre, aux urnes, le dimanche 28 décembre 2025, pour élire leur président de la République. En Guinée, le scrutin marque la fin de la Transition consécutive au coup d’état de septembre 2021 contre Alpha Condé et doit permettre à cet Etat d’Afrique de l’Ouest de renouer avec un ordre démocratique normal. Alors que la période transitoire était censée durer deux ans, elle a pris plus de temps, au point où l’on se demandait s’il y aura des élections au pays de Sekou Touré. En organisant cette élection, les autorités de la Transition ont finalement tenu promesse, mais pas totalement.

S’il s’était engagé à remettre le pouvoir aux civils, le général Mamadi Doumbouya s’est retrouvé dans la course à la présidentielle, suite à l’adoption d’une nouvelle Constitution qui l’a autorisé à le faire. Cette volte-face a été vivement critiquée par l’opposition, dont les têtes couronnées notamment les anciens Premiers ministres, Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo, sont contraints à l’exil. Ecartées de la compétition pour diverses raisons, ces deux personnalités, tout comme d’autres opposants, qualifient ce scrutin présidentiel de simulacre d’élection. Le Gal Doumbouya, qui brigue la magistrature suprême face à huit candidats, est sous les feux des critiques, tout comme son homologue centrafricain, Faustin-Archange Touadéra.

Le professeur de Mathématiques à l’université de Bangui devenu politicien sollicite un 3e mandat contesté, suite à une révision constitutionnelle en 2023. Confronté à un défi sécuritaire loin d’être relevé, à cause des actions nuisibles des groupes armées qui écument le Nord et l’Est du pays, Touadéra espère rempiler face à six autres candidats, y compris deux anciens ex-chefs de gouvernements ministres, Anicet-Georges Dologuélé et Henri-Marie Dondra et en l’absence d’une partie de l’opposition qui a boycotté le scrutin. Les résultats des deux présidentielles, tenues relativement dans le calme, sont incessamment attendus et ne devraient pas servir des surprises.

Si ces deux élections sont organisées dans des contextes différents, elles ne présentent pas véritablement un enjeu majeur. Les jeux semblent déjà faits. Que ce soit en Guinée ou en Centrafrique, le Gal Doumbouya et le Président Touadera sont quasiment assurés d’avoir la faveur des urnes, à moins d’un retournement de situation spectaculaire. Ils ont littéralement écrasé l’adversité, face à des opposants, pas toujours enclins à aller en rangs serrés, à cause de leurs intérêts égoïstes. Sauf cas de force majeure, les urnes devraient sourire au Gal Doumbouya et au Président Touadera, tous deux en pole position pour rester aux commandes de leurs pays.

Le nouvel homme fort de Guinée va s’offrir son premier mandat constitutionnel, tandis que celui de Centrafrique va demeurer aux affaires et pourquoi pas à vie, comme lui permet la nouvelle loi fondamentale de son pays. On n’a pas besoin d’être un devin pour imaginer la suite de ces deux élections.

Assurés de passer haut la main, ces deux dirigeants doivent s’atteler à répondre aux aspirations profondes de leurs peuples et c’est le plus important. Doumbouya va devoir s’atteler à construire une nouvelle Guinée où les libertés individuelles et collectives doivent être véritablement respectées et Touadera, lui doit œuvrer à pacifier davantage la Centrafrique qui connait une situation sécuritaire précaire, malgré les sacrifices consentis face à l’adversité avec le soutien de pays amis.

Kader Patrick KARANTAO

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