En attendant la charité internationale

L’humanité tout entière mettra du temps pour oublier cette année 2020 qui a été marquée par le coronavirus. Confinement, couvre-feu, télétravail, mesures-barrières, dé-confinement, re-confinement, le monde n’a jamais autant marché aux pas, si ce n’est ce « petit » virus qui a rappelé aux Hommes, leur petitesse dans tous les sens du terme. A l’échelle mondiale, la course contre la montre a donc été engagée dans la recherche du vaccin contre la maladie. Le terrain commandant la manœuvre, comme le disent si bien les militaires, la gravité de la situation a fait sortir des laboratoires, un vaccin en un temps record. Aux Royaumes-Unis, aux Etats- Unis d’Amérique et au Canada, les premiers patients ont déjà été vaccinés dans le cadre d’opérations jamais égalées de vaccination à grande échelle dans chaque pays. Alors qu’un peu partout dans le monde, les Etats se préparent à se procurer le précieux « jus » pour «immuniser » leurs populations, qu’en est-il de l’Afrique ?

Il est vrai que la pandémie ne fait pas autant de victimes sur le continent noir qu’en Europe, en Amérique ou en Asie, mais la situation est suffisamment préoccupante pour que les Etats se préparent à offrir, eux aussi, le vaccin aux populations. Au lieu de cela, c’est un silence assourdissant de nos chefs d’Etats qui se fait entendre comme si, l’Afrique était sur une autre planète. A coup sûr, le coût de ce vaccin y est pour quelque chose, au point que nos pays ne peuvent pas se payer le luxe de se l’offrir, au regard de la modestie de nos ressources publiques.

Heureusement qu’au nom de la solidarité internationale, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), conjointement avec la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI), l’Alliance pour les vaccins (GAVI) et d’autres partenaires, travaillent à garantir l’accès équitable aux vaccins en Afrique à travers le mécanisme COVAX. Toutefois, l’OMS se veut raisonnable.

« Soyons réalistes. Il n’y aura pas assez de doses pour tout le monde, l’objectif de l’OMS est donc de vacciner 20% de la population des pays à faibles revenus d’ici fin 2021. Cela représente deux milliards de doses à acheter et à répartir en priorité aux personnels soignants, aux personnes à risque et éventuellement dans les secteurs essentiels à l’économie comme les transports ou le tourisme », a tempéré la directrice de l’OMS Afrique, le docteur Matshidiso Moeti.

Malgré tout, en termes de préparation, une analyse de l’OMS montre que « l’Afrique est loin d’être prête » à ce qui sera la plus grande campagne de vaccination du continent, dans les domaines de la planification et la coordination, les ressources et le financement, les régulations liées au vaccin, les services de livraison, la formation et la supervision, le suivi et l’évaluation, la logistique, la sécurité des vaccins et la surveillance, la communication et l’engagement communautaire. Comment comprendre qu’en plus d’être incapable de s’offrir le vaccin, l’Afrique ne soit même pas en mesure de mettre en place
un dispositif pour le recevoir gracieusement ?

S’il faut à tout moment tendre la sébile, il faut savoir mettre entre parenthèses sa prétendue indépendance. Les dirigeants de nos Etats doivent être en mesure de faire comprendre cette donne à leurs concitoyens qui ont parfois du mal à accepter certaines réalités des relations diplomatiques. En attendant cette charité internationale, les populations gagneraient à respecter les mesures-barrières pour éviter de retomber dans le creux de la vague de la COVID-19.

Jean-Marie TOE

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