Leçon d’histoire

Le Burkina s’est adressé au reste du monde, le samedi 23 septembre 2023, à la tribune de la 78e session de l’Organisation des Nations unies (ONU). Le ministre d’Etat, ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale, Bassolma Bazié, a livré, au nom du Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, un message qui fera date dans l’histoire de l’institution onusienne.

Le Burkina a préféré « froisser » les us diplomatiques et parler du fond du cœur, en disant haut ce qui, en général, se murmure entre quatre murs, avec des mots endormants. Le ministre Bassolma est-il allé loin ? Très loin ? Voire trop loin dans ses propos ? Et si seulement ce discours était la conséquence d’un ressenti, d’une frustration longtemps conservée dans les méandres du subconscient de tous ces peuples opprimés, sans voix et finalement sans voie ?

De toutes les façons, depuis le sommet russo-africain où la voix du Burkina a tonné et ravi les oreilles, ce pays prétendument pauvre, mais bien nanti dans la réalité, est attendu dans tous les agoras. On peut dire sans sourciller que le courage burkinabè fait déjà chorus. Qui a entendu les messages du Togo, du Mali, de la Guinée, de l’Afrique du Sud, doit se convaincre que la mue est en train de s’opérer.

Plus rien ne sera comme avant. Pour cela, il faudra que les Burkinabè acceptent d’abord taire leurs divergences. Cette attitude est souhaitable, dans un contexte où les panafricanistes, disons des hommes épris de paix et de justice, comprennent que sans cette justice pour tous, sans cette liberté pour tous, les rencontres annuelles de l’ONU ne seront que des tribunes où chaque président ne sera applaudi que par sa délégation.

Il faut que ça change. Le monde dit libre devra désormais mettre dans son agenda ce désir de mutation qui couvait depuis des lustres. Rien ne l’arrêtera. Hier c’était juste deux pays qui étaient sortis des sentiers battus. Aujourd’hui, ils sont nombreux. Si le mur de Berlin a cédé sous la pression de la rue, les murs de peur tombent peu à peu en Afrique.

En fait, c’est la traduction d’un ras-le-bol, d’une frustration longtemps couvée qui s’exprime en des mots justes, parce que le futur du continent africain pourra se compromettre si l’Afrique demeure dans la posture de petit poucet dont les richesses peuvent pourtant lui ouvrir les voies du bonheur. Le message du Burkina Faso entre donc en droite ligne de cette vision, dénonce de vive voix et met le doigt où ça fait mal.

Ce qui est dénoncé dans ce discours, c’est de voir les pyromanes se revêtir du manteau du pompier sauveur. C’est de voir que nombre de dirigeants sur le continent épousent les miasmes qui ont émaillé la longue histoire de l’Afrique où des Africains ont pris la main des envahisseurs pour les introduire dans les bergeries.

Le Burkina est resté conforme à sa vision d’une Afrique du refus, qui parle d’égal à égal avec tout le monde. Le Burkina appelle chacun à se regarder dans son miroir pour l’histoire. Au final, le Burkina n’aura pas été seul à alerter le monde entier sur des agissements moyenâgeux. Et le monde aura tort de minimiser ce message du pays des Hommes intègres.

Par Assetou BADOH

badohassetou@yahoo.fr

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