
Le ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, Pingdwendé Gilbert Ouédraogo, a conduit une forte délégation pour participer au 17e Festival international de musique militaire Spasskaya Tower. En marge des prestations de l’orchestre de la présidence du Faso, il a accordé une interview au média RT en français. Le porte-parole du gouvernement, après avoir expliqué les raisons de la participation du pays des Hommes intègres à ce rendez-vous, aborde la place de la culture au Burkina Faso, les raisons du choix d’un partenariat stratégique avec la Fédération de Russie. Il réaffirme le caractère non négociable de la souveraineté du Burkina Faso.
RT : Vous participez notam-ment au Festival militaire de la musique, ici même sur la Place rouge. Quels sont les principaux objectifs de votre visite en Russie ?
Pingdwendé Gilbert Ouédraogo (P.G.O.) : Je commencerai par remercier les autorités russes qui ont fait l’honneur à notre pays, le Burkina Faso, de l’associer à cette 17e
édition du Festival international de musique militaire. Nous sommes
à la tête d’une délégation d’une trentaine de personnes composées essentiellement de musiciens, de chanteurs, qui sont réunis au sein de l’orchestre de la présidence du Faso.
Nous venons avec bien sûr une vision claire de ce que nous voulons apporter en termes d’échanges culturels entre le Burkina Faso et la Fédération de Russie parce que, comme vous le savez, depuis quelques années déjà, nous sommes en train de travailler à renforcer, sinon à dynamiser de plus en plus cette coopération bilatérale qui, en seulement trois années, après donc la relance de cette coopération, donne beaucoup de satisfaction à nos premières autorités, notamment au sommet de l’Etat.
Il vous souviendra qu’en mai dernier, le chef de l’Etat burkinabè, Son Excellence le capitaine Ibrahim Traoré, a effectué une visite officielle, et c’était d’ailleurs la deuxième visite puisque la première a eu lieu à Saint Pétersbourg en 2023. Cette année encore, le chef de l’Etat était là à l’occasion de la célébration du 80e anniversaire de la Grande victoire de la Russie. Donc, c’est dire que pour le Burkina Faso, notre présence à ce festival revêt une importance capitale.
Nous venons démontrer ce que nous savons faire sur le plan culturel, mais nous avons également l’ambition d’apprendre de notre partenaire russe, parce que nous savons que vous avez une culture qui date de plusieurs millénaires, et donc sur le plan de la musique, la musique militaire, il y a des expériences que nous entendons capitaliser.
Je dois dire que depuis que nous sommes là, les choses se passent merveilleusement bien, et je voudrais véritablement saisir l’occasion pour remercier l’ensemble des organisateurs.
RT : Justement, vous parliez du fait que vous êtes à la tête d’une grande délégation constituée notamment de l’orchestre présidentiel qui participe au Festival militaire de la musique. Que représente cet événement pour le Burkina Faso et comment l’art et la culture deviennent-ils des vecteurs diplomatiques ?
P.G.O. : Vous savez que le Burkina Faso est, par essence, un pays de culture, un pays de tradition. Nous avons un riche patrimoine culturel, que ce soit sur le plan matériel, mais aussi sur le plan immatériel. Nous avons des savoir-faire et nous avons des richesses que nous sommes en train aujourd’hui de travailler à valoriser de plus en plus. Donc, notre stratégie qui est adossée à la Stratégie nationale de la culture et du tourisme se veut être orientée vers deux axes principaux.
D’abord, nous travaillons à révéler ce que nous avons aujourd’hui comme richesses parce que nous avons plus de 60 ethnies au Burkina Faso et chaque ethnie a sa particularité, sa spécificité, qui commence déjà par la langue, mais aussi au niveau des pratiques culturelles, nous avons des différenciations. Donc, nous travaillons à mettre tout cela en exergue pour que les Burkinabè eux-mêmes puissent mieux connaître la culture de leur pays. Le deuxième axe, c’est le volet international, qui est extrêmement important, parce qu’aujourd’hui, aucun pays ne peut vivre en autarcie, renfermé sur lui-même.
Le Burkina, qui a amorcé une nouvelle dynamique du développement économique et social, a besoin de s’ouvrir aussi au reste du monde. Et le chef de l’Etat a fait le choix d’adosser sa politique sur le développement endogène. Et qui parle de développement endogène, dit bien sûr, cette capacité à aller donc puiser dans le substrat de
nos richesses culturelles. Donc, aujourd’hui, à l’image des grandes nations, nous voulons nous appuyer sur notre culture.
