
Elles sont entreprenantes, battantes, ingénieuses, ces femmes des villes et des campagnes qui évoluent dans la transformation agroalimentaire, le tissage, la teinture, la couture, le petit commerce, etc. Grâce aux crédits accessibles et adaptés à leurs besoins du Réseau des caisses populaires du Burkina (RCPB), elles déploient, développent et réussissent leurs activités génératrices de revenus, à travers des prêts allant de 5000 F CFA à
plusieurs millions de F CFA. Le journal de tous les Burkinabè, Sidwaya, est allé à la rencontre de certaines d’entre elles. Dans ce reportage, elles livrent leurs témoignages et vouent leur profonde gratitude aux Caisses populaires pour leur accompagnement financier aux conditions flexibles, qui participent à leur autonomisation économique, les aident à sortir de la pauvreté !
Vendredi 6 juin 2025, à Saaba, commune rurale située dans la banlieue Est de
Ouagadougou. C’est jour de fête de Tabaski. Après avoir accompli la prière, les musulmans regagnent leurs domiciles pour la suite des festivités. En face du terrain ayant servi de place pour la prière, quelques musulmans négocient encore leurs moutons de Tabaski auprès des revendeurs installés le long de la voie avec le reste de leur cheptel non écoulé.
A environ un kilomètre de là, au dépôt de boissons Nabonswendé Ella, la première responsable, Fatti Lalsaga, passe une matinée pas comme les autres. Elle est assaillie par des clients présents sur les lieux ou en ligne.
Difficile de boucler une minute sans que son téléphone ne crépite ou qu’elle ne lance un appel, soit pour répondre à un client qui veut lancer une commande, soit pour s’enquérir des nouvelles d’une de ses équipes parties chercher des caisses de boisons pour faire face à la demande de la clientèle, soit encore pour s’assurer que tout se passe bien avec les employés partis pour des livraisons aux maquis et autres débits de boissons.

« Vous êtes presque arrivés ?», demande-t-elle au téléphone à l’employé parti chargé de la boisson et qui est sur la route du retour. Avec la réponse par l’affirmation au bout du fil, son soulagement se lit sur le visage ! Elle va un tant soit peu pouvoir satisfaire sa clientèle ! « Nous sommes en rupture de sucrerie ces derniers temps », nous
confie-t-elle.
Cahiers et quelques factures en main, son téléphone portable collé à l’oreille, dame Lalsaga, est à plusieurs tâches, mais sereinement : superviser le chargement des moto-tricycles et du camion en caisses de boissons, répondre aux incessants appels téléphoniques, vérifier les factures des clients ayant effectué le paiement à la caisse avant d’ordonner de les servir. En ce jour de fête, l’affluence des clients particulièrement est forte.

de chiffres d’affaires ».
« Le rapprochement des baptêmes chrétiens et la fête de Tabaski font que, depuis, une semaine, nous sommes débordés », murmure-t-elle.
Pour Fatti Lalsaga, si elle est aujourd’hui propriétaire de dépôt de boissons, c’est grâce à l’accompagnement du Réseau des caisses populaires du Burkina (RCPB) depuis environ 25 ans, à travers des crédits accessibles et adaptés à ses besoins. « Je ne peux traduire ma gratitude à la caisse populaire de Wayalghin », lâche-t-elle.
« J’ai commencé avec un crédit de 50 000 F CFA … »
Son histoire avec l’entrepreneuriat commence dans les années 2000 où elle a débuté comme vendeuse ambulante de sous-vêtements de femmes, dans un système de vente à crédit communément appelé « Taa-raogo », en langue mooré. Il s’agit d’un système informel où le client règle suivant des tranches de paiement et des échéances convenues avec le vendeur et qui peuvent être journalière, hebdomadaire ou mensuelle. « J’ai commencé avec la vente des soutiens-gorge, des slips dans un panier. Par la suite, j’ai pu ajouter la vente de quelques pagnes », relate-t-elle.
