Le Président américain, Donald Trump continue de dérouler, contre vents et marées, sa panoplie de réformes annoncées, depuis son retour aux affaires à la Maison Blanche.
Au nombre celles-ci, l’on note la suspension des financements de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID), plus grand bailleur de fonds humanitaires au monde et la très controversée politique migratoire. Diversement appréciée à travers le monde et en interne, ces reformes touchent particulièrement le continent africain. Dans la mise en œuvre de ces politiques, il a été décidé l’interdiction d’entrée sur le sol américain de douze pays dont sept Etats africains. En effet, la nouvelle interdiction vise notamment l’Afghanistan, le Myanmar, le Tchad, la République du Congo, la Guinée équatoriale, l’Erythrée, Haïti, l’Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen. S’il est vrai que la mesure, controversée et battue en brèche par une partie des Américains, elle est cependant justifiée, à en croire l’administration Trump. Le risque sécuritaire et notamment terroriste et le non-retour dans le pays d’origine des ressortissants de ces pays à l’expiration du visa seraient les principales motivations. C’est ce que soutien Abigail Jackson, porte-parole de la Maison Blanche qui estime que ces restrictions permettraient de protéger les Américains contre des acteurs « étrangers dangereux ».
Mais à voir les pays concernés, l’on est tenté de se demander s’il s’agit vraiment d’une question de sécurité ou tout simplement des ambitions politiques tacites qui sous-tendent cette politique ? La question a tout son mérite, aux yeux de certains observateurs. Ce d’autant plus que tous les pays présentant des problèmes de sécurité n’ont pas été inclus et que de nombreux pays figurant sur la liste n’ont pas d’antécédents récents en matière d’incidents terroristes impliquant les Etats-Unis. Par ailleurs, cette politique de restriction d’entrée au pays de l’Oncle Sam, rappel le « muslim ban », à travers lequel des restrictions avaient été imposées à certains pays du Moyen Orient pour les mêmes raisons sans avoir produit des résultats tangibles. C’est d’ailleurs pourquoi, la politique a été vivement critiquée sur le plan intérieur mais aussi extérieur au point que l’ex-Président, Joe Biden, l’a annulée sans commune mesure, dès son arrivée au pouvoir en 2021. Car, jugée comme raciste et aux antipodes des valeurs américaines. Sur le continent africain, certains dirigeants, dont les pays sont frappés par la mesure, n’ont pas manqué d’exprimer leur mécontentement. Et cela, à juste titre, au regard des dommages que ces restrictions pourraient avoir sur leurs citoyens, mais également le coup de froid que la démarche « trumpiste » va donner aux relations bilatérales que ces pays entretiennent avec les Etats-Unis. Des pays comme le Tchad et le Congo, la Somalie se sont déjà fait entendre. Pendant que d’autres ont réagi vigoureusement en appliquant le principe de réciprocité, certains se sont engagés à répondre aux préoccupations qui auraient motivé l’interdiction afin que celle-ci soit levée le plus rapidement possible. En effet, il est mieux indiqué de privilégier une approche concertée, par voie diplomatique, afin de trouver des solutions appropriées.
L’Union africaine, bien que préoccupée par « l’impact négatif potentiel » de ces mesures, s’inscrit dans cette dynamique. L’organisation a, en effet, appelé les Etats-Unis à adopter une approche plus consultative avec les pays concernés pour lever tout équivoque. Ce n’est que par cela que les bisbilles entre Nations peuvent trouver solutions avec l’avantage de préserver surtout l’intérêt supérieur des populations.
Soumaïla BONKOUNGOU