Le manque d’infrastructures appropriées se pose à plusieurs clubs du Faso foot dont l’Union sportive de Ouagadougou (USO). Depuis maintenant trois ans, l’équipe est privée de terrain fixe pour ses entraînements. De l’école Baonghin à l’hippodrome en passant par l’ISSDH (ex-INJPS), les Aigles de Larlé errent au gré de bonnes volontés. Mais malgré cela, les Unionistes font preuve d’un état d’esprit hors pair, en témoigne leur début de saison actuelle.

Vendredi 9 octobre. Il est plus de 17h à l’hippodrome de Ouagadougou. A 48h du match contre le leader du championnat, l’équipe de l’USO (2e au classement) est à fond dans la préparation. Le but marqué d’un tir puissant par le défenseur Gilbert Bilgo est célébré de cris de joie et d’applaudissements par l’ensemble de ses camarades, arrachant depuis la ligne de touche un large sourire au coach Mousso Ouédraogo. Une bonne humeur coutumière des séances d’entraînement du club, confirme l’entraîneur. Mais derrière cette belle ambiance, se cache une triste réalité. Cette équipe de la capitale qui fêtera bientôt ses 60 ans ne dispose pas d’un terrain propre à elle pour ses entrainements. Depuis 2017, joueurs, encadreurs et dirigeants sont dans un nomadisme perpétuel qui les conduira sur plusieurs sites. En effet, après plus de 40 ans passés sur le terrain de l’école Baonghin sis au quartier Larlé, les « Rouge et blanc » sont contraints de l’abandonner. « Avec la division de la commune en 12 arrondissements, il nous a été demandé de quitter le terrain qui allait servir à construire le siège pour la mairie de l’arrondissement 12. Nous avons à l’époque posé le problème à la mairie centrale mais le maire d’alors, Simon Compaoré, n’a pas pu donner suite à notre requête. Nous avons continué à nous entraîner jusqu’à ce qu’on nous contraigne à déguerpir en 2017 », explique le président du club, Laurent Blaise Kaboré. Grâce à l’intervention du Comité national olympique et des sports burkinabè (CNOSB), l’USO dépose ses valises sur l’ancien terrain d’entraînement de l’AS SONABEL situé à l’Institut des sciences des sports et du développement humain (ISSDH) à Gounghin. Ceci au prix d’importants sacrifices, selon le président du comité exécutif. « Nous avons énormément investi sur ce terrain pour le rendre praticable et pouvoir terminer la saison cette année-là où nous nous sommes maintenus in extremis », précise-t-il. Mais la quiétude que lui et son club croyaient avoir retrouvé ne sera que de courte durée. L’AS SONABEL qui après le départ de ses séniors utilisait le terrain pour l’encadrement de ses petites catégories réclame le site. Les Aigles s’envolent une nouvelle fois, direction, l’hippodrome de Ouagadougou. Entre courses de chevaux et exercices de conduite des services d’autoécoles, l’équipe obtient un espace de travail courant saison 2019-2020. Et c’est en ce lieu qu’elle a entamé cette nouvelle saison. Mais les démons de l’exil ne sont jamais loin. « A notre grande surprise aujourd’hui, le CEFFEB qui est une équipe de D2 réclame à son tour ce terrain que nous croyions libre », confie Laurent Blaise Kaboré.

Des sommes colossales à mobiliser

L’USO est obligée soit de trouver une alternative pour continuer à s’entraîner deux fois par jour, soit se contenter d’une seule séance sur ce site. Une situation que déplore l’entraîneur Mousso Ouédraogo qui préfère, cependant, faire contre mauvaise fortune bon cœur. « Un entraîneur a besoin d’un terrain où qu’il se trouve pour travailler et en Afrique il faut s’adapter », indique le technicien. Et face à cette nouvelle menace, l’on use de gymnastique pour réussir l’essentiel et visiblement tout le monde met la main à la pâte. « Quand je suis arrivé, j’ai essayé de tisser des relations pour avoir un espace où travailler à tout moment et cela fonctionne. Nous n’avions pas ce terrain tous les soirs mais maintenant nous l’avons tous les jours entre 15h et 17h30. Nous avons aussi écrit une lettre au maire pour le terrain René Monory et nous avons reçu une réponse favorable. C’est à nous de fournir notre programme d’entraînements pour être inséré dans le calendrier en tenant compte de ceux qui occupent déjà le terrain. Cela nous offre une alternative pour nous entraîner soit le matin là-bas et les soirs ici ou vice versa », affirme Mousso Ouédraogo. Une situation qui est loin d’entamer le moral de l’équipe de Larlé qui a su depuis lors défendre sa place dans l’élite du football national. Après quatre journées cette saison, elle enregistre trois victoires pour une défaite et seulement deux buts encaissés. Pour les acteurs, le secret réside dans le travail en dépit des conditions. Selon l’entraîneur, cette situation constitue une source de motivation supplémentaire pour lui et ses protégés. « Aux enfants, c’est de leur faire comprendre qu’on peut travailler ses qualités techniques dans des trous et pouvoir les adapter sur un terrain plat gazonné. C’est aussi transformer ce handicap en un atout sur le plan psychologique en leur disant que celui qui veut quitter ce terrain doit travailler dur pour aller soit en sélection ou être vu par un recruteur qui l’emmènera loin où il aura de meilleures conditions », souligne « Mourinho ». Et le message semble être passé. Le capitaine Ilias Tiendrébéogo a connu au moins deux terrains d’entraînement de l’équipe. Pour lui, le dépassement de soi est le mot d’ordre au sein du groupe et lui et ses camarades comptent maintenir le cap. Les supporters qui sont également du « voyage » des Aigles sur les différents sites d’accueil plaident à travers leur président Alassane Nabayaogo pour qu’une solution définitive soit trouvée au problème afin de permettre à leur équipe de jouer les premiers rôles dans le championnat. La préoccupation est d’actualité, assure le président Laurent Blaise Kaboré. L’USO a obtenu, à ses dires, un domaine de 4,8 ha de la part du ministère des Sports au quartier Rimkièta. « Aujourd’hui, nous attendons la signature du décret qui est sur la table du maire pour pouvoir disposer entièrement de ce terrain », soutient M. Kaboré. Et celui-ci de poursuivre en expliquant que l’espace en question demande de grands moyens pour son aménagement, chose que l’USO n’a pas. « C’est un bas-fond et depuis 2017 que nous avons eu le terrain, lorsque nous avons fait le devis, il ne nous faut pas moins de 200 millions F CFA rien que pour rendre une partie du terrain praticable au football », témoigne-t-il. Les yeux sont désormais tournés vers les autorités pour espérer sortir les Unionistes de cette impasse.

Voro KORAHIRE

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