Dans le besoin de faire grandir son petit commerce, Mme Lalsaga se tourne vers la Caisse populaire de Wayalghin où elle avait ouvert un compte. Elle obtient un crédit de 50 000F FCFA à travers le produit prêt de groupe. Mais avec le troisième membre qui a été défaillant, elle opte pour les prêts individuels, qu’elle contracte régulièrement pour faire évoluer son Activité génératrice de revenus (AGR). Elle obtient son « premier gros crédit » d’un montant d’un million F CFA qu’elle injecte dans le commerce de pagnes.
Au bout de 9 mois, elle réussit à rembourser et repart voir sa Caisse pour un prêt de trois millions F CFA. Mais avec la sortie d’un pagne populaire communément appelé en mooré « Nazaba Moussa », le commerce de pagnes de Fatti Lalsaga prend un grand coup. Elle décide de changer d’activité. « Chaque nuit, je prie Dieu pour qu’il m’oriente vers une activité qui va me réussir. Un jour, comme par révélation, j’ai décidé d’ouvrir un dépôt
de boissons », raconte-elle.

Mais elle n’a pas les ressources financières qu’il faut pour lancer son projet. Elle se retourne encore vers la Caisse populaire de Wayalghin. Et grâce à la garantie offerte par l’un de ses frères, elle obtient un prêt de 4,8 millions F CFA en fin 2018 et lance son dépôt dans une maisonnette de 10 tôles, à Saaba. Depuis, chaque année, elle contracte un nouveau prêt variant entre 5 et 8 millions F CFA. Ce qui lui a permis d’augmenter la
capacité de stockage de boissons et d’acquérir un camion et des tricycles pour ses différentes livraisons.
« Je n’avais pas le choix »
Aujourd’hui, en dehors de la ville de Ouagadougou, Mme Lalsaga livre des boissons à l’intérieur du pays, dans des localités comme Zorgho, Mongtoédo, Megué, Boudri, Nedgo… « Grâce à la Caisse populaire, j’arrive à mener correctement mes activités, prendre en charge mes enfants, leur scolarité et à soutenir mes parents. Je ne peux que remercier le Réseau des caisses populaires.
Je souhaite qu’il prospère davantage pour toujours nous accompagner », confie-t-elle, l’air comblée. Elle a pu également s’acheter une parcelle d’habitation. Outre les taxes qu’elle paye à la mairie, elle contribue à l’employabilité des jeunes. D’un employé au démarrage, son dépôt emploie aujourd’hui huit jeunes dont trois femmes.
Tout comme Fatti Lalsaga, Angèle Guissou est une jeune entrepreneure dynamique basée au quartier Wemtenga de Ouagadougou. Elle évolue dans l’artisanat. Elle est la promotrice de la micro entreprise Angi’R, spécialisée dans la confection de pagnes traditionnels Faso Danfani/Koko Dunda, la teinture, le perlage, la confection de sacs, d’emballages cadeaux personnalisés et biens d’autres gadgets artisanaux. Mlle Guissou, alors qu’elle était élève en classe de terminale G2, a atterri dans l’entrepreneuriat par la force des choses.

« Je n’avais pas le choix », lâche-t-elle. Sa mère était malade ; elle était peinée de rentrer chaque soir du lycée et la voir souffrante. « J’ai alors décidé d’arrêter l’école pour porter assistance à ma mère. Je suis allée porter l’information à la direction de mon lycée qui m’a fait savoir que je pouvais reprendre à tout moment, vu que j’avais payé entièrement mes frais de scolarité », relate-elle.
Mais pour ne pas rester oisive à la maison, et dans l’optique de trouver de quoi venir en aide à sa mère souffrante qui était tisseuse, elle utilise ses fils, qu’elle avait acquis avant de tomber malade, pour confectionner des pagnes Faso Danfani. Et tout est parti de là, pour un entrepreneuriat qui donne aujourd’hui satisfaction, suscite espoir. « Le début n’était pas facile. J’ai commencé à tisser quelques pagnes et à les proposer aux gens et certaines structures comme la Caisse populaire de Dassasgho. Grâce à une tantie, Mme Kabré, que je ne cesse de remercier, j’ai commencé à avoir des commandes avec cette Caisse », confie Angèle Guissou.
