Chez nous, le héros est célébré sur une pancarte en papier
Le poing levé, il trône sur des maillots de fans en lambeaux
Les discours du héros rivalisent d’avec les évangiles lus en entier
De veules troubadours les déclament à l’envi comme des robots
Chez nous, le héros tant aimé est vanté et adulé de son vivant
Jusqu’à la tombe, il ira seul ou avec quelques fidèles engagés
Son nom sera un slogan de marketing politique vendu aux partisans
Son idéologie pendra à l’effigie d’une nostalgie mal dédommagée
Chez nous le héros est vivant quand éternel, il dort avec les morts
Le passé porte fièrement la gloire des grands hommes éteints
Le cierge des cimetières brille, solitaire, au gré des vents de remords
Le silence du temps est orphelin de la rage des braves tant craints
Chez nous on peut aimer à mourir Sankara et détester son ombre
On peut lever le poing fermé en l’air sans savoir tenir un flambeau
Jeter la pierre aux autres sans apporter sa pierre aux siens qui sombrent
Il n’y a pas de Révolution sans passion, point de Nation sans hameau
Chez nous, l’avenir se conjugue au présent du contexte complexe
Les réflexes sont à la survie mais les perplexes crient à l’indignité
Les enjeux sont de taille mais la pagaille les ramène au jeu qui vexe
Parce que chez nous la liberté est une divinité en crise de puberté
Quand on vit on ne danse pas sur une lame de rasoir les pieds nus
On n’éteint pas les flammes de l’incendie avec de l’huile d’olive
On n’érige pas une citadelle avec des mains de pucelles ingénues
On ne bâtit pas un idéal commun avec le babil de Babel qui récidive
Clément ZONGO
clmentzongo@yahoo.fr