
Le 2e Sommet africain sur le climat se tient sur le thème : « Accélérer les solutions climatiques mondiales : financer le développement résilient et vert de l’Afrique », du 8 au 10 septembre 2025, à Addis-Abeba, en Ethiopie. Présidée par le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed Ali et le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Mahmoud Ali Youssouf, la cérémonie d’ouverture a connu la présence de plusieurs chefs d’Etat africains, personnalités, représentants d’organisations internationales.
L’Afrique ne veut plus jouer les seconds rôles dans l’agenda mondial sur le climat. Cette position, elle l’a réaffirmée à l’ouverture du 2e Sommet africain sur le climat, qui se déroule du 8 au 10 septembre 2025, à Addis-Abeba, en Ethiopie, sur le thème : « Accélérer les solutions climatiques mondiales : financer le développement résilient et vert de l’Afrique ».
Durant trois jours, à travers panels, conférences, décideurs, praticiens, entreprises et société civile et partenaires du continent vont réfléchir aux pistes idoines pour faire avancer l’agenda climatique de l’Afrique et ses priorités en matière de développement durable, à travers des échanges autour des sujets comme les solutions naturelles, la technologie, l’innovation, l’énergie propre, les infrastructures résilientes, l’adaptation climatique, l’économie, l’économie et la santé, le financement des solutions africaines.
Et dès l’ouverture officielle de cette rencontre continentale, face à une crise climatique devenue un enjeu planétaire et qui affecte, sans distinction, toutes les communautés rurales, insulaires et urbaines, les diagnostics et les prises de positions sont sans concessions. « En effet, certaines régions subissent davantage les perturbations de leurs écosystèmes. La biodiversité en Afrique est ébranlée et glisse inexorablement vers l’extinction des espèces, si la tendance n’est pas inversée d’urgence.
Aujourd’hui, le lien entre le climat et le sous-développement ne fait plus aucun doute. Le climat, l’exode rural, la migration et l’instabilité sous toutes ses formes sont interreliés », a souligné le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Mahmoud Ali Youssouf. Pour lui, c’est un impératif majeur de saisir la tribune qu’offre ce sommet pour repositionner l’Afrique dans les négociations internationales. Il ne peut en être autrement, car, avec seulement 4% des émissions de gaz à effet de serre, le continent subit depuis plus de 150 ans la pollution de la planète que lui imposent les nations industrialisées, a-t-il ajouté.
Repenser la finance verte pour plus d’équité
Et pour un besoin de 1 300 milliards de dollars par an pour financer les plans d’adaptation aux changements climatiques sur le continent, c’est 300 milliards de dollars qui lui sont proposés pour financer des plans de mitigation ou des projets d’investissement portés par le secteur privé ; ce qui est loin d’être suffisant et exige un remodelage de l’architecture mondiale de la finance climatique, a souligné, Mahmoud Ali Youssouf.
« Les aspirations de nos peuples et de nos pays pour un financement conséquent et substantiel doivent être pris en compte avec sérieux et détermination. Et cela devra se réaliser à travers un véritable fonds pour les pertes et dommages, pourvu que les ressources financières suffisantes y soient déposées. Le crédit carbone doit être géré non pas par les Etats pollueurs en fonction de leur bon vouloir, mais plutôt par une instance internationale indépendante avec des prérogatives supranationales.
Le Fonds vert devra aussi pouvoir s’orienter vers le financement de projets à valeur ajoutée climatique régionale et continentale », a-t-il martelé.

Il a rappelé les priorités africaines contenues dans le plan décennal pour le développement d’une agriculture intelligente, avec un investissement nécessaire de 100 milliards de dollars par an sur 10 ans. « Le financement de la biodiversité en réclame tout autant par an.
En matière de transition énergétique, avec l’initiative Mission 300, l’Afrique s’est engagée fermement à donner accès à l’électricité à 300 millions d’habitants sur la base des
énergies vertes », a souligné le président de la Commission de l’UA.
La gestion intelligente des ressources hydriques qui s’impose comme un impératif à travers l’irrigation, les cultures sous-serre, le goutte-à-goutte et l’hydroponie, tout comme la préservation des écosystèmes côtiers et marins à travers l’économie bleue, qui est une initiative phare de l’Union africaine, font également partie des priorités du continent.
En un mot, le financement climatique doit être juste, significatif et prévisible et ce sommet doit être le lieu de réaffirmer la position claire de l’Afrique qui est que les obligations mondiales sont partagées, mais les responsabilités restent différenciées. « La vulnérabilité de nos Etats membres, motivée par les impacts climatiques, le fardeau de la dette et les inégalités structurelles, exige une justice climatique et une véritable coopération », a-t-il insisté.
Afrique, continent solution
Dans son discours d’ouverture, l’hôte du sommet a été plus que tranchant, donnant le ton d’une Afrique qui veut prendre toute sa place sur la scène internationale. « Nous ne sommes pas ici pour négocier notre survie. Nous sommes ici pour désigner l’économie du prochain climat du monde. Si nous prenons les bonnes décisions, maintenant, l’Afrique peut être le premier continent à s’industrialiser sans détruire ses écosystèmes », a indiqué le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed Ali.
Et au-delà des multiples contraintes, avec une détermination guidée par un objectif clair, l’Afrique a les moyens de bâtir une économie forte qui consolidera son pouvoir et son leadership. Les importantes ressources naturelles, en l’occurrence les minéraux critiques nécessaires pour les technologies vertes, l’énergie renouvelable avec soleil, le vent, l’eau, sa tradition de résilience et d’innovation construites depuis des millénaires, constituent, entre autres, autant d’atouts pour le continent.
« A l’approche de la COP30, l’Afrique ne doit pas se tenir comme un bloc de négociateurs mais comme un continent de solutions. Nous appelons à un véritable investissement, pas à la charité, et présentons fièrement en 2027 la candidature de l’Ethiopie pour accueillir la COP32 », a-t-il ajouté.
Les intervenants, qu’il s’agisse des Présidents djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh, kenyan, William Ruto, somalien, Hassan Sheikh Mohamud, de la République démocratique arabe Sarhrawi, Brahim Ghali, ou du représentant du secrétaire général des Nations unies, Selwin Hart, des présidents de la Cop 29, Mukhtar Babayev, et de la Cop30, André Corrêa Do Lago, des représentants des jeunes, et de la société civile, ont tous l’urgence d’une justice climatique avec des allocations financières conséquentes pour le continent.
Mais, loin d’être une victime résignée, l’Afrique a la possibilité et les ressources endogènes pour être l’alternative, la solution à la crise climatique pour elle-même et pour le monde entier. Une déclaration des dirigeants africains appelant à l’action concentrée pour une Afrique qui parle désormais d’une seule voix sur les plateformes mondiales va sanctionner ce 2e sommet africain sur le climat.
Mahamadi SEBOGO
Windmad76@gmail.com
(Depuis Addis-Abeba, Ethiopie)