« Ces prêts m’ont beaucoup aidée »
Le besoin de renforcer ses capacités de production afin de répondre à la demande de plus en plus croissante s’impose. Après un premier prêt de 500 mille F CFA, elle prend un deuxième crédit de 1,5 million F CFA à la Caisse populaire de Dassasgho pour l’acquisition de la matière première et de certains outils de travail. Mais avec l’avènement de la Covid-19, son activité va subir les effets de cette crise sanitaire. Elle parviendra à rembourser son crédit mais pas dans les délais prévus.
Malgré ce retard de paiement, elle obtient un autre prêt d’un million F CFA, pour l’acquisition des fils, des outils de production. La responsable de Angi’R décide de rencontrer la directrice générale de la Faitière des caisses populaires du Burkina (FCPB), Azaratou Sondo, qu’elle appelle affectueusement maman, pour lui proposer des motifs de pagnes tissés pour les Caisses populaires. « Le jour du rendez-vous, je me suis fait accompagner par mon frère, comme je suis petite, je craignais qu’elle ne me reçoive pas », se rappelle-t-elle.

autonomes financièrement ».
Le RCPB, conformément à sa vision d’aller au-delà de l’octroi de crédits pour accompagner ses membres dans l’écoulement dans leurs produits, lui confie le marché de la confection du pagne uniforme de son cinquantenaire, pour un montant de plus de 4 millions F CFA. Pour l’exécution de cette commande, elle se voit obligée de recourir à la Caisse de Dassasgho pour un prêt de 2 millions F CFA. Grâce à ce double accompagnement, à savoir les octrois de crédits aux conditions souples et les achats de ses
produits, l’entreprise de Angèle de Guissou est à un autre niveau de son développement. Elle travaille avec trois femmes et trois jeunes garçons qui l’aident dans la confection de ces pagnes ; ils sont payés à la tâche, par pagne tissé.
Aujourd’hui, elle est dans les travaux d’aménagement pour ouvrir très prochainement sa boutique de vente de ses différents articles. Grâce à l’accompagnement du RCPB, Mlle Guissou a pu se payer un voyage à Doubaï pour prendre part à une conférence sur le marketing digital, le commerce en ligne. « Ces prêts m’ont beaucoup aidée. Sans cela, je ne serais peut-être pas à ce niveau de chiffres d’affaires. Les crédits sont utiles, car ils vous imposent une certaine discipline dans la gestion de vos revenus, dans l’organisation », confie-t-elle. Aujourd’hui, son ambition est d’aller sur le marché régional voire international.
Avoir des crédits d’au moins 10 millions F CFA
« Mes projets futurs, c’est de faire connaitre mes produits dans les autres pays. Tout ce que je réalise c’est de l’art, de la création. Je sais faire la couture, la teinture, la confection des sacs, des éventails, des accessoires, des motifs sur des articles… Je sais faire
plein de choses avec mes dix doigts », soutient-elle, d’un air décomplexé.
Maria Zabsonré, transformatrice de carottes, de haricot vert, de soumbala, d’attiéké, basée à Manga, à une centaine de Km de Ouagadougou, dans la région du Centre-Sud, est également une de ces femmes battantes qui a bénéficié des financements de cette institution de microfinance au slogan : « Solidaires pour un mieux-être ».
Arrivée dans la cité de l’épervier comme ménagère chez un expatrié, Mme Zansonré ,fait parallèlement du déguè. Très vite, elle se rend compte que sa petite activité est plus rentable que son salaire mensuel de 60 000 F CFA. Elle refuse de suivre son patron affecté à Ouagadougou, pour se consacrer à son business personnel. Chemin faisant, elle adjoint la vente des pagnes qu’elle part acheter à Lomé, au Togo.
