Les semaines se suivent et se ressemblent désormais sur le front de la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso. Du Nord à l’Est en passant par le Sahel, les «boys» du général Miningou, le Chef d’état-major général des armées (CEMGA), ne rapportent que de bonnes nouvelles à la nation. En effet, après les 146 terroristes neutralisés au Nord et dans la Boucle du Mouhoun, à la suite de l’attaque de Kaïn et après les 21 hommes armés mis hors d’état de nuire dans la zone de Oursi, les troupes ont encore fait parler d’elles. Les 19 et 20 février 2019, elles ont encore tué 29 terroristes dans la région de l’Est, avec à la clé, une grande quantité d’armes et de munitions récupérées dans les localités de Kompienbiga et de Kabonga, dans les forêts de la région de l’Est. Même si l’armée ne communique pas sur tout (ce qui est normal), il faut reconnaitre qu’au bas mot, les choses bougent et dans le bon sens sur le terrain de la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso. En tous les cas, depuis les changements à la tête des ministères en charge de la Défense et de celui de la Sécurité, avec l’arrivée respective de Chériff Sy et du colonel à la retraite, Ousséni Compaoré, les décomptes macabres des attaques meurtrières qui endeuillent les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les civils, a vraisemblablement diminué. Et pour cause, les réajustements au niveau du haut commandement de l’armée, ajouté à l’Etat d’urgence, ont donné un nouveau souffle à cette guerre asymétrique, avec nos forces spéciales qui allient frappes aériennes et opérations terrestres. Aidés par les renseignements qui, à ce qu’on dit, «répondent» de plus en plus, nos FDS mouillent la tenue et il faut les en féliciter. La lutte contre le terrorisme est un combat de longue haleine et il serait illusoire de trop vite crier victoire. Le mal est malin et l’ennemi ne s’avouera donc pas si facilement vaincu. Par conséquent, ce ne sera pas de sitôt que les attaques et massacres vont cesser mais les récents échos du champ de guerre prouvent à volonté que le Burkina Faso est en train de prendre progressivement le dessus sur les forces du mal. Cette «progression» est d’autant plus nécessaire qu’avec la saison des pluies qui ne tardera pas à s’annoncer, de nombreuses inquiétudes surgissent. En effet, pour qui connaît les réalités de certaines zones reculées du pays, une fois l’hivernage installé. La tâche se compliquera davantage pour nos FDS, du fait de l’inaccessibilité de certaines parties du pays due à l’impraticabilité des voies. Dans les forêts de l’Est, dans le sable du Sahel ou les tréfonds de la Boucle du Mouhoun, plusieurs villages restent coupés du monde pendant quatre ou cinq mois, immédiatement après les premières pluies. Le temps presse donc dans la «reconquête des zones perdues» afin de déloger et neutraliser au plus vite les terroristes qui ont installé leur quartier dans certaines grottes et forêts du pays. Sinon, le réveil sera douloureux à la fin de la prochaine saison pluvieuse parce que ces terroristes auront eu tout le temps pour s’enraciner dans ces villages. Il urge pour les troupes de «nettoyer le coin», mais c’est surtout avec l’étroite collaboration des populations qu’elles y arriveront si l’on sait que les renseignements sont une arme aussi efficace que celles utilisées sur le champ de combat. Sur ce plan, l’espoir est permis parce qu’ayant pris conscience de cette nécessité, les populations se manifestent progressivement par des marches de soutien aux FDS et des contributions diverses à l’effort de guerre. Il reste que l’épineuse question des moyens matériels et financiers demeure. Espérons que la loi de programmation militaire (2018-2021) apportera les solutions à cette équation.
Jean-Marie TOE