En venant ici à Moscou, notre objectif est très clair, c’est montrer ce que le Burkina Faso est, parce que vous savez que, malheureusement, certains médias, particulièrement les médias occidentaux, ont peint notre pays en noir, ont tourné en dérision toutes les options politiques qui ont été faites jusque-là, alors que, fort heureusement, ce sont des options gagnantes. Aujourd’hui, nous constatons sur le terrain toute l’avancée qui est en train d’être faite dans la lutte contre le terrorisme.
Mais, ce n’est pas seulement que la lutte contre le terrorisme, mais c’est aussi la lutte pour le développement. En venant ici avec l’orchestre de la présidence du Faso, c’est certes le volet culturel qui est mis en avant. Profiter donc de cette capacité que nous avons sur le plan culturel et faire davantage connaître le Burkina et montrer le Burkina Faso comme étant un pays conquérant, un pays de vaillant peuple qui, au quotidien, se satisfait de ce qu’il est, mais également conscient de ses limites, de ses insuffisances et de la nécessité d’aller chercher auprès d’autres partenaires, notamment les partenaires sérieux et sûrs comme la Russie.
RT : Votre ministère a récemment mis en avant la valorisation du patrimoine à travers des événements comme la Semaine nationale de la culture ou la nuit des Lompolo. Quelle place occupe la culture dans la stratégie souverainiste du Burkina Faso ?
P.G.O. : Le Burkina Faso, et je le disais tout à l’heure, est un pays véritablement culturel. Vous avez cité quelques évènements culturels. Ils représentent peut-être le dixième de ce que nous avons comme évènements et manifestations culturelles. En février dernier, nous avons organisé la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, le FESPACO, qui est un grand évènement de cinématographie qui fait d’ailleurs de Ouagadougou la capitale du cinéma africain.
Nous avons une grande expérience en matière de production mais aussi de coproduction avec certains partenaires qui ont permis, à travers des films burkinabè et de façon plus élargie des films africains, de montrer véritablement ce qu’est l’Afrique. Pendant longtemps, les médias ont montré à la face du monde ce que l’Afrique n’est pas. Ils ont mis les projecteurs sur le disfonctionnement, la famine, les guerres. Mais, il n’y a pas seulement que la famine ou la guerre en Afrique.
La Russie a connu également des périodes extrêmement difficiles. Donc, nous voulons que les médias puissent montrer ce que les peuples ont comme valeur pour pouvoir se révolter par rapport aux situations et s’orienter vers de meilleurs jours. Le cinéma africain a eu pour vocation de montrer à la face du monde, ce que l’Afrique est. Et je pense que sur ce segment, le Burkina Faso à travers ses grands réalisateurs tels que Idrissa Ouédraogo, Gaston Kabore et bien d’autres travaillent véritablement à montrer les belles faces du Burkina Faso et montrer que nous sommes un peuple vaillant, un peuple véritablement intègre.
Il y a également la Semaine nationale de la culture, dont la prochaine édition se tiendra du 25 avril au 02 mai 2026. Avec les audiences et les contacts que nous avons eus ici à Moscou, nous sommes en train de travailler à enregistrer la présence de la Russie à cette prochaine édition en tant que pays invité spécial.
Les retours que nous avons eus sont déjà favorables. Nous espérons véritablement compter sur la Russie parmi nos invités spéciaux à la prochaine édition de la Semaine nationale de la culture.
Pour revenir à votre question, je dirai qu’en plus de ces grands évènementiels, le chef de l’Etat a instruit le gouvernement qui a travaillé à instaurer le Mois du patrimoine burkinabè. Cette année, au mois d’avril, nous avons célébré la troisième édition. Il s’agit d’un mois durant lequel nous multiplions les initiatives pour faire connaitre notre riche patrimoine culturel. Nous invitons les Burkinabè et les amis du Burkina Faso à fréquenter nos différents sites touristiques, nos lieux de mémoires, nos différents musées parce que nous en avons un certain nombre.
Il y a le musée national mais, dans les régions, il y a des musées communaux ou des musées privés qui permettent au Burkinabè et aux amis du Burkina Faso de découvrir l’histoire du pays, ce qu’il a été depuis sa création, depuis son indépendance. Donc, c’est dire que nous sommes véritablement un pays de culture. En marge de ce Mois du patrimoine burkinabè, nous avons institué depuis deux ans maintenant, la Journée des traditions et coutumes célébrée chaque année le 15 mai.