Le ralentissement de la rentabilité de son petit commerce, du fait de la crise sanitaire de la Covid-19, l’oblige à se réorienter dans la transformation agro-alimentaire, avec la production de l’attiéké comme activité principale. Pour améliorer la productivité de sa petite entreprise, Nanmalguebzanga, elle fait de la Caisse populaire de Manga son partenaire financier. Elle commence donc avec un premier prêt de 500 mille F CFA.

Aujourd’hui elle a à des crédits de 2,5 millions F CFA qu’elle rembourse annuellement. Ces prêts, lui permettent de s’approvisionner en matières premières et d’acquérir des machines de transformation. « La Caisse populaire aide nous les femmes à sortir de la pauvreté. Il nous est difficile d’emprunter de l’argent à un proche pour lancer une activité. Mais, avec une institution comme la Caisse, nous n’avons aucun problème », confie-t-elle, toute souriante.
Le problème aujourd’hui de dame Maria, c’est d’avoir des crédits d’au moins 10 millions F CFA avec la Caisse populaire, souligne-t-elle, pour pouvoir s’approvisionner en matières premières en grande quantité, afin de mieux faire face à la flambée des prix à une certaine
période de l’année.
« Je prends des crédits de 2 à 10 millions F CFA »
Transformatrice agroalimentaire à Kaya, chef-lieu de la région du Centre-Nord, Mariam Ouédraogo, fait partie aussi de ces femmes entreprenantes qui ne tarissent pas d’éloges à l’égard du Réseau de caisses populaires du Burkina pour ses micro-crédits accessibles et adaptés à ses besoins. Avec son entreprise Wendwaoga, d’un chiffre d’affaires d’environ 20 millions F CFA, elle transforme principalement des céréales comme le mil, le riz, le maïs en biscuit, farine, couscous, en grumeaux, de l’arachide en pâte, en tourteaux.
Elle fait aussi dans la transformation de jus naturels. Elle emploie trois permanents déclarés à la CNSS et une dizaine de journaliers, dont des Personnes déplacées internes (PDI). Mme Ouédraogo bénéficie de plusieurs produits financiers avec la Caisse populaire de Kaya depuis 2009. D’abord, avec des crédits de groupe, à travers les unions de coopératives, allant de 10 millions à 40 millions F CFA pour l’achat des céréales. Ensuite, à travers les prêts individuels.

« Depuis que j’ai créé ma propre entreprise, je prends des crédits de 2 à 10 millions F CFA. Et j’arrive à les rembourser sans difficultés », relate-t-elle, fièrement. A côté du crédit, elle bénéficie aussi du produit d’épargne Nong-saaya, une sorte de tontine digitale, à travers lequel elle réalise deux épargnes distinctes de 2 500 F CFA et de 2000 F CFA par jour.
« Grâce aux crédits de la Caisse populaire, nous, femmes rurales, sommes comme des fonctionnaires.
Chaque mois, j’envoie de l’argent à mon fils qui fait l’université à Ouagadougou, et ce , grâce aux crédits de la Caisse populaire qui nous permettent d’être autonomes financièrement », soutient Mariam Ouédraogo.
L’un des grands mérites du Réseau des caisses populaires est qu’il nous permet d’avoir une certaine autonomie, de participer activement à la gestion de nos familles, à la scolarisation de nos enfants, ajoute-t-elle.
A l’unisson, ces femmes entreprenantes reconnaissent au RCPB une institution financière au service de l’autonomisation économique des femmes, car il offre des produits financiers adaptés à leurs besoins et réalités socioéconomiques et qui leur permettent de développer leurs activités génératrices de revenus et de les faire grandir. « Au niveau des Caisses populaires, le taux d’intérêt est intéressant et les conditions d’accès et de remboursement sont souples et adaptées.
En cas de difficultés de remboursement, il n’y a pas de « course-poursuite » comme ailleurs. Il suffit seulement d’être honnête, transparent », soutient la responsable du dépôt de boissons Nabonswendé Ella, Fatti Lalsaga. La Caisse populaire est au service de tout le monde, des petits entrepreneurs comme des grands, renchérit Angèle Guissou.
