Le Mali connaît enfin l’identité de son président et de son vice-président de Transition. Il s’agit respectivement de l’ex-ministre de la Défense, Bah N’Daw et du chef de la junte, colonel Assimi Goita, qui a lui-même fait l’annonce hier, lundi 21 septembre à ses compatriotes. La désignation de ces deux responsables qui auront la lourde charge de diriger la Transition intervient à quelques heures de la fin de l’ultimatum de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Faut-il le rappeler, les « tombeurs» de Ibrahim Boubacar Keïta avaient été sommés par les dirigeants de l’organisation ouest africaine de désigner des civils à la tête de cette transition, au risque de voir une série de sanctions s’abattre sur eux. Mais, le choix de cet ancien militaire fera-t-il le poids devant la classe politique malienne qui exigeait, elle aussi, la nomination de civils à la tête du pays ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que le choix du colonel Assimi Goita, vice-président de cette transition se trouve aux antipodes des critères des dirigeants ouest africains qui ne voulaient pas d’un homme en treillis.
Face au choix de ces deux personnalités, tout porte à croire que l’ambition du Conseil national du salut du peuple (CNSP) qui entendait, au lendemain du putsch, donner une direction militaire à la transition est en passe de se réaliser. En voulant prendre les commandes du pays, les militaires ont prétexté de la nécessité de « refonder l’État et les institutions du pays », décriés dans leurs formes actuelles. Un discours qui, vraisemblablement, avait séduit la majorité des Maliens sans même être certains de la sincérité des putschistes.
Dès lors, l’on est en droit de se demander si l’ex-ministre de la Défense, Bah N’Daw et le colonel Assimi Goita sont une alternative crédible à une classe politique vouée aux gémonies et restée parfois muette face aux différentes revendications. C’est un questionnement qui taraude déjà l’esprit de bien d’analystes, tant au Mali qu’à l’extérieur du pays. Mais, au-delà, l’important pour les nouveaux dirigeants « transitoires », c’est de se pencher sur les axes de développement. En effet, meurtris par les attaques terroristes et les effets néfastes de l’embargo économique de la CEDEAO, les Maliens espèrent voir la gouvernance démocratique de leur pays se renforcer. Las de tous ces soubresauts, le peuple ne rêve que la stabilité, la cohésion sociale et la relance de son économie, ainsi que l’organisation d’élections générales libres et crédibles afin de redorer le blason du pays, dans le concert des Nations. Toutefois, gageons que les nouveaux dirigeants aient mis sur la table, les vrais enjeux de la crise pour qu’avec l’aide de tous les acteurs, les problèmes auxquels le pays est confronté trouvent des solutions définitives. Sinon, il sera difficile de sortir des troubles avec le risque de voir l’histoire se répéter. C’est pourquoi, Bah N’Daw et les siens doivent jouer franc jeu pour ne pas que l’euphorie suscitée par le départ du président IBK ne devienne pas un leurre. Cela, pour ne pas donner raison aux partisans de « la critique facile » qui croient en l’incapacité des pays africains à trouver des solutions endogènes.
Cette transition ne devrait pas « s’éterniser », ni être perçue comme l’occasion ultime de régler tous les problèmes du Mali. Les parties prenantes du «feuilleton » malien, gagneraient plutôt à travailler pour que ce vaste pays puisse retrouver le chemin de l’espoir et du combat pour son développement.
Soumaïla
BONKOUNGOU