Un secteur public productif

Quand l’Etat devient un bon gestionnaire, les chiffres parlent d’eux-mêmes et des signaux forts témoignent d’un tournant décisif. En effet, les résultats de la 33e Assemblée générale des Sociétés d’Etat du Burkina Faso, tenue les 26 et 27 juin 2025, à Ouagadougou, sous la présidence du Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, illustrent une ère nouvelle dans la gouvernance des entreprises publiques. 

Alors que les défis sécuritaire et humanitaire sont pesants, les Sociétés d’Etat affichent des performances remarquables. Elles ont réalisé en 2024, un chiffre d’affaires cumulé de 3 090,03 milliards F CFA, soit 61,72 % de progression par rapport à l’année précédente. Il s’agit d’un saut impressionnant, dans un contexte où l’on aurait pu justifier la stagnation, voire la contreperformance des entreprises publiques, surtout avec la guerre asymétrique que livre le terrorisme au pays depuis maintenant 10 ans. Et pourtant, les chiffres sont là, tangibles ! 19 Sociétés sur les 21 ont engrangé des bénéfices, soit un résultat net global de 120,377 milliards F CFA contre 97,025 milliards en 2023. 

C’est la preuve que les entreprises publiques ne sont plus de simples entités administratives ou de pesantes machines budgétivores dont la survie, selon des analystes, a longtemps été un fardeau pour le budget de l’Etat. Elles sont également des piliers économiques assumés et de véritables catalyseurs de croissance.

Si, cette mutation suscite un tel élan d’intérêt, c’est aussi parce qu’elle reflète la matérialisation d’une volonté politique forte. Le chantier de refondation de l’Etat, entrepris par le gouvernement, enregistre ainsi des résultats probants. La vitalité des Sociétés d’Etat repose sur la rationalisation des dépenses publiques, la digitalisation des actes et des procédures, la moralisation de la gestion. Ces principes institués au sommet ont pris le dessus sur certaines habitudes aux antipodes d’une gestion saine et rigoureuse de la chose publique.

La fermeté du gouvernement qui a eu raison de bien de mauvaises pratiques ne se résume plus en de simples discours. Des actes concrets sont de plus en plus posés à tous les niveaux pour parvenir à une gestion vertueuse et asseoir une culture de bonne gouvernance. Les condamnations judiciaires, le « recouvrement » des fonds publics détournés, le rôle de plus en plus incisif des organes de contrôle ont un impact positif sur la gestion des finances publiques. 

Un cadre serein a été bâti pour qu’à l’unisson, tous les acteurs contribuent à assainir l’environnement économique et financier pour installer, lentement mais sûrement, une nouvelle culture de la performance et de la redevabilité.

Ce réveil du secteur public productif est d’autant plus crucial qu’il profite directement à l’économie nationale. Les Sociétés d’Etat ont versé 595,314 milliards F CFA au budget de l’Etat, soit une hausse de plus de six milliards par rapport à 2023. Cela signifie concrètement plus de ressources dans les caisses publiques pour les écoles, les hôpitaux, les routes, la sécurité. Cela convainc également qu’au cœur de la tempête, le navire Etat tient encore bon. Mieux, il se redresse et montre la voie. L’avenir s’annonce tout aussi prometteur avec la création de six nouvelles Sociétés d’Etat à savoir CCVA, Faso Transit et Logistique, SOPAMIB, Faso Guulgo, Faso Kossam et Faso Yaar. 

C’est la preuve, que les autorités burkinabè ne se contentent plus de gérer l’existant : elles investissent, anticipent, osent inventer. Des défis subsistent, des résistances persistent, des retards s’observent encore ici ou là. Tout n’est pas rose certes, mais la dynamique est enclenchée. L’Etat s’illustre comme un acteur économique crédible. Cette réalité, observée lors de la 33e Assemblée générale des Sociétés d’Etat, redonne foi à tout un peuple. Ce qui montre que les temps ont bien changé. La refondation commence à porter ses fruits. Et si la rigueur continue de primer sur la complaisance, si la performance reste le seul indicateur d’évaluation, le Burkina Faso ne sera plus seulement un pays résilient. Il sera amené à être prospère, digne, maître de son destin. Parce que gérer, ce n’est pas que dépenser. C’est aussi produire. Et les Sociétés d’Etat viennent de le prouver avec éclat.  

Assetou BADOH

 

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