Cette journée permet aux adeptes de la religion traditionnelle d’avoir une tribune d’expression. Nous voulons d’un pays où chacun a le droit d’exprimer sa croyance, le droit de s’exprimer tout simplement. Donc, cette journée a été très bien accueillie par les leaders coutumiers qui en profitent pour montrer leurs savoir-faire immatériels sur différents aspects. Que ce soit en matière de médecine traditionnelle, nous avons de grands savants qui ont des valeurs à inculquer à la jeune génération. En somme, je dirai
que beaucoup de choses ont été faites déjà, mais nous travaillons véritablement à renforcer ce que nous avons comme richesses sur le plan de la tradition et de la culture de façon générale.
RT : Outre les domaines tels que l’énergie et la sécurité, la coopération avec la Russie touche d’autres domaines tels que la culture ainsi que la santé et l’éducation. En quoi ce partenariat est-il différent de ceux qu’entretenait autrefois le Burkina Faso avec les pays occidentaux ?
P.G.O. : Comme vous le savez, le Burkina Faso, à l’instar d’autres
pays de l’Afrique de l’Ouest, est une ancienne colonie française. Malheureusement, nous sommes restés pris au piège de la France, jusqu’à un passé récent où nous avons fait l’option de diversifier nos options. C’est ce qui a permis qu’avec la Fédération de Russie, nous ayons entamé une coopération bilatérale qui aujourd’hui nous satisfait. Tout simplement parce qu’avec la Russie, nous dialoguons de partenaire à partenaire.
Nous ne sommes plus dans ce paradigme qui consiste à dire, vous êtes une colonie et nous sommes l’Etat de référence. Nous ne sommes plus dans ces acceptations. Nous sommes beaucoup plus dans un partenariat gagnant-gagnant. Je voudrais me référer au tête à tête que les deux chefs d’Etat ont eu en mai dernier. Vous avez vu que c’était véritablement sans complexe, sans condescendance. Aujourd’hui, le partenariat avec la Russie est multisectoriel. Il concerne les secteurs de l’énergie, de la culture, mais aussi les domaines de l’agriculture, de l’éducation et de la santé.
Nous entretenons des relations fort appréciables avec la Fédération de Russie. Pour nous, il ne s’agit pas de venir vers la Russie pour dire, nous demandons telle aide, nous voulons telle chose, non. Le chef de l’Etat l’a indiqué, nous sommes dans une dynamique d’échanges. Nous avons à donner et la Russie a à apporter.
Nous sommes dans le paradigme de donner et de recevoir. C’est de cette façon que nous percevons la coopération qu’elle soit bilatérale ou multilatérale. Nous entendons travailler à affirmer notre souveraineté et à conquérir totalement cette souveraineté.
RT : Parlant de souveraineté médiatique, vous êtes le ministre de la Communication du Burkina Faso. Comment votre pays lutte-t-il contre la désinformation, surtout à une époque où l’information est devenue une arme. Comment le pays compte-t-il défendre sa souveraineté médiatique ?

P.G.O. : Nous avons été pendant longtemps, victime de cette désinformation qui était faite à dessein et nous l’avons compris très vite. Et le chef de l’Etat a donné
des instructions très claires. L’information est aujourd’hui une arme redoutable, quelques fois plus destructrice que les armes conventionnelles que nous avons, parce que cette information procède d’une transformation mentale. Malheureusement, certains médias occidentaux qui étaient implantés dans nos pays pendant plusieurs années et qui avaient même réussi à s’imposer comme des références, ont montré véritablement leurs limites.
Et cela, nous l’avons compris. Je ne citerai pas nommément un média, mais nous avons travaillé à fermer tous ces médias qui ne faisaient que de la désinformation, parce qu’aux premières heures où la lutte contre le terrorisme était véritablement à une phase critique, nous avons enregistré des succès qui n’ont jamais été présentés comme étant des succès. Ces médias ont tout le temps communiqué sur les pertes que l’armée burkinabè enregistrait. Alors que vous savez que dans une guerre, on gagne et on perd. Dans la stratégie de communication de guerre, il y a des options à faire.
Pendant que le gouvernement burkinabè communique pour galvaniser les troupes engagées au front, quand il y a à côté des médias qui rament à contrecourant, cela vient saper tous les efforts, donc nous avons travaillé à fermer ces médias. Cette décision n’avait aucun caractère de méchanceté. Nous étions simplement obligés de le faire parce que
ces médias faisaient de la désinformation.
Sur les réseaux sociaux, ces médias avaient des tentacules, des porte-paroles qui animaient des pages dont l’objectif était de déstabiliser le pouvoir central mais aussi décourager les troupes engagées sur le front de la lutte pour la souveraineté. C’est ainsi qu’après les avoir fermés, nous avons mené des actions de sensibilisation, parce que nous avons des médias nationaux qui eux aussi n’avaient pas encore compris tout l’enjeu que la communication revêtait dans la lutte contre le terrorisme.
