Les grandes douleurs sont muettes, dit-on. Peinés et meurtris depuis plus de quatre ans, les Burkinabè l’ont davantage été avec l’attaque, le mardi 24 décembre dernier, du détachement militaire d’Arbinda dans le Sahel, par des hommes armés. Les populations civiles ont aussi été prises pour cibles, selon un communiqué de l’Etat-major général des armées. La riposte des gendarmes et des militaires, bénéficiant d’un appui aérien, a permis de neutraliser 80 assaillants et de récupérer du matériel militaire et une cinquantaine de motos détruites ou récupérées, selon l’Etat-major. Du côté des forces armées, sept soldats, notamment quatre militaires et trois gendarmes, sont tombés et une vingtaine de blessés a été enregistrée. Déroutés et traqués, les « fous de Dieu » ont fait 35 victimes civiles, en majorité des femmes. Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a décrété un deuil national de 48 heures à compter du 25 décembre 2019 en mémoire des 42 personnes tuées pendant cette journée.
Ce bilan macabre a donc entraîné la mise en berne du drapeau et l’interdiction des réjouissances populaires, alors qu’à l’instar des autres Chrétiens du monde, ceux du pays des Hommes intègres s’apprêtaient à célébrer la naissance de leur Sauveur, Jésus Christ. Le cœur meurtri, ils ont accueilli leur messie, avec l’espoir que le pays se relèvera et prendra le dessus sur les forces du mal. Attaquées depuis des mois, nos braves Forces de défense et de sécurité (FDS) ont commencé à habituer le peuple à des victoires, qui présagent d’un retournement de situation en leur faveur. Prises de cours dans cette guerre asymétrique qui leur a été imposée par un ennemi inconnu, elles ont appris à se réorganiser pour adapter leurs stratégies à la nouvelle donne. Dans l’Est du pays, au Sahel, au Nord et dans la Boucle du Mouhoun, les nombreuses attaques repoussées et les grandes pertes humaines et matérielles infligées aux groupes terroristes prouvent que le courage et l’engagement des FDS commencent à porter des fruits. Convenons alors avec le psychiatre Alfonso Caycedo que « la victoire ne va pas à celui qui part le premier, mais à celui qui conclut ». Ces actions héroïques à répétition de nos soldats sèment le doute et la panique dans les rangs de l’ennemi, qui sera vaincu tôt ou tard. La montée en puissance des « boys » du général Moïse Miningou a dû prendre du temps, mais les résultats sont à présent appréciables.
Il serait illusoire de penser que les pertes civiles et militaires vont se limiter aux centaines de morts que l’on a déjà enregistrées. Des citoyens, des militaires, policiers et gendarmes perdront encore la vie, mais la victoire sera nôtre, pour peu que les Burkinabè soient soudés derrière les FDS. Cet engagement collectif implique le strict respect des consignes de sécurité, un soutien moral, matériel et financier selon les moyens de chaque patriote, une franche collaboration en termes d’informations et de renseignements et l’adhésion à l’initiative de recrutement des volontaires pour la défense de la patrie. En attendant, nos braves FDS nous ont offert un beau cadeau de Noël, en éliminant 80 terroristes, réduisant du même coup leur force de frappe. Il reste à espérer que cette percée se poursuive. Le meilleur reste à venir !
Jean-Marie TOE