Gouvernement-syndicat : sauver l’essentiel

Après trois années de suspension et plusieurs tentatives sans succès, le dialogue entre le gouvernement et les partenaires sociaux reprend, en principe, ce mardi 23 juillet 2019, dans une atmosphère dominée par la méfiance entre les deux parties. Le dernier rendez-vous manqué remonte au mois de mai 2019 où les deux camps s’étaient quittés dos-à-dos dès l’ouverture de la rencontre, à la suite d’ un désaccord. En effet, les organisations syndicales de travailleurs avaient posé, comme préalable à la poursuite des négociations, que le gouvernement donne une réponse satisfaisante à la question relative à l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS), prélevé sur les primes et indemnités servies aux travailleurs du privé et des établissements publics et parapublics de l’Etat. Le Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré, avait alors exprimé son regret face à la suspension des travaux, tout en réaffirmant la disponibilité de son gouvernement à reprendre les négociations dans les meilleurs délais.
Si la reprise du dialogue peut donc susciter de l’espoir, certains citoyens émettent des inquiétudes. Quelles sont les chances de succès de cette nouvelle rencontre gouvernement-syndicat ? Les deux camps ont-ils réussi à aplanir les difficultés sur les préalables ? Peut-on espérer une accalmie de la fronde sociale ? S’il est très tôt pour l’heure, de trouver des réponses à toutes ces interrogations, les deux parties doivent tout faire pour donner une chance au dialogue afin que les questions qui divisent profondément l’exécutif et les travailleurs puissent être abordées. Pour cela, le gouvernement, accusé à tort ou à raison de faire dans le dilatoire, doit se montrer franc et sincère dans les discussions avec les représentants des travailleurs. En retour, les syndicats qui vont à la table des discussions avec les préoccupations de leurs membres doivent également mettre un peu d’eau dans leur vin en évitant la politique de la chaise vide qui a montré toutes ses limites. Plusieurs gros dossiers seront probablement mis en discussions. Mais le plus attendu est la question de la remise à plat du système de rémunérations des agents publics de l’Etat. Une conférence nationale, tenue en juin 2018, avait réfléchi au sujet à la demande du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. Mais cette rencontre qui a regroupé «les forces vives» de la Nation et dont la mise en œuvre des conclusions avait été annoncée pour le premier trimestre à compter de janvier 2019 se fait toujours attendre. Mieux, des avantages ont été accordés à certains corps dans la foulée au point que l’on se demande aujourd’hui si ces recommandations, censées résoudre l’équité dans le traitement des fonctionnaires de l’Etat, sont encore d’actualité. Connaissant la position de certains leaders syndicaux qui avaient boudé la conférence, il est difficile d’attendre grand-chose de ces conclusions. D’aucuns avaient d’ailleurs émis de sérieux doutes sur l’application des propositions après la résolution de certaines revendications syndicales «au cas par cas» opérée par l’exécutif dans la même période. Pour autant, on ne va pas jouer les oiseaux de mauvais augure. Espérons que les deux partenaires fassent preuve de grandeur d’esprit en dépassionnant les débats pour sauver l’essentiel. Dans ce sens, le gouvernement et les syndicats doivent accepter de faire des concessions et trouver le juste milieu dans l’intérêt des usagers des services publics qui ont assez souffert des multiples grèves et mouvements d’humeur à répétition. Le président du Faso doit peser de tout son poids pour faire aboutir ce dialogue. Ce serait une grosse épine de moins pour le pays afin que celui-ci puisse s’attaquer à la lutte contre le terrorisme !

Beyon Romain NEBIE
nbeyonromain@yahoo.fr

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