Un programme spécifique pour le financement des femmes
Ce financement des femmes vers leur autonomie financière est la résultante d’une politique bien pensée et mise en œuvre par la Faitière des caisses populaires du Burkina (FCPB) depuis des décennies. « Les femmes occupent une place de choix dans notre dispositif. Dès les premiers moments, nous avons pensé à comment amener les femmes à profiter au maximum du Réseau des caisses populaires pour mener des activités génératrices de revenus, étant donné que le Réseau compte beaucoup de femmes en son sein, mais aussi comme membres », confie le directeur de crédit à la FCPB, Romain Tougma.
Et cette réflexion a conduit, poursuit-il, à la mise en place d’une politique intégrée, holistique à travers le « Programme Crédit, épargne, avec éducation », depuis 1993. La mise en œuvre de ce dispositif d’octroi de crédits au profit des femmes, surtout celles issues des couches les plus défavorisées, est partie d’un certain nombre de
constats. « Nous nous sommes rendu compte qu’il n’y avait que des hommes qui bénéficiaient des crédits, les femmes étaient en si faible nombre.

l’octroi des crédits, nous leur donnons une formation en éducation
financière, sur comment gérer leurs revenus, distinguer le bénéfice du chiffre d’affaires, comment gérer leurs entreprises, comment faire croitre leurs activités ».
Nous avons créé ce programme pour permettre donc ces dernières d’avoir accès au crédit, car elles ont des problèmes de garantie, elles sont handicapées par
les pesanteurs socioéconomiques ; beaucoup d’hommes ne veulent pas que leurs femmes mènent des activités économiques », explique M. Tougma.
Le programme a donc pour cibles les femmes qui n’ont pas accès aux crédits ordinaires, exclues du système financier classique ; il comporte plusieurs composantes, précise-t-il. Il y a d’abord le produit « Caisses village » qui consistent à octroyer des crédits par groupe de femmes de 20 à 30 membres et dont les besoins vont de 5 mille
F CFA à 150 mille F CFA.
« Nous avons mis en place ce produit pour répondre aux besoins des femmes surtout en milieu rural qui mènent des petites activités de commerce, de transformation, comme la fabrication de beignets, galettes et qui ne nécessitent pas beaucoup d’argent », détaille le directeur de crédits. En plus du crédit, elle bénéficie d’un encadrement d’une animatrice en éducation financière, en gestion de leurs projets, en santé maternelle. Ensuite, on a le produit « Association de crédits intermédiaires » où les crédits vont de 150 mille F CFA à 300 mille F CFA.
Plus de 65 milliards F CFA de crédits aux femmes
Les femmes de cette composante peuvent évoluer vers une troisième catégorie où elles bénéficient de crédits individuels de 300 mille F CFA à 5 millions F CFA.
« Cette politique a permis, ces cinq dernières années, d’octroyer plus de 65 milliards
F CFA de crédits aux femmes, avec un taux de remboursement d’environ 98% »,
confie-t-il.
Avec ce programme, beaucoup de femmes sont parties de rien, avec des crédits à partir de 5 000 F CFA, et sont aujourd’hui de véritables entrepreneures, des femmes leaders qui impactent leurs communautés, se réjouit Romain Tougma. Avec le soutien des partenaires du RCPB, cette politique est mise à l’échelle sur l’ensemble du territoire national. Selon le directeur de la Caisse populaire de Cissin, à Ouagadougou, Hamidou Alou, son institution de microfinance, à travers ce programme, octroie en moyenne 500 millions F CFA de crédits aux femmes membres, soit 20% du crédit octroyé à l’ensemble des membres. Outre les crédits, les femmes bénéficient de produits d’épargne spécialisés.

Il y a par exemples des tontines digitales qui leur promettent d’épargner quotidiennement, souligne M. Alou. Mais l’appui pour l’autonomisation des femmes n’est pas que financier.
