Procès du putsch : 30 ans de prison pour six fuyards dont Fatou Diendéré

Fatoumata Diendéré, épouse du principal auteur du putsch a été reconnue coupable de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat et a écopé de 30 ans de prison fermes.

Le tribunal militaire de Ouagadougou a livré le mardi 3 septembre 2019, sa décision concernant les accusés qui n’ont pas comparu dans l’affaire du putsch. Au nombre de huit, ils ont été tous reconnus coupables. Six d’entre eux, dont l’épouse du général Gilbert Diendéré, Fatoumata, ont écopé de 30 ans de prison fermes.

Passé le verdict concernant les accusés qui ont comparu devant lui, le tribunal militaire a, au terme d’une séance de jugement par défaut de près de deux heures, reconnu les huit prévenus fuyards coupables. Cela avec la circonstance aggravante liée à la fuite. Fatoumata Diendéré, épouse du général Gilbert, le colonel Mahamadi Déka, Abdoul Karim André Traoré dit Perfectum, René Emile Kaboré, Téné Alima Bougma/Kagoné ont été déclarés coupables notamment de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat et ont écopé de 30 ans de prison.

C’est la même peine qui a été infligée à Zakaria Songotowa, jugé auteur d’attentat à la sûreté de l’Etat, lui qui était parmi les militaires qui ont assuré la couverture sécuritaire pour la prise des conseils des ministres en otage. Timpoko Marguerite Kagambèga reconnue complice dudit attentat, responsable de dégradation volontaire aggravée de biens, de coups et blessures volontaires a été condamnée à 20 ans de prison ferme. Quant à Zougnoma Issoufou, il doit purger une peine de dix ans fermes.

Comme le prévoit la loi, en l’absence des accusés, leurs avocats pourtant présents à l’audience, n’ont pas eu droit à la parole. Le tribunal a statué sur les seules réquisitions du parquet. Celui-ci a expliqué que le colonel Déka s’est soustrait à se présenter à la justice pendant qu’il était en liberté provisoire après l’interrogatoire de première comparution et celui au fond.

Le ministère public a chargé l’officier d’avoir été à la manœuvre pour l’arrêt des émissions des radios hostiles aux putschistes dont celle de la Résistance, celle Laafi de Zorgho. « C’est dans son bureau que le matériel pris à ces médias a été entreposé », a confié un parquetier. Les faits mis à la charge de dame Diendéré sont relatifs à la proposition à son époux, après l’échec du putsch, d’une zone de rébellion à Pô ou de fuir avec des fidèles comme le capitaine Abdoulaye Dao.

A cela s’ajoute la remise d’une somme de dix millions F CFA au lieutenant-colonel Mamadou Bamba qui devrait la partager avec le colonel Abdoul Karim Traoré pour respectivement lecture des communiqués et déclaration du Conseil national pour la démocratie (CND) et pour leur rédaction. Dans ses réquisitions, le parquet a fait savoir que le nom de René Emile Kaboré est indissociable de l’aile politique du putsch et c’est à celui-ci que les 50 millions F CFA venus de la Côte d’Ivoire ont été remis.

S’agissant de Abdoul Karim André Traoré dit Perfectum, l’accusation l’a chargé d’avoir participé à la rédaction et à l’amendement de la déclaration CND. Elle a, du reste, indiqué que Téné Alima Bougma/Kagoné est aussi de l’aile politique du coup de force et a donné 500 000 F CFA à Faïsal Nanéma pour motiver les manifestants au monument aux Héros nationaux. Le ministère public a poursuivi Issoufou Zougnoma pour sa descente avec d’autres militaires de l’ex-RSP chez feu Salifou Diallo où ils ont tabassé l’officier de police en garde Yacouba Manli qu’ils ont conduit au camp Naaba Koom II.

Concernant Timpoko Marguerite Kagambèga, les parquetiers lui en veulent pour avoir été de la manifestation pro-putsch au monument aux Héros nationaux.
A part le cas de Issoufou Zougnoma (dix ans) et celui de Timpoko Marguerite Kagambèga (20 ans) où il a suivi le parquet, le tribunal est allé au-delà des réquisitions en prononçant la peine de 30 ans de prison ferme. Suspendu, l’audience reprendra le 22 octobre prochain pour le jugement sur les intérêts civils.

Jean Philibert SOME

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