15 octobre 1987 : Sankara, Compaoré et Diendéré, selon Jean Philippe Tougouma

Les trois ouvrages dédicacés ont été offerts à la DG des Editions Sidwaya, Assétou Badoh.

Ecrivain et journaliste aux Editions Sidwaya, Jean Philippe Tougouma a mis sur le marché du livre un roman intitulé « Sankara le conclave des héritiers » et deux essais « Blaise Compaoré sa vie en neuf tableaux » et « Général de Brigade Gilbert Diendéré l’homme de l’ombre ». A 24 heures du 35e anniversaire de la mort de Thomas Sankara, Sidwaya a rencontré l’écrivain-journaliste pour décortiquer le contenu de ses ouvrages et expliquer le choix de ces hommes. Il évoque également, au cours de cet entretien, ses projets littéraires en cours.

Sidwaya (S) : Vous êtes l’auteur de trois ouvrages qui portent sur trois personnages majeurs de l’histoire politique de notre pays. Les présidents Thomas Sankara avec un roman « Sankara le conclave des héritiers », deux essais « Blaise Compaoré sa vie en neuf tableaux » et « Général de brigade Gilbert Diendéré l’homme de l’ombre ». Qu’est-ce qui vous a amené à écrire sur ces personnalités ?

Jean Philippe Tougouma (J.P.T.) : Merci à Sidwaya pour cet intérêt porté sur mes ouvrages littéraires. Sankara, Compaoré et Diendéré, pendant longtemps, cristallisent l’actualité politique au Burkina et même hors du Burkina. Ils ont eu des destins différents, mais une histoire entremêlée de joie, de succès, mais aussi de trahison.

N’ayons pas peur des mots. Pourquoi eux ? Pour dire vrai, il n’y a pas que ces trois personnages. J’ai bien en boîte des écrits sur d’autres personnages majeurs de la République à travers des essais, mais aussi de la fiction. Et notre univers contemporain en se fixant seulement sur la période révolutionnaire offre des personnalités sur lesquelles ont peut porter des regards à la fois historique et littéraire.

S : Revenons à vos ouvrages. Trois œuvres à la fois, est-ce possible ?

J.P.T. : Je répondrai oui. Vous savez une maman peut mettre au monde plusieurs enfants sans pourtant le faire du même coup. En ce qui concerne ma production littéraire, je dirai que si j’étais artiste-musicien, ce n’est pas trois ouvrages, mais vingt à la fois que je mettrais sur le marché. Et pour dire vrai, entre le premier ouvrage Sankara le conclave des héritiers 2017 ; et le dernier Compaoré sa vie en neuf tableaux 2021, il y a quatre ans. L’essai sur le Général de brigade Gilbert Diendéré l’homme de l’ombre a paru en 2019.

S : Faites-nous un bref résumé de chacun de ces ouvrages…

J.P.T. : Sankara le conclave des héritiers, est une fiction romanesque. Marguerite une jeune fille née le jeudi 15 octobre 1987, comme elle le dit, au moment où Sankara et douze de ses compagnons trouvaient la mort au Conseil de l’Entente, crée un site web et pour en être membre, il faut être né ce jour, cette date et cette année.

A sa surprise au conclave qu’elle organise avec ses frères du Burkina, elle voit déferler, de toute l’humanité, des jeunes. Ils jettent un regard sur le Sankarisme, mais aussi sur Sankara. Ils finissent par en tirer une conclusion… Général de brigade Gilbert Diendéré l’homme de l’ombre parle de la vie d’un homme, présent à la fois sur le registre politique mais surtout militaire, mais toujours off the screen.

Détenteur des grands secrets de la république, il est nommément cité dans les affaires de l’Etat. C’est bien le pendant d’un certain Jacques Foccart de la IVè république française. Enfin Compaoré sa vie en neuf tableaux, est une déclinaison volontaire de la vie de celui qui, pendant longtemps sinon pour toujours, restera le détenteur de la longévité politique au Burkina avec 27 ans de présidence. Neuf pour rester attacher à la cosmogonie africaine signifie que l’homme est neuf, pas dix.

S : Alors qu’est-ce qui vous a poussé à écrire sur chacun d’eux ?

