En fin de mandat dans quelques semaines, le président de la Fédération burkinabè de baseball et softball Ibrahima Siboré, ne sera pas candidat à sa succession. Le plus jeune président des Fédérations sportives au Burkina s’en ira avec la « fierté » du devoir accompli.
Comment se porte le baseball burkinabè ?
Sans prétention, je puis dire que le baseball burkinabè se porte mieux que les années avant notre prise des rênes de ce sport. Plusieurs éléments militent pour cela. Sur le plan international, le baseball burkinabè se fait respecter. Parce que depuis 2020, le Burkina Faso a pris part aux différentes compétitions internationales auxquelles il était éligible et avec la manière avec des résultats sportifs positifs.
Le Burkina est actuellement 8e africain et 30e mondial en baseball. En baseball classique, le Burkina Faso conserve sa 4e place africaine et est 50e mondiale, classement hérité de l’ancien bureau. Mais, il est important de noter que depuis 2019, l’instance mondiale n’organise plus de compétition continentale de baseball classique. Ce qui justifie notre classement stagnant. Mais, nous avons pris part à une compétition sous régionale à l’issue de laquelle le Burkina est sorti 1er. Egalement à l’international, le Burkina est respecté en termes de paiement des frais annuels de membres.
Nous avons hérité d’une Fédération débitrice vis à vis de l’instance mondiale. Nous nous sommes évertués à payer les dettes relatives aux frais de membres. C’est bien maintenant en bon Burkinabè que nous participons aux réunions de l’instance mondiale. En Afrique et en Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso est plus que respecté. Je suis à tout moment sollicité par le bureau continental et pour les décisions relatives au baseball Ouest-africain. Plus d’un président de baseball prenne des conseils avec moi.
C’est donc un sentiment de fierté. Sur le Plan national, nous avons redynamisé le baseball dans les clubs et aussi et surtout dans les lycées et collèges du pays afin de cultiver les bonnes graines pour la relève. Chaque année, nous avons au moins 3 compétitions majeures qui nous permettent de maintenir cette flamme de motivation au sein de nos athlètes, des encadreurs et responsables de clubs. Nous avons aussi équipé tous les clubs en matériels nécessaires pour les besoins d’entraînement. Du matériel sur lequel plus de 5 millions FCFA ont été investis.
En termes de bilan, que peut-on retenir de votre mandat à la tête de la structure fédérale même si vous l’aviez déjà abordé plutôt ?
Je suis fier de dire que nous avons donné le meilleur de nous. Beaucoup de choses ne dépendaient pas de nous. Ce qui l’était a été courageusement affronté. Nous avons aujourd’hui un complexe sportif au nom de la Fédération grâce à notre partenariat avec l’ambassade du Japon. Elle a financé la réalisation de terrain de baseball, et d’un bâtiment administratif sur notre terrain sis à Balkuy.
Nous avons aussi tenu chaque année depuis notre première année, 3 activités majeures sur le plan national et au moins une sortie à l’international chaque année. C’est difficile financièrement, mais c’est le sacrifice qu’on a accepté de faire pour la promotion de notre sport. Nous avons signé un partenariat avec une école de formation de métier du nom de « Emprint School » qui nous permet de bénéficier de formations à des coûts exceptionnels pour les acteurs du Baseball. Sur le plan social notamment humanitaire, nous agissons également chaque année au profit des personnes déplacées internes de la région du Centre-Nord.
Chaque année, en collaboration avec la JICA, nous organisons la journée de la promotion de la paix, de la cohésion sociale et du vivre ensemble à travers le baseball. C’est une activité qui s’étale sur 3 jours, au cours desquels, nous distribuons des vivres et des non-vivres aux personnes déplacées internes de Kaya tout en organisant une compétition de baseball dans la ville de Kaya. Plusieurs actions ont été proposées pour la promotion du Baseball au Burkina.
Bientôt aura lieu le renouvellement des structures Fédérales. Quels seront les objectifs prioritaires si vous venez à être réélu pour un second mandat ?
Non, je suis en fin de carrière à la Fédération burkinabè de baseball et softball après 16 ans de service. (Rires). De 2008 à 2016, j’ai été le secrétaire général adjoint sous l’ère du président Ibrahim N’Diaye et 2e vice-président de 2016 à 2020 sous l’ère du président Serge Hubert Tiao, et de 2020 à 2024, président. Ces 4 années restent inoubliables dans ma vie de manager de baseball au Burkina Faso. J’ai compris beaucoup de choses dans le domaine sportif. Je dirais que c’est un secteur cousin à la politique. L’on peut recevoir des coups de partout très souvent de ceux sur qui l’on fonde nos espoirs. C’est la réalité de ce domaine.
