Bénin : 2026 en ligne de mire

Alors qu’il se montrait moins actif, l’ancien Président béninois, Yayi Boni, 70 ans, revient en grande pompe sur la scène politique. Jusque-là président d’honneur du principal parti d’opposition, Les démocrates qu’il a créé en 2020, l’ex-chef de l’Etat en a pris les rênes. Le week-end écoulé, Yayi Boni a été porté à la tête de cette formation, lors de son premier congrès ordinaire tenu à Parakou, ville située à plus de 400 kilomètres de Cotonou.

Yayi Boni a remplacé Eric Houndété, par ailleurs chef de file de l’opposition, qui se voit désormais confier le poste de vice-président. L’ancien chef de l’Etat a bataillé ferme pour prendre pleine possession de Les Démocrates, qui a été porté sur les fonts baptismaux à la suite des divergences au sein de son précédent parti, les Forces Cauris pour un Bénin émergent. Les vents ne lui étaient pourtant pas favorables. Malgré son influence, une bonne partie des cadres tenaient au maintien d’Eric Houndété aux commandes du parti.

En se mettant en pole position, l’ancien homme fort du Bénin ambitionne de conduire sa famille politique à la victoire aux élections générales de 2026. Il a de l’expérience politique à revendre et une machine électorale aux capacités non négligeables. Aux récentes législatives, Les Démocrates ont surclassé tous les autres partis de l’opposition, en remportant 28 sièges de députés sur les 109. Cette performance relativement bonne a valu à ce jeune parti, le statut de chef de file de l’opposition.

Mieux, elle lui donne des lueurs d’espoir pour l’avenir, même si les marges de manœuvre de son maitre à penser sont réduites. Les dispositions constitutionnelles actuelles limitent les ambitions présidentielles au Bénin. Dans la loi fondamentale, il est mentionné que nul ne peut de sa vie prétendre à la charge présidentielle pendant plus de 10 ans, que les mandats soient successifs ou discontinus. Ce principe, introduit à la faveur d’une réforme constitutionnelle, écarte d’office Yayi Boni, au pouvoir de 2006 à 2016. Patrice Talon, qui a suggéré cette disposition, ne peut pas non plus envisager rester au palais présidentiel.

D’ailleurs, le chef de l’Etat béninois qui boucle son second mandat en 2026, a juré de ne pas briguer un autre, ouvrant la voie à une possibilité d’alternance. Pour le moment, son dauphin n’est pas encore connu, mais on imagine qu’il en trouvera d’ici la fin de son deuxième mandat. Des noms, tel celui du ministre des Finances, Romuald Wadagni, circulent, mais tout n’est que spéculation.

Le parti de Yayi Boni devra aussi désigner un candidat pour la prochaine présidentielle, dont il en a fait une fixation. Conquérir le pouvoir d’Etat en 2026 est le principal objectif des Démocrates. Il reste à savoir s’ils pourront tenir la coalition au pouvoir en échec. Ce scénario n’est pas impossible. Mais encore faut-il que Les Démocrates arrivent à convaincre les Béninois, qu’ils s’opposent en alternative à Patrice Talon. Les actions de développement plus ou moins appréciables du président du chef de l’Etat béninois retiennent l’attention de ses compatriotes.

Certains d’entre eux l’appellent d’ailleurs à ne pas quitter le pouvoir, une tentation à laquelle il entend résister. La marque de considération dont jouit Patrice Talon à cause de son attachement au développement du pays pourrait profiter, voire mettre son dauphin sur orbite. Dans un tel contexte, Les Démocrates devront mouiller sérieusement le maillot, s’ils veulent prendre le gouvernail en 2026.

Kader Patrick KARANTAO

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