Alors que les Forces combattantes sont engagées nuit et jour sur le théâtre des opérations pour défendre la Nation contre les groupes armés, la justice s’emploie pour sa part à la manifestation de la vérité dans les dossiers de terrorisme. Ainsi, le Pôle spécialisé dans la répression des actes de terrorisme a tenu, de janvier à juillet 2025, sept sessions mensuelles, qui ont permis de juger 65 dossiers impliquant 125 prévenus. Entre autres, au nombre des accusés, 13 ont été condamnés à vie, 63 autres à des peines allant de 10 à 21 ans et à des amendes, dont le total dépasse 180 millions F CFA.
Dans cette volonté de vider les dossiers, la Chambre de jugement spécialisé, et il y a lieu de le souligner avec admiration, a vidé sa saisine dans les dossiers judiciaires en lien avec les attaques terroristes du 2 mars 2018 contre l’Etat-major général des armées et l’ambassade de France et l’opération antiterroriste du 22 mai 2018 dans le quartier Rayongo à Ouagadougou. Les jugements y relatifs ont donné lieu à la condamnation de 6 prévenus, dont 3 à la perpétuité et 3 autres à 21 ans de prison ferme chacun. L’abnégation et les sacrifices des acteurs de la chaine judiciaire concernés ont permis de conduire ces affaires à terme, et de rendre justice aux familles des victimes et à la Nation entière.
Les milliers de morts, les nombreux blessés et les dégâts matériels occasionnés par les attaques terroristes à l’échelle nationale depuis 2015 ne peuvent pas restés impunis. Hormis les assaillants tués, ceux arrêtés par l’armée doivent répondre de leurs actes. Les captifs doivent être jugés, en vue de situer les responsabilités et de prononcer les sentences qui siéent au cas échéant. Pour qui connait la gravité et les conséquences des actes terroristes, leurs auteurs ne méritent aucun égard encore moins de pitié. Certains citoyens ne trouvent d’ailleurs pas utile de juger les terroristes.
Ils estiment qu’ils doivent subir le même sort réservé à leurs victimes et qu’aucun juge ne doit dépenser des énergies pour écouter des « sans foi ni loi ». Cette vision du traitement des auteurs d’actes terroristes se comprend, à l’aune de la colère et de la révolte, mais leur jugement est une exigence républicaine, voire un exercice plein d’enseignements. S’ils permettent de sanctionner pour l’exemple et de dissuader d’éventuels enrôlements, les procès pour terrorisme peuvent également aider à cerner davantage le phénomène.
En l’espèce, ils peuvent aider à comprendre, un peu plus, les motivations et les manifestations de cette guerre asymétrique, qui met à mal le tissu social et l’économie nationale. Les avancées notées dans le jugement des dossiers de terrorisme sont à l’honneur de la justice et vont de pair avec les efforts consentis sur le terrain par les Forces combattantes. Malgré la complexité de la tâche, celles-ci engrangent des victoires au fil du temps et ont permis à de nombreux déplacés de regagner leurs villages, jadis occupés.
Si la lutte contre le terrorisme est un combat de longue haleine, la détermination des Forces combattantes fait la différence et donne des résultats encourageants. Le taux de reconquête du territoire national est passé de 70,89 % en décembre 2024 à 72, 70% à la mi-2025, selon le ministre de la Défense, le général Célestin Simporé. La preuve, que les lignes bougent lentement mais surement…
Kader Patrick KARANTAO