Dans le contexte d’insécurité préoccupante au Nigéria, ce sont des nouvelles de nature à donner des lueurs d’espoir. En début de semaine, environ 130 élèves enlevés courant novembre à l’école catholique St. Mary, dans le village de Papiri au Nord du pays, ont été relâchés par leurs ravisseurs. Une centaine d’autres élèves et 25 jeunes filles, kidnappés dans la même zone et dans le même mois, ont également été libérés dans la foulée. Ces informations ont été données par le gouvernement nigérian qui n’a pas fourni de détails sur les conditions de cette libération. Des rançons ont-elles été versées ? Motus et bouche cousue. Si ces libérations sont à saluer, elles rappellent le phénomène très inquiétant des enlèvements au Nigeria par des groupes armées, avec en tête le mouvement islamiste Boko Haram.
Le mois de novembre a particulièrement connu un pic, avec l’enlèvement de plus de 400 personnes issues de divers milieux, ce qui est très déplorable. Ces enlèvements ont prospéré à cause de l’insécurité qui prévaut au Nigeria depuis plus de deux décennies, avec les attaques meurtrières et les exactions en tout genre des groupes armés. Malheureusement, les régimes se succèdent mais le problème demeure et gagne du terrain, à la désolation des populations condamnées à subir régulièrement les humeurs des « Hors-la-loi ». Au pouvoir depuis 2023, le Président Bola Ahmed Tinubu, n’a pas pu vaincre l’adversité, malgré les efforts consentis. Si des sacrifices ont été déployés pour équiper l’armée nigériane et libérer par moment des otages, encore faut-il savoir quelle contrepartie est apportée, les groupes armés ont toujours le vent en poupe et démontrent à souhait leurs capacités de nuisance.
La persistance des attaques et surtout la recrudescence des enlèvements interpellent au plus haut sommet de l’Etat nigérian. La secte Boko Haram à elle seule a fait plus de 40 000 morts et plus de deux millions de déplacés. La courbe de la criminalité monte en flèche dans le pays, en témoigne un score en la matière qui est passé de 7,15 en 2021 à 7, 28 en 2023, selon l’Indice mondial du crime. Le Nigéria est classé 2e en Afrique et 6e au rang mondial en termes de criminalité et cela ne fait pas rire. Le Président Tinubu, dont le bilan en matière de lutte contre l’insécurité, n’est pas reluisant, a du pain sur la planche. Ses compatriotes piaffent d’impatience, à l’idée de voir sa promesse de renforcer la sécurité nationale pour garantir la paix et la prospérité se réaliser.
La volonté y est, mais la réalité sur le terrain n’est pas encore à la hauteur des nombreuses attentes. A part quelques avancées notées çà et là, le chef de l’Etat nigérian doit donc travailler à présenter un bilan plus accrocheur, au soir de son premier mandat, lui qui aspire à un second mandat en 2027. C’est de cette manière, qu’il pourra maintenir et renforcer la confiance de ses compatriotes à son action.
Kader Patrick KARANTAO