« Avant l’octroi des crédits, nous leur donnons une formation en éducation financière, sur comment gérer leurs revenus, distinguer le bénéfice du chiffre d’affaires, comment gérer leurs entreprises, comment faire croitre leurs activités », confie-t-il.
Et d’ajouter qu’en dehors de la formation financière proprement dit, il y a des formations sur le planning familial, la santé de l’enfant, le dépistage du col de l’utérus, les maladies chroniques, car sans la santé, il n’y pas entrepreneuriat féminin. « Au niveau du Réseau des caisses populaires, notre objectif est de lutter contre la pauvreté des femmes », martèle le directeur de la Caisse de Cissin.
Pour le directeur crédit de la FCPB, M. Tougma, l’impact des interventions du RCPB est réel et palpable sur le terrain, à travers tout le territoire national. « Nous ne communiquons pas beaucoup, mais le Réseau fait un gros travail d’impact sur le terrain. Quand on parle de développement communautaire, de développement endogène, c’est ce que les Caisses populaires font au quotidien », souligne-t-il. Et loin de s’arrêter en si bon chemin, le RCPB a en perspective le développement de nouveaux produits financiers, surtout digitaux, pour mieux soutenir l’entrepreneuriat féminin, l’autonomisation des femmes, rassure-t-il.
Mahamadi SEBOGO
Windmad76@gmail.com
Le directeur général de l’Agence nationale pour la promotion de l’inclusion financière (ANPFI), Fidel Yaméogo
« Et en tant que leader dans le secteur, le RCPB a permis de booster l’inclusion financière dans notre pays »
« La contribution du Réseau des caisses populaires du Burkina à l’autonomisation économique des femmes est significative, à travers surtout l’inclusion financière, le développement des produits adaptés, l’accompagnement entrepreneurial et le renforcement de leurs capacités. En termes de poids, le RCPB représente 70 % du secteur de la microfinance dans notre pays. Il dispose de quatre produits spécifiques aux femmes. Il y a le produit Caisses villageoises de première génération dédié aux groupements de femmes de 16 à 30 femmes environ, le produit Caisses villageoises de deuxième génération, pour des groupes de moins de 10 personnes, le crédit aux femmes commerçantes et entrepreneures et enfin le crédit individuel aux femmes.
Mais au-delà de cela, ils ont des produits d’accompagnement, tels que Teel-taaba, des crédits au secteur informel, le produit Nong-Saaya, qui est une forme de tontine.
Au niveau du Réseau des caisses populaires, la moitié de l’encours de crédit octroyé est destinée aux femmes. Un des objectifs de l’Agence nationale de promotion de la finance inclusive (ANPFI), à travers les orientations des plus hautes autorités, est de porter l’accompagnement des femmes à l’accès aux produits financiers à hauteur de 60% ; car beaucoup de femmes sont exclues des systèmes classiques de financement. L’inclusion financière vise à lutter contre la pauvreté. Et comme tout le monde le sait, la pauvreté a pratiquement un visage féminin !
Le Réseau des caisses populaires existe depuis 1972 ; et en tant que leader dans le secteur, il a permis de booster l’inclusion financière dans notre pays, à travers les micro-crédits aux femmes. A travers l’accompagnement des activités génératrices de revenus des femmes, des jeunes et des couches vulnérables évoluant dans les domaines du petit commerce, de l’agriculture, de l’élevage, de la transformation agroalimentaire, le RCPB est en droite ligne avec les objectifs du gouvernement.
Les Caisses populaires abattent un travail formidable. Et c’est le lieu de féliciter leurs premiers responsables, à savoir monsieur le président du Conseil d’administration, madame la directrice générale de la Faitière et l’ensemble de leurs équipes. En termes de maillage du territoire national, avant la crise sécuritaire, le Réseau était présent dans 43 provinces sur les 45. Cette forte présence sur le terrain contribue à lutter efficacement contre la pauvreté, ce qui est totalement en phase avec les orientations du gouvernement, qui sont de booster le secteur de l’inclusion financière dans notre pays ».
Propos recueillis par M.S