Pourquoi ne voulez-vous pas poursuivre l’aventure ?
J’avoue que c’est une décision qui n’a pas été facile à prendre mais depuis près d’un an, elle avait été prise après moultes réflexions. A un moment donné de mon mandat, j’ai compris que la meilleure décision serait de laisser le présidium à une autre personne. C’est par convenance personnelle.
N’est-ce pas à cause du nerf de la guerre ?
Il est indéniable que l’argent est un sujet incontournable dans tous les domaines surtout dans le nôtre où la tenue d’une activité demande un budget conséquent. Chez nous particulièrement, ce n’est pas la cause principale. Les raisons principales de ma non candidature a été données et expliquées aux membres de mon bureau lors d’une réunion en début du mois d’août. Le linge sale se lavant en famille, je ne puis malheureusement parler de ça au grand public.
Avez-vous préparé quelqu’un pour votre succession ?
Le baseball burkinabè regorge de bons managers. Je n’ai donc pas besoin de le faire.
Auriez-vous une préférence sur celui qui va vous remplacer ?
Officiellement, personne ne s’est manifesté. Mais clairement, il y a des candidats tapis plus ou moins dans l’ombre.
Quel portrait-robot dressez-vous du futur président de la Fédération burkinabè de baseball ?
Pour la pérennité du baseball burkinabè, il faut d’abord un rassembleur qui va réunir tous les acteurs. Un président qui ne se sentira redevable de récompenser ou de travailler sous la dictée de quelqu’un. Un président qui est disponible et engagé. Un président qui aura le courage de prendre des décisions, même à l’encontre des clubs de certains de ses amis pour le bien du Baseball.
Quel héritage allez-vous léguer à votre successeur ?
Le futur président aura la chance d’avoir un baseball burkinabè en bonne santé. Nous disposons d’un terrain pour former de futurs grands joueurs et aussi pour abriter des compétitions nationales et internationales. Le baseball burkinabè jouit d’une bonne image sur le plan national et surtout à l’international. Le futur président disposera de très bonnes équipes nationales pour encore faire briller le Burkina lors des compétitions nationales. Il aura la chance de continuer à bénéficier de partenariats avec des personnes physiques et morales avec qui nous avons pu avoir de partenariats.
Pourquoi souvent tant de guéguerres et autres problèmes d’égo dans les disciplines dites parents pauvres des sports burkinabè comme la vôtre ?
Il est difficile à expliquer. Mais, il faut noter entre autres, que les gens ne sont pas venus dans les disciplines sportives avec la même vision, les mêmes objectifs.
Qu’auriez-vous voulu faire sous votre mandat que vous n’avez pas pu ?
Il s’agit de la création d’une ligue semi-professionnelle. Mais comme je le disais, il y a des actions ou activités qui ne dépendent pas uniquement de l’organe dirigeant ou du premier responsable. Il faut bien de la volonté et de l’engagement de certains acteurs.
Quelle a été votre grande satisfaction sous votre mandat ?
L’on peut citer quand même la construction du terrain de Baseball, notre partenariat avec l’école de formation qui a permis à près de 10 acteurs de Baseball de se former à un coût préférentiel. Je citerai aussi l’amélioration de nos relations avec l’ambassade du Japon et la JICA qui a permis à la Fédération de bénéficier de plusieurs matériels sportifs, d’atelier de formation pour les joueurs, de terrain de Baseball, etc. Je n’oublie pas non plus le repositionnement du Baseball Burkinabè sur le plan international
Et la plus grande déception ?
La non mise en place de la ligue semi-professionnelle car elle aurait été une opportunité pour plusieurs joueurs de rejoindre de grands clubs internationaux. Aussi, ça aurait placé le baseball burkinabè parmi les grands pays africains en la matière. Il y a aussi les inutiles guéguerres sans fondement qui ont malheureusement joué négativement sur nos rendements.
Croyez-vous à l’avenir du baseball au Burkina ?
L’avenir du baseball burkinabè est promoteur mais il est fonction du futur bureau exécutif.
Interview réalisée par Yves OUEDRAOGO