Alors que la crise sanitaire liée à l’épidémie du coronavirus et ses morts à la pelle préoccupent le monde entier, le Burundi a lancé officiellement le lundi 27 avril 2020 la campagne électorale pour les élections présidentielle, législatives et municipales du 20 mai prochain. Ainsi donc, pendant trois semaines, les équipes de campagnes des différents candidats, notamment ceux dans la course au fauteuil présidentiel, vont parcourir les villes et villages à la conquête de l’électorat. Les sept candidats en lice pour la présidentielle parmi lesquels, le général Evariste Ndayishimié candidat du parti au pouvoir, le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD) et Agathon Rwasa du Conseil national pour la liberté (CNL), présenté comme le principal candidat de l’opposition, tenteront de convaincre les électeurs burundais sur la pertinence de leur projets de société. Tenir des meetings dans un contexte où le coronavirus sévit terriblement sur le continent, faisant peser sur les pays la menace d’une récession économique en plus de nombreux décès enregistrés chaque jour sur le sol africain est hautement dangereux. Au Burundi, le bilan officiel du COVID-19 fait état de 15 cas confirmés et un décès à la date du 26 avril 2020. Ce qui fait craindre à nombre d’observateurs, une contamination à grande échelle d’ici à la fin des joutes oratoires qui occasionneront des déplacements de populations des grandes villes vers les zones rurales et vice-versa. D’où les interrogations suivantes : y a-t-il urgence à organiser les élections dans ce contexte de pandémie? Les partis politiques sont-ils vraiment soucieux de la santé de leurs militants et sympathisants ? Les jeux ne sont-ils pas déjà faits avant le scrutin ? S’il est difficile de trouver réponses à toutes ces interrogations, car n’étant pas dans le secret du palais présidentiel burundais, on peut cependant dire sans risque de se tromper que la priorité des autorités devrait être la lutte et encore la lutte contre le coronavirus. Mais manifestement la menace du COVID-19 est loin d’être un sujet de préoccupation pour le président sortant Pierre Nkurunziza qui est pressé de voir élu le général Evariste Ndayishimié, qu’il a désigné comme son dauphin après de vaines tentatives de se représenter pour un autre mandat jugé de trop par ses concitoyens. C’est donc un scrutin sans enjeux qui se prépare au Burundi comme l’a si bien indiqué l’Observatoire pour l’Afrique centrale et australe de l’Institut français des relations internationales (IFRI). Par la voix de son Coordonnateur Thierry Vircoulon, l’organisation parle d’un scrutin dont le vainqueur est connu d’avance et plus grave, cette donne semble être admise par l’opposition burundaise qui veut servir de faire-valoir démocratique au régime en place. Lancer une campagne électorale en cette période parait suicidaire pour les populations dans la mesure où les risques de contamination au coronavirus sont très élevés, lorsqu’il y a des rassemblements pendant les meetings politiques. Mais ce qui se passe à Bujumbura n’a rien de surprenant pour ceux qui suivent l’actualité politique dans ce pays. En effet, depuis que son projet pour un quatrième mandat à la tête du Burundi n’a pas prospéré, Nkurunziza ne cesse de multiplier les manœuvres pour hisser à tout prix le candidat qu’il a choisi pour défendre les couleurs de son parti au trône. Très déterminé dans cette tâche, ce n’est pas la pandémie du coronavirus qui pourra freiner ses ardeurs.
Et cela n’est un secret pour personne au Burundi.
Mais il devrait travailler d’abord à préserver la vie des populations avant de conquérir le pouvoir, car sans elles, il n’y a pas de gouvernance !
Beyon Romain NEBIE
nbeyonromain@yahoo.fr