La 22ᵉ Rencontre nationale gouvernement – secteur privé (RNGSP), tenue les 10 et 11 novembre 2025 à Bobo-Dioulasso s’est inscrite dans une volonté commune de scruter les réalités de l’économie burkinabè sans détour. Ce rendez-vous annuel constitue des moments privilégiés où l’Etat et les acteurs économiques acceptent de se retrouver pour dire ce qui va, ce qui coince, et surtout ce qu’il faut changer. Depuis plus de deux décennies, cet espace de dialogue entretient cette vérité que l’économie nationale ne peut avancer que si le gouvernement et le secteur privé se parlent franchement et s’écoutent surtout.
Dans une telle dynamique, les deux parties se sont résolues à analyser ensemble les goulots d’étranglement dans les différents secteurs d’activités. Dans ce face-à-face entre les décideurs et les principaux animateurs de la vie économique du pays, chacun s’est montré disposé à entendre l’autre, sans faux-fuyant.
Les réformes engagées au sein de la Chambre de commerce et d’industrie et de la Maison de l’entreprise du Burkina Faso illustrent bien ce tournant, en vue de mieux adapter ces structures au contexte actuel, marqué par une conjoncture économique internationale morose et l’exigence d’une résilience nationale sur fond de développement endogène. Le gouvernement et le secteur privé sont unanimes qu’il n’est plus possible de fonctionner comme avant. La communauté des affaires doit être mieux accompagnée, mieux structurée, mieux préparée pour affronter les nouveaux défis de l’environnement régional, continental et mondial.
De son côté, le gouvernement entend garantir la souveraineté économique en intervenant là où les enjeux dépassent les intérêts individuels, tout en s’attelant à améliorer et assainir le climat des affaires au profit des investisseurs nationaux et étrangers. Le Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a rappelé, sans détour, que l’incivisme fiscal, la fraude, la contrefaçon et le désordre ne peuvent plus être tolérés. L’autorité publique promet d’assumer sa part de responsabilité, mais elle attend en retour un engagement tout aussi sincère du monde des affaires.
Le gouvernement en appelle donc au patriotisme économique. Il induit également un élan d’investir local, produire local, consommer local. Ce sursaut national ne s’appuie pas sur un réflexe défensif. Il résulte de la réalité que le Burkina Faso ne peut se développer qu’en comptant d’abord sur ses propres forces.
La Rencontre nationale gouvernement – secteur privé 2025 ne règle certes pas tous les problèmes, mais elle fixe un chemin clair. Les conclusions sont appelées à être traduites en plan d’actions concrètes, avec un suivi rigoureux. C’est désormais sur ce terrain-là que les Burkinabè vont juger la sincérité des engagements. D’autant que l’économie nationale a non seulement besoin de stabilité, de discipline, mais aussi et surtout d’un partenariat lucide entre l’Etat et le privé.
Tant que ces deux forces acceptent d’avancer ensemble, malgré le contexte difficile, le pays garde une marge de croissance. Ce qui importe aujourd’hui, c’est de tenir le cap en transcendant l’adversité à laquelle le pays est confronté dans sa marche vers la souveraineté politique et économique.
Par Assétou BADOH