Certains de nos médias ont voulu continuer à faire le journalisme tel qu’on leur a enseigné dans les écoles classiques de journalisme, alors que quand on est en situation de guerre, on ne peut pas faire le journalisme comme en temps de paix. Il y a d’ailleurs ce qu’on appelle le journalisme de solution qui est un concept nouveau que nous avons travaillé bien sûr à enseigner à nos médias. Je pense que la plupart ont compris et beaucoup ont pris fait et cause pour leur pays. Un média ne vaut que par le patriotisme qui anime ses premiers responsables mais aussi des journalistes qui y travaillent.
Aujourd’hui, nous sommes satisfaits mais nous savons que la lutte ne fait que se poursuivre. A un moment donné, il va falloir faire le point et d’ailleurs au quotidien, nous faisons l’effort de faire des évaluations afin de réajuster la stratégie de communication pour réengager l’ensemble des médias dans une dynamique patriotique. Aujourd’hui, ce qui vaut, c’est communiquer, encourager les troupes, reconquérir le territoire et une fois que nous retrouvons un pays complètement assaini, nous pouvons à ce moment permettre à chacun de faire le journalisme tel qu’il l’entend. Mais quand on est en période de guerre, il n’y a pas d’autre option que de faire du journalisme de solution, de faire du journalisme patriotique.
RT : Le Burkina Faso travaille également à développer son secteur touristique. Comment concilier la relance touristique et la réalité
d’un pays parfois confronté au terrorisme ?
P.G.O. : C’est l’occasion pour moi de remercier l’ensemble des forces combattantes qui, depuis bientôt une dizaine d’années, font face au terrorisme. Ces dernières années, nous avons noté une avancée fort appréciable. Aujourd’hui, le territoire est reconquis à près de 72,70%, alors qu’il y a deux ou trois ans, nous étions à peine à 60%. Cela veut dire qu’il y a tout un travail qui a été fait.
Du coup, nous avons pu restaurer un certain nombre de sites touristiques et nous avons réinstaller les guides touristiques sur la plupart des sites. Nous avons également lancé le concept de la Grande saison du tourisme interne, parce que pour nous, nous devons travailler à développer le tourisme interne, amener les Burkinabè à sortir de leurs maisons pour aller à la découverte de leur pays sur les différents sites touristiques. Après, nous pourrions sur la base de ces acquis, convaincre les amis du Burkina Faso et tous ceux qui visitent notre pays à aller justement sur les différents sites. C’est avec satisfaction que j’annonce ici que le tourisme a repris du poil de la bête.
Ces dernières années, nous constatons qu’il y a un regain en termes de fréquentation des différents sites touristiques. Le 17 mai dernier, nous avons inauguré sous l’égide du chef de l’Etat, le Mausolée dédié au capitaine Thomas Sankara et ses douze compagnons qui ont été lâchement assassinés un certain 15 octobre 1987. Le Mausolée Tomas-Sankara aujourd’hui est devenu une véritable attraction touristique au cœur de Ouagadougou. Je dois pouvoir dire qu’aux alentours de Ouagadougou, vous avez des sites touristiques tels que le site de sculpture sur granit de Laongo, situé à une trentaine de kilomètres, le parc animalier de Ziniaré où vous pouvez découvrir la diversité de la faune burkinabè.
Dans la partie Ouest, dans la zone de Bobo-Dioulasso, de Banfora, nous avons les cascades de Banfora, le lac de Tengrela, les dômes de Fabédougou. Au sahel, nous avons la mare d’Oursi. Il y a tant de sites touristiques qui vous feront découvrir des merveilles du Burkina Faso. Notre objectif est de relancer le tourisme parce que nous sommes conscients du potentiel qui existe au niveau de ce secteur et de sa contribution au développement économique de notre pays.
RT : Le 4 août dernier, vous avez rappelé que la Révolution progressiste populaire actuelle s’inscrit dans la continuité de l’héritage de Thomas Sankara. Comment cet héritage inspire-t-il les politiques publiques et le projet de société porté par le capitaine Ibrahim Traoré ?
P.G.O. : Le capitaine Ibrahim Traoré, Président du Faso, chef de l’Etat a inscrit sa vision dans la dynamique de celle de feu capitaine Thomas Sankara dont elle s’inspire. Thomas Sankara aujourd’hui est une figure emblématique africaine parce qu’il n’appartient plus au Burkina Faso mais à l’Afrique entière et au monde entier. Beaucoup de gens se reconnaissent en sa vision et aux idéaux dont il fait la promotion de son vivant. Aujourd’hui, le Président Ibrahim Traoré a proclamé la Révolution progressiste populaire
qui s’inspire de la Révolution démocratique et populaire promue et dirigée justement par le capitaine Thomas Sankara.
