Le Souverain pontife est parti comme il a vécu : simplement. Le Pape François, né Jorge Mario Bergoglio, s’est éteint, au petit matin du lundi 21 avril 2025 à 7h35 (heure du Vatican), laissant derrière lui une Eglise bouleversée, un monde interpellé et un continent africain endeuillé. Le Burkina Faso, qui a bénéficié de son attention compatissante, perd en lui un intercesseur sincère et un ami fidèle.
Dans les travées de la Basilique Saint-Pierre, les cloches ont sonné longuement. La place, noire de monde, recueille les larmes du monde entier. Celles d’anonymes, de responsables religieux, de chefs d’Etat, d’enfants. Tous saluent une dernière fois l’homme qui a su, par la force douce de l’Evangile, redonner à l’Eglise sa vocation d’accueil, de proximité, de service.
Elu en mars 2013, le Pape François a surpris dès les premiers instants. Pas de trône, pas de grand discours. Juste un vœu de prière pour lui et une bénédiction silencieuse sur une foule médusée. Le ton vient d’être donné. Son pontificat va marquer une rupture, non pas pour choquer, mais pour rappeler l’essentiel : une Eglise au service des pauvres, des exclus, des périphéries existentielles.
L’Afrique est au centre de sa mission apostolique
Le Pape François n’a pas seulement parlé de l’Afrique. Il s’y est rendu, à plusieurs reprises. En Ouganda, au Kenya, en République centrafricaine, au Mozambique, à Madagascar, au Maroc, au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo … Malgré sa santé déclinante, il est allé là où l’Eglise souffre, là où les peuples espèrent que Dieu entende leurs cris, leurs supplications, leur désarroi, leur souffrance. En Centrafrique, il a même ouvert la Porte Sainte du Jubilé en 2015, loin de Rome, comme pour sacrer les douleurs africaines. Après une tournée au Kenya, en Ouganda et en Centrafrique, il déclarait que le continent « est un martyre de l’exploitation », soulignant aussi « les dégâts » causés par « certains programmes de développement ». Pendant son voyage, François a ainsi critiqué les programmes encourageant une baisse de la démographie.
L’attention du Souverain pontife a été constante envers le Burkina Faso. Lors des attaques qui ont frappé les églises de Dablo, de Pansi, de Silgadji, le Saint-Père a exprimé sa compassion. Il a porté la douleur du peuple burkinabè dans ses homélies et ses appels.
Des réformes et des résistances dans la barque
Le Pape François a soutenu, par la prière et par ses exhortations, l’engagement du clergé local et des communautés chrétiennes face à l’adversité, appelant à la paix, au dialogue et à la réconciliation.
Au sein même de l’Eglise, le Pape François n’a jamais été un pontife de statu quo. Il a mis en œuvre de vastes réformes au sein de la Curie romaine en imposant la transparence financière, en renforçant la lutte contre les abus sexuels et en exigeant que les voix des victimes soient entendues. Sa volonté de simplifier l’accès aux sacrements pour les divorcés remariés, son ouverture envers les personnes LGBTQ (Lesbiennes, Gays, Bisexuel(le), Transgenre, Queer ou Questioning et autres identités : intersexe, asexuel, pansexuel, non-binaire, etc.) ainsi que son plaidoyer pour l’écologie intégrale ont parfois suscité critiques, controverses, voire oppositions. Toutefois, il ne s’en est jamais détourné.
Fidèle à son nom, en référence à François d’Assise, il a incarné un pontificat de dépouillement, de miséricorde et d’audace spirituelle. Une Eglise « hôpital de campagne », comme il n’a eu de cesse de le répéter, « au chevet des douleurs humaines ».
Un dernier adieu dans la simplicité et l’universalité
Les obsèques du Pape François, célébrées au Vatican, vont rassembler des foules immenses et silencieuses venues de toute la planète. Parmi elles, une délégation du Burkina Faso, conduite par des autorités religieuses et politiques, va certainement marquer sa présence pour saluer une dernière fois le pasteur qui a constamment porté le pays dans ses prières. Dans les églises du pays des Hommes intègres, messes, veillées et hommages sont prévus tout au long de cette période funéraire.
Dans le respect du rituel catholique, le corps du Pape François, 266e successeur de Saint Pierre, va être inhumé dans la crypte papale. C’est le reflet de l’image d’un cercueil simple, sans ornements, porté par des cardinaux aux visages fermés qui va rester graver dans la mémoire collective.
Quel successeur pour poursuivre le souffle de François ?
Le conclave va être convoqué dans les prochaines semaines.
Les cent-vingt (120) cardinaux électeurs se réunissent dans la Chapelle Sixtine, dans le silence et la prière, pour discerner qui, parmi eux, peut poursuivre l’œuvre engagée. L’Afrique, forte aujourd’hui d’un Christianisme dynamique et jeune, est plus que jamais regardée comme une terre de renouveau. Certains espèrent, non sans émotion, l’élection d’un Pape africain. Sans ignorer que l’Esprit souffle où il veut…
Le Pape François quitte physiquement une Eglise en transition qui a tant besoin d’un avenir à construire. Sa disparition ouvre une nouvelle page de l’histoire de l’Eglise catholique. Une ère s’achève, mais son souffle prophétique demeure. Dans les villages du Sahel, comme dans les banlieues de Rome ou dans les chapelles, les paroisses, les cathédrales, les monastères, les abbayes, les sanctuaires, les basiliques du monde entier, les fidèles pleurent un pasteur proche, un homme bon, un frère en humanité. Et déjà, dans le silence de la prière, une même question résonne : qui, demain, va porter la croix de Saint Pierre ?
La Rédaction