Les présidents des six groupes parlementaires de l’Assemblée nationale ont diversement apprécié, le lundi 18 février 2019 à Ouagadougou, à la Déclaration de politique générale du Premier ministre, Christophe Marie Joseph Dabiré.
Malgré les acquis engrangés dans la mise en œuvre du programme de société du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, le nouveau Premier ministre (PM), Christophe Dabiré, a fait cas, dans sa Déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale hier 18 février 2019, de multiples défis qui alimentent encore les craintes et provoquent les mécontentements de certains Burkinabè. Affirmant comprendre et partager ces préoccupations, il compte y répondre à travers une politique de développement bâtie sur cinq axes.
Il s’agit de relever les défis sécuritaires, pallier l’effritement de la cohésion sociale, instaurer une gouvernance plus vertueuse, renforcer le développement du capital humain et dynamiser l’économie nationale. Se disant « convaincu » par la Déclaration du PM, le président du groupe parlementaire MPP (Mouvement du peuple pour le progrès), Siguian Alexandre Tapsoba, a jugé qu’elle est claire, compréhensive et prend en compte les préoccupations objectives du moment. « Je salue l’humilité de son ton et la fermeté dans son engagement », a-t-il précisé.
A son avis, l’émotion du PM lors du discours veut dire qu’il a à cœur d’apporter un plus aux populations burkinabè. Pour Kodjo Jacques Palenfo du groupe parlementaire Renouveau démocratique, le Premier ministre est très volontariste, engagé et conscient de la mission que le chef de l’Etat lui a confié. « Le premier point qui nous satisfait dans cette déclaration, c’est l’insistance sur la réconciliation des filles et fils de ce pays », a-t-il relevé.
Le député Palenfo, pour qui le Burkina Faso est « notre seul bien », a rappelé que « rien ne doit nous diviser quelles que soient nos divergences politiques ». Toutefois, il a admis que le discours n’est qu’une intention, et attend de voir qu’il soit traduit en acte. Le président du groupe parlementaire CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès), Kirigahon Alphonse Nombré, a accueilli avec joie la question sur la réconciliation nationale.
Selon lui, il y a bien de points cohérents mais ce dernier est fondamental. « Si l’on n’arrive pas à regrouper les Burkinabè, comment peut-on lutter efficacement contre l’insécurité, le terrorisme, entreprendre des actions de développement en faveur des populations ? », s’est-il interrogé. Il a parlé d’une rupture notable perçue dans cette déclaration par rapport à ce qu’ils ont l’habitude d’entendre en pareille situation. « Nous encourageons le PM à aller dans ce sens pour regrouper l’ensemble des Burkinabè autour de l’essentiel : le Burkina Faso », a conclu M. Nombré.
Sécurité et réconciliation
Le président du groupe parlementaire Paix, justice et réconciliation nationale (PJRN), Zilma François Bacyé, a dit avoir entendu un discours émouvant avec des points assez cohérents et pertinents. Mais le problème, à son avis, est qu’il y a encore beaucoup de littérature alors que le peuple attend la rupture. « Pour la réduction du train de vie de l’Etat, nous avons des structures faramineuses, des institutions budgétivores et on nous dit ‘’on va voir’’, ‘’on a instruit’’… », a-t-il fustigé.
Pour le représentant du président du groupe parlementaire Burkinlim, Alidou Sanfo, c’est un Premier ministre qui a traduit sa foi et toutes ses convictions et détermination par rapport à la conduite des affaires du pays pendant les 20 prochains mois. Il a indiqué que le discours est un engagement et, en même temps, un appel des Burkinabè au sursaut patriotique, à la défense du territoire national et à la collaboration. « Nous avons l’impression, a révélé Alidou Sanfo, qu’il met l’accent de sa déclaration sur la sécurité et la réconciliation ».
A part le fait que le PM ait sacrifié à une tradition constitutionnelle, le président du groupe UPC (Union pour le progrès et le changement), Koumbaterssour Nicolas Dah, n’a rien vu de nouveau dans cet exercice. « Quand il dit que sa déclaration est une feuille de route de sa contribution à la réalisation du programme du président, c’est un changement dans la continuité », a-t-il assuré.
Par conséquent, le groupe a pensé qu’il ne sied pas de donner la confiance à quelqu’un qui s’inscrit dans la même dynamique que son prédécesseur. De l’avis de M. Dah, le seul point qu’il a retenu comme innovation, c’est l’intention du PM d’aller à la réconciliation. Il a jugé que cela a été malheureusement énoncé de façon vague.
Tielmè Innocent KAMBIRE