Nous sommes dans la dynamique du développement endogène qui veut que nous puissions nous appuyer et compter sur nous-mêmes, parce qu’aucun peuple ne s’est développé en comptant sur les autres. Nous voulons revenir à nous-mêmes, découvrir et mettre en exergue nos potentialités, notre savoir-faire, pour relancer le développement à tous les niveaux. La RPP a été proclamée et dans les jours à venir, le chef de l’Etat lui-même, à travers un manifeste qui va être populaire expliquera de façon très claire sa vision à travers
cette Révolution progressiste populaire, qui je dois l’avouer, a été saluée par l’ensemble du peuple burkinabè.
Beaucoup d’Africains se reconnaissent aujourd’hui au capitaine Ibrahim Traoré qui fait la fierté du Burkina et celle de l’Afrique. Ici en Russie, quand on découvre que vous êtes du Burkina Faso, la première question est comment se porte le capitaine Ibrahim Traoré. Cela fait notre fierté. C’est en même temps une mission pour nous de travailler à mériter la confiance qu’il a placée en nous et à le soutenir dans sa marche résolue pour une Afrique libre, une Afrique une. L’Afrique a été pendant longtemps stigmatisée, marginalisée. Le combat mené par le capitaine Ibrahim Traoré c’est que le panafricanisme soit une réalité, partout où nous avons des peuples noirs, que nous puissions travailler à les fédérer.
C’est d’ailleurs cette vision qui a valu que nous puissions remettre en selle l’Institut des peuples noirs Farafina. Le président de cet institut vient d’être nommé en la personne de Me Kyélem de Tambela, précédemment Premier ministre du Burkina Faso. C’est lui qui va conduire les rênes de l’IPN Farafina. Nous avons foi que cet institut va poursuivre le combat que le Président Thomas Sankara a mené, que les Africains feront la fierté de l’Afrique et du monde entier.
RT : Le Burkina Faso a récemment expulsé la coordonnatrice résidente de l’ONU après un rapport jugé mensonger. Quelle est votre vision vis-à-vis de ces organisations internationales et comment concilier coopération et respect de la souveraineté ?
P.G.O. : Le communiqué du gouver-nement qui a été porté à la connaissance de l’opinion nationale et internationale et qui indiquait justement que la Coordonnatrice résidente du Système des Nations unies était désormais persona non grata au Burkina Faso a donné toutes les raisons. Le Burkina Faso ne tourne pas le dos au système des Nations unies. Le Burkina Faso exige que sa souveraineté puisse être reconnue et respectée. Nous avons dit dans le communiqué que nous souhaitons avoir des interlocuteurs crédibles. Nous voulons tout simplement que notre souveraineté en tant qu’Etat soit respectée et que dans nos rapports avec nos partenaires nous puissions avoir une part à jouer dans le travail qui est fait.
Il est inconcevable qu’une institution dans un pays puisse élaborer un rapport sans associer les institutions et les responsables de ce pays. Nulle part au monde, cela ne se fait. Donc nous n’allons pas accepter que dans notre pays des gens par condescendance puisse penser un seul instant qu’il est possible d’élaborer un rapport aussi grave sur des questions sensibles sans associer nos institutions et le gouvernement. Du reste, nous avons à plusieurs reprises interpeller la Coordonnatrice du Système des Nations unies et l’ensemble des agences qui constituent le système des Nations unies au Burkina Faso.
Déjà le 25 mars dernier, nous les avons convoqués et nous leur avons dit très précisément qu’il y a une part à faire entre les terroristes que, jusque-là, ils qualifiaient de groupes armés ou d’autres terminologies que nous ne concevons pas car au Burkina Faso, il n’y a pas de lutte armée, c’est le terrorisme. L’Etat burkinabè à travers les forces combattantes lutte contre le terrorisme. Nous ne pouvons pas comprendre, à ce stade de la lutte, des rapports qui mettent sur le même pied d’égalité les forces armées et les terroristes qui ne sont que des bandits, qui ne savent que violenter les populations, tuer…
Nous estimons que la communauté internationale devrait être solidaire de tous ces peuples du Sahel qui sont victimes du terrorisme et faire front commun avec nous
pour lutter contre le terrorisme. Notre objectif est d’avoir véritablement des interlocuteurs sérieux et crédibles.
Interview retranscrite par la rédaction