J.P.T. : Oui, hormis le fait qu’ils ont été des hommes publiques, il ya des raisons. Sur Sankara c’est bien un regard sur des « héritiers » d’un grand homme qui n’ont jamais pu trouver le juste milieu pour un consensus. Curieusement, durant les trois glorieuses des 30,31 octobre et 1er novembre 2014, Sankara et Norbert Zongo étaient sur les lèvres des insurgés sans que cela ne soit traduit en voix gagnantes durant la présidentielle.

Au-delà de tout, il y a un mythe Sankara et une quête Sankara exprimés par une large frange de la population qui, en réalité souhaite l’application des idées du père de la Révolution du 4 août 1983. Sur le général Gilbert Diendéré, c’est au détour d’un article de Lefaso.net datant de 2018, « Diendéré de l’ombre à la lumière » alors que Diendéré était aux arrêts que je me suis permis de revisiter le parcours du général le plus grand des forces armées en taille, mais en visibilité médiatique également.

Sur le président Blaise Compaoré, le prétexte était cette image du président Compaoré célébrant en toute intimité familiale ses 70 ans. L’image suscite un grand débat qui n’est pas sans poser les fondements existentiels. On a envie de dire souvent, « tout çà pour çà ? »

S : Si vous devriez reécrire ces livres, qu’ajouteriez ou enlèveriez-vous ?

J.P.T. : J’ai pris ces hommes dans un moment M. je sais qu’à M+ ou à M- il y a bien des choses à retrancher ou ajouter. J’allais insister sur le besoin que les deux survivants, pour la postérité et pour leurs descendants vident leurs tripes, parlent, donnent raison à Valère Somé qui affirmait que « si Diendéré parle, plusieurs personnes fuiront ». Aujourd’hui, la grosse difficulté c’est bien la parole de Blaise Compaoré et Diendéré contre celles de personnes mortes, Sankara, Dabo Boukari, Norbert Zongo et bien d’anonymes.

S : Vous avez également des écrits sur d’autres sujets. Pouvez-vous nous en dire plus ?

J.P.T. : Sur des personnalités de la République. Vous savez que le début d’année 2014 a vu fructifier un sigle RSS, Roch, Salif et Simon. Ce sont des personnages qui meublent l’univers politique national depuis pratiquement 40 ans. J’ai donc jeté un regard sur eux.

Tout comme j’ai un regard sur les Médias Burkinabè face au terrorisme, un recueil de nouvelles Cellulaire 100 histoires et + à vous faire pleurer de rire et en fin un roman COVID-19 le règne des virus. Il ya bien d’autres ouvrages, un essai autobiographique, un recueil de blagues burkinabè, etc ; une fiction sur notre fonction publique intitulée Les ponctionneurs…

S : Où peut-on trouver vos ouvrages déjà édités ?

J.P.T. : Les ouvrages sont disponibles à Ouagadougou dans les principales librairies (Diacfa, Jeunesse, La Surface et Mercury) et au Mémorial Thomas-Sankara. A Bobo-Dioulasso avec la direction régionale de Sidwaya de l’Ouest, à Kaya, à Sidwaya également et à Koudougou. Nous nous employons à les mettre à la disposition dans tous les rayons possibles dans notre pays.

S : Que représente pour vous, écrire ? une passion ou une option ?

J.P.T. : Je dis souvent qu’écrire est à la fois une passion et une option. Depuis que j’ai compris que dans le pire, on trouve aussi le meilleur. Et inversement. Je profite de votre tribune pour solliciter un soutien afin de pouvoir me pencher sur des questions d’actualité. L’essai sur les médias burkinabè face au terrorisme est pratiquement achevé depuis 2019.

Mais hélas, par manque de moyens, il n’a pas encore été publié. Alors que le souhait était de susciter à travers d’autres personnes, un regard sur d’autres pans importants face à l’hydre terroriste. Il y a l’éducation, Les coutumiers et les religieux. Je ne voudrais pas conclure cette interview sans dire merci aux préfaciers, tous des confrères, Yacouba Traoré, (Sankara) Cyriaque Paré (Diendéré) et Adama Ouédraogo Damiss (Compaoré) et le professeur général de division Tanga Robert Guiguemdé pour COVID-19 ou le règne des virus qui n’est pas encore sorti et Daouda Badini l’éditeur.

Interview réalisée par la Rédaction

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