
En Afrique subsaharienne, le paludisme est l’une des maladies les plus mortelles avec, chaque année, de nombreux décès chez les enfants et femmes enceintes notamment. Dans cette interview, le Médecin chef du district sanitaire (MCD) de Ouahigouya, Dr Lozé Issa Traoré, revient sur les modes de transmission, les signes et manifestation de la maladie ainsi que les bonnes pratiques pour se protéger du paludisme ou la malaria. A cela s’ajoute l’impact de la réduction des prix des médicaments et des examens sur l’offre de soin de qualité.
Sidwaya : (S.) : Le paludisme fait de nombreuses victimes au sein des populations, surtout en cette période de pluie. Quelles sont les causes principales de cette maladie ?
Dr Issa Lozé Traoré : (I.L.T.) : Le paludisme est l’une des premières causes de consultation et d’hospitalisation avec des chiffres très importants au niveau des décès dans les centres de santé du pays. Le paludisme est transmis par la piqure de la femelle du moustique qu’on appelle anophèle femelle qui, pendant sa piqure, transmet le plasmodium qui va être la cause du paludisme. Le plasmodium est composé de cinq espèces mais au Burkina Faso on rencontre plus le plasmodium falciparum et le plasmodium malariae.
S : Quels sont les signes de la malaria ?
I.L.T. : La fièvre constitue l’un des principaux signes du paludisme. Mais après la fièvre, il y a les céphalées, des frictions, des vomissements, des vertiges et même des douleurs abdominales.
S : Comment se manifeste la maladie ?
I.L.T. : Lorsque vous êtes piqués par le moustique femelle (anophèle), il va transmettre le plasmodium dans l’organisme. Une fois dans l’organisme, le plasmodium va se multiplier et l’organisme, à son tour, va tenter de se défendre. Ainsi commence la fièvre, les frissons, les maux de tête et les vomissements et même souvent le coma si le malade n’est pas consulté tôt.
S : Quelles sont les personnes à risque au paludisme ?
I.L.T : Les personnes à risques au paludisme sont principalement les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans. C’est pourquoi la campagne de vaccination chimio prévention saisonnier du paludisme s’intéresse uniquement aux enfants dont l’âge est inférieur à 5 ans. Mais, les adultes aussi peuvent faire le paludisme.
S : Plusieurs personnes confondent le paludisme et la dengue. Certaines personnes disent palu-dengue. Comment faire la distinction entre ces deux maladies ?
I.L.T. : Il y a effectivement une confusion totale entre le paludisme et la dengue. Les symptômes des deux maladies se ressemblent beaucoup par les signes tels que la fièvre, les frissons et autres. Mais, le risque de faire une hémorragie est élevé pour la dengue. Dans ce cas, ce sont les examens sanguins qui vont permettre de faire la distinction entre le paludisme et la dengue. C’est la raison pour laquelle, nous invitons les personnes qui manifestent ces signes à se rendre dans le centre de santé le plus proche pour se faire consulter. Ce qu’il faut retenir également, c’est qu’on peut faire à la fois les deux maladies, c’est-à-dire le paludisme et la dengue.
S : Existe-t-il une confusion entre le paludisme et d’autres maladies ?
I.L.T. : Oui. Il y a une grande confusion entre le paludisme et d’autres maladies comme la fièvre typhoïde, la fièvre jaune, la méningite dont le début ressemble également à celui du paludisme. En gros, cela concerne toutes les maladies qui débutent par une fièvre. C’est pourquoi, nous insistons sur l’importance de la consultation dans le centre de santé le plus proche afin de déterminer le mal pour bénéficier d’une prise en charge rapide. De plus, il y a des agents de santé à base communautaire qui sont dans les quartiers avec des compétences nécessaires pour venir en aide à la population.
S : Nous sommes en saison pluvieuse, un moment où on constate une augmentation des cas du paludisme dans les centres de santé. Quelles sont les conduites à tenir pendant cette période de l’année pour éviter le paludisme ?
I.L.T. : L’une des conduites à tenir pour éviter le paludisme, c’est l’hygiène. Eviter les eaux stagnantes dans les différents ménages en détruisant les gîtes larvaires. En effet, ce sont des lieux où le moustique femelle (anophèle) porteuse de germe, se développe facilement. De plus, il faut dormir sous des moustiquaires imprégnées, surtout les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans afin de réduire au minimum les piqures des moustiques. Chaque année, dans notre région, le paludisme fait beaucoup de victimes malheureusement et chacun doit jouer sa partition dans la lutte contre cette maladie.
S: Les autorités du pays dans leur nouvelle vision, à travers l’Initiative présidentielle « la santé pour tous », ont pris des mesures telles que la réduction des prix des examens, le renforcement des ressources matérielles de soin afin d’améliorer l’offre de la qualité de santé pour la population. Comment trouvez-vous cette initiative ?
I.L.T. : Aujourd’hui, nous pouvons affirmer sans hésiter que ce sont des initiatives saluées à leurs justes valeurs. Les Burkinabè peuvent désormais se soigner à moindre coût grâce à ces initiatives. C’est un ouf de soulagement pour les acteurs de la santé ainsi que la population. La réduction des prix des médicaments et des examens a des impacts significatifs sur l’offre de soin de qualité. Aujourd’hui, elle permet à certaines populations dont les moyens sont limités de faire des examens à prix social (scannage, dialyse et autres). A travers ces initiatives, le nombre de consultations est en hausse dans les centres de santé et cela grâce à la vision des plus hautes autorités.
S : Cette initiative produit-elle déjà des résultats au sein du district sanitaire de Ouahigouya ?
I.L.T. : Les résultats sont perceptibles. La réduction des prix des médicaments est effective dans tous les centres de santé de Ouahigouya. Il y a la campagne de distribution des moustiquaires imprégnées, la campagne de vaccination chimio prévention saisonnier du paludisme dont nous venons de boucler la première phase au cours de laquelle 266 810 enfants de moins de 5 ans ont été vaccinés. Il y a aussi la gratuité des soins des enfants de moins de 5 ans. Nous profitons de votre micro pour remercier les autorités du pays à commencer par le chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, le ministre de la Santé, Dr Robert Lucien Jean Claude Kargougou, qui, à travers leurs visions notamment l’Initiative présidentielle « la santé pour tous », ont fait de l’offre et la qualité des soins de santé une réalité au Burkina Faso. Cette initiative permet aux couches défavorisées de se procurer des soins de santé à moindre coût. La réduction des prix des examens de scanner, de dialyse et d’autres maladies est un exemple parmi tant d’autres. Aux FDS et VDP qui sont sur les terrains de combat, que le Tout puissant veille sur eux, les protège dans leur mission de reconquête du territoire et que la paix revienne au Burkina Faso !
S : Quel appel avez-vous à l’endroit du personnel soignant ?
I.L.T.: A mes collègues, c’est de les féliciter, dans un premier temps, pour les sacrifices consentis pour le bien-être des populations. Malgré le contexte sécuritaire difficile, il faut souligner que les agents de santé donnent le meilleur d’eux-mêmes pour répondre aux besoins de la population en matière de santé. Nous avons pris des engagements et au regard des résultats, il faut saluer leur courage et leur détermination. Ensuite, c’est de les inviter à plus d’engagement car le travail dans le domaine de la santé est un sacerdoce et nous devrons à tout moment accomplir notre mission qui est de sauver des vies.
Interview réalisée par Bassirou BADINI