St Sylvestr:«Joie retenue» dans des maquis

Le passage de 2018 à 2019 a été l’occasion pour de nombreux Ouagalais de se retrouver entre amis ou en couple pour fêter dans les débits de boissons. Malgré une situation socioéconomique et sécuritaire difficile, ils se sont donné des moments de «joie retenue ». Constat dans quelques maquis.

Un parking plein de motos, la voie riveraine bondée de voitures, difficile de se frayer un chemin devant le maquis Fôngo à Tampouy, aux environs de 23 h 30, le 31 décembre 2018. A l’entrée, de longues files d’attente. Parmi les personnes qui font le pied de grue, certaines se procurent le ticket d’entrée et d’autres passent au détecteur de métaux d’agents de sécurité privée. « La sécurité des clients est notre préoccupation naturelle cette année. Elle nous a coûté très cher », répond le gérant du maquis, Philippe Ouédraogo, affairé à vendre les tickets. Les droits d’accès sont, pour son établissement, un moyen de refouler les mineurs interdits de séjour en ce type de lieu.

Un tour à l’intérieur nous plonge dans l’ambiance des plus variées, des plus vieilles chansons à celles en vogue. Sur la piste de danse, debout à côté des sièges ou encore assis, des clients gigotent, chacun à sa façon. Après des cris de joie, lorsque minuit sonne, Noufou Sawadogo, venu « bien terminer 2018, une année de bonheur et de succès » pour lui et sa compagne, ne peut s’empêcher de parler. « Nous avons jugé nécessaire de braver la peur que veulent nous imposer les terroristes pour venir au mythique Fôngo. Nous sommes satisfaits de l’accueil et de l’ambiance dans laquelle chacun, jeunes comme vieux, trouvent son compte », confie-t-il, tout illuminé par le sourire de sa compagne. Ayant une pensée spéciale pour les forces de défense et de sécurité, il souhaite la paix pour les Burkinabè en 2019. Alice Gobé que nous retrouvons à l’étage du maquis a une joie indicible d’entrer dans la nouvelle année en bonne santé.

Après avoir fait la ronde des compartiments de Fôngo, retour au gérant Philippe qui se plaint d’une affluence en-deçà de celle de l’année passée, malgré les garanties sécuritaires. A ses dires, cela est dû au manque d’argent et à la tristesse créée par les attaques terroristes. Son collègue, Kader Dianda, gérant d’Emeraude situé à Gounghin explique aussi la baisse de l’affluence dans son bar à cause de la situation sécuritaire. En ce lieu, abandonnant un tant soit peu l’ambiance enivrant faite de chansons les plus à la mode, Wilfried Zongo nous laisse entendre que c’est avec une « joie retenue » qu’il fête.

La raison de cette sobriété est sécuritaire. C’est pourquoi, il souhaite en premier lieu la paix au Burkina Faso et que les fils de ce pays s’entendent, afin de trouver des solutions durables aux problèmes qui se posent. Autre maquis, autre réalité. Une virée à Le Réveillon situé à Ouidi, nous permet de découvrir comment ceux qui ne font pas le choix de lieux accueillant de grand public fêtent. Entre adultes, dans les retrouvailles habituelles, on se régale, on rigole et fait de perspectives pour les 365 prochains jours de sa vie, espérant que ceux-ci seront meilleurs.

 

Jean Philibert SOME

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