Chronique CAN : Bouaké mon « amour »

Après avoir fait se languir tout un peuple avec une prestation sans imagination servie par une équipe pataude, les Etalons ont fini par mettre fin aux angoisses de leurs supporters avec le but de Bertrand Traoré sur penalty, consécutivement à une faute sur Issa Kaboré. Un but salvateur donc, car il aura manqué jusque-là des joueurs imaginatifs dans le dernier tiers du terrain où il faut faire la différence.

Ouvrons une parenthèse pour dire que l’équipe référence de 2013, avait cette imagination à foison, avec les virtuoses Alain Traoré et Jonathan Pitroipa, bonifiée par la puissance de Aristide Bancé. Avec le jeu long où Charles Kaboré excellait et l’abattage de Djakaria Koné le bloc-équipe alliait coffre, puissance et technicité. Un mélange de Mercedes et de Ferrari, avec la robustesse et la séduction qui en découlait.

Et, si les Etalons étaient restés en dedans lors de la finale perdue face au Nigéria, les matchs des quarts et de la demi-finale qui étaient allés aux prolongations, y ont été pour beaucoup. A la décharge de l’équipe, il faut dire que Hubert Velud était dans la gestion, plutôt qu’à l’offensive tout azimut, avec cette chaleur moite qui pesait sur Bouaké et de nombreux joueurs à court de forme toutes choses qui imposaient ce faux rythme au jeu. Avec des centraux aguerris comme Dayo et Tapsoba, le coach pouvait laisser filer et compter sur une banderille de dernière minute pour « tuer » le taureau mauritanien.

Un scénario hitchcockien avec un happy-end donc, même si la titularisation de Alex Bangré très transparent et la position excentrée de Aziz Ky, plus « rentable » comme soutien à l’attaquant de pointe interrogent. Point de conjectures cependant, car, seule la victoire est belle, mais on ne saurait terminer ce papier, sans faire une fleur au formidable public de Bouaké qui est resté derrière ses « enfants » de bout en bout.

Avec cette ferveur, rien ne pouvait leur arriver, et, depuis la fermeture du stade du 4-Août, les Etalons n’avaient plus connu pareille ambiance. Une piqûre de rappel aux autorités sportives, qui n’ont de cesse de se hâter lentement dans sa réhabilitation. Les éliminatoires du prochain mondial vont vite arriver, et, cette situation de SDF qui fait perdre à l’équipe son âme doit incessamment prendre fin.

Pour l’heure, les Etalons sont quasiment sur le boulevard du chemin des huitièmes de finale, et, la montée en puissance de certains « éclopés » devrait les y aider. Une victoire à mettre à l’actif du coaching intelligent de Velud qui a cramé les Mourabitounes avant de les estourbir à quelques minutes du coup de sifflet final. On croise les doigts pour que le plus beau reste à venir, avec le chef d’orchestre Bertrand Traoré. Plus qu’un rêve, une conviction.

Boubakar SY

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