L’Assemblée nationale béninoise a adopté, le 14 novembre 2025 par 90 voix contre 19, une modification de la Constitution. Plusieurs changements structurants émergent de cette révision. Le plus marquant est sans doute l’allongement du mandat présidentiel de 5 à 7 ans, avec une seule possibilité de renouvellement, comme auparavant. Cette extension confère un cycle politique plus long au chef de l’Etat, modifiant les dynamiques électorales. De plus, la réforme introduit un Parlement bicaméral, avec la création d’un Sénat venant compléter l’Assemblée nationale. Il s’agit d’une reconfiguration profonde de l’architecture institutionnelle, destinée officiellement à renforcer l’équilibre des pouvoirs. Dans le même mouvement, les mandats des députés sont eux aussi étendus à 7 ans, avec possibilité de renouvellement. Enfin, au niveau local, la durée des fonctions des maires et conseillers communaux est également portée à 7 ans, consolidant ainsi un cycle politique unifié à tous les échelons de gouvernance.
Si ces changements peuvent être analysés comme une tentative d’instaurer une plus grande stabilité institutionnelle, ils nourrissent également diverses lectures géopolitiques et régionales. En effet, la question de la succession politique au Bénin prend une dimension plus sensible. La réforme, combinée aux dynamiques régionales, laisse entrevoir une manœuvre du Président Talon qui a promis de ne pas briguer un 3e mandat, d’assurer ses arrières, en ouvrant un boulevard à son dauphin, l’actuel ministre de l’Economie et des Finances, Romuald Wadani. Il n’y a qu’à scruter les réformes engagées depuis mars 2024 pour se convaincre du verrouillage progressif de l’espace politique au Bénin, jadis présenté comme une vitrine de la démocratie en Afrique de l’Ouest.
En tous les cas, cette réforme de la constitution s’inscrit dans un ensemble de rapports de force internes et externes et reflète un moment où le Bénin, entre stratégies nationales, dynamiques régionales et influences internationales, redéfinit les règles de son jeu politique pour les années à venir. Il est évident que des influences extérieures y contribuent fortement, surtout que des puissances occidentales, « chassées » des pays de la Confédération AES, cherchent à maintenir des points d’ancrage en Afrique de l’Ouest. Permettre à un opposant de prendre le pouvoir au Bénin reviendrait à les éloigner davantage d’une zone stratégique où elles perdent inéluctablement du terrain. Ceci explique donc cela !
La rédaction






