Haro sur ces tintamarres !

La cartographie des lieux de réjouissance au Burkina Faso pousse à un dilemme. Comment parvenir à concilier repos et vacarme? Trouver réponse à cette question, reviendra à marier l’eau et le feu. Il y a toujours une primauté de l’un sur l’autre. Ainsi, le vacarme ou pour être plus précis, les nuisances sonores créent des désagréments sans nul autre pareil dans nos cités. Les sources de ces nuisances se créent chaque jour avec ou sans autorisation de la mairie au nom plus ou moins évocateur. C’est tellement rentable que depuis peu, des domiciles privés sont transformés en lieu de réjouissances permanentes sans tenir compte de la quiétude du voisinage. Personne ne fait la différence entre une buvette, un bar, un dancing et même une boîte de nuit. Tous jouent à fond de la musique quel que soit le temps, et surtout l’heure.

Au voisinage de se trouver de quoi se boucher les oreilles. Bonnes gens, expliquez comment comprendre que l’on ouvre dans un quartier, parfois derrière la chambre à coucher d’un citoyen, un lieu où la musique est distillée sans aucun égard pour les résidents ? Personne n’est contre ceux qui font de la réjouissance quotidienne une activité lucrative d’où ils tirent l’essentiel de leurs ressources. Là où le bât blesse, c’est lorsque cette action entraîne de force les voisins, joue contre leur épanouissement et peut aussi entraîner une baisse de leur rendement. Que peut la puissance publique pour atténuer une action qui n’est pas sans conséquence sur la santé des citoyens ?

Il est difficile pour le cerveau de tenir d’affilée 24 heures sans repos. Pendant que vous fonctionnez la journée, eux, ils se reposent allègrement pour venir vous perturber la nuit. S’ils acceptaient partager la poire en deux ou en trois, en insonorisant leur business, et arrêtant toute musique, ou de concert avec le voisinage en s’offrant le weekend pour leur agape, personne ne trouvera à redire. Dans une société exposée au risque de maladies de toutes formes, si l’intrusion des nuisances pouvait être règlementée, bien de secteurs se porteraient mieux. Il est vrai que les tenanciers de ces lieux payent des taxes, qu’ils contribuent à embaucher des jeunes, qu’ils participent à l’effort de développement. Mais tout de même pas en sacrifiant la santé d’autres citoyens. Ailleurs, dans certains pays, à partir de 22h, la ville fonctionne sans musique.

Ou, s’il y a de la musique, c’est bien d’une musique adaptée, douce et suave qui accompagne le voisinage dans son repos. Pas de tintamarre qui tonne jusqu’à réveiller des sourds. Notre problème à nous, c’est le «je m’en fous» de l’autre qu’accompagne bien souvent «il ne sait pas qui je suis». Erreur, tu n’es qu’un pauvre, une charogne dès lors que le souffle te quitte. Il faut espérer qu’un jour la compréhension prévaudra pour harmoniser un vivre-ensemble où chaque maillon est important. Déjà avec les gros porteurs, le moment où la compréhension entre différents acteurs prendra le dessus n’est certainement pas loin. Espérons, ce jour aussi, où à partir d’une certaine heure, les tenanciers de lieux de réjouissance vont consentir à couper ou du moins à réduire la musique afin de permettre aux voisins de respirer, est proche. Loin de nous d’imaginer une société sans musique, car elle accompagne certaines de nos actions en période de joie ou de peine.

Jean Philippe TOUGOUMA

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