Sana Bob, artiste-musicien : “Bob Marley m’a fait perdre mon premier boulot”

L’artiste-musicien Sana Bob : “Bob Marley a été ma boussole au tout début de ma carrière musicale”.

L’artiste-musicien burkinabè, Sana Bob, revient dans cette interview sur l’influence de Bob Marley sur sa carrière musicale, et l’actualité en cette période de COVID-19.

Sidwaya (S.): Le monde entier célèbre le lundi 11 mai 2020, le 39e anniversaire de la disparition du roi de la musique reggae, Robert Nesta Marley, plus connu sous le nom de Bob Marley. Que représente-t-il pour vous, et la musique reggae en général ?

Sana Bob (S.B.): Bob Marley est incontestablement le pape de la musique reggae. Il est celui qui l’a fait connaître dans le monde entier. Il serait d’ailleurs inconcevable de parler de l’historique ou des origines de cette musique sans évoquer son nom. Bob Marley est la figure emblématique du reggae. Il est l’icône de la musique reggae. Il a été et sera toujours mon idole. Il m’a révélé, à travers sa musique, la voie à suivre. Il m’a inspiré à mes débuts, et cette inspiration est encore permanente dans toutes mes créations. J’ai même perdu mon premier boulot de domestique en Côte d’ivoire à cause de Bob Marley (rires). Je m’étais laissé pousser les cheveux (dreadlocks) et la barbe comme lui. Cela n’a pas été du goût de mon employeur de l’époque qui n’a pas eu d’autre choix que de me jeter à la rue.

S. : Quelles qualités au plan musical de Bob Marley vous ont le plus marqué?

S. B. : Je dirais sans détour que c’est son feeling, c’est-à-dire son look (rires) qui m’a le plus séduit après sa musique. Je retiens également son engagement, son dévouement pour le “peace and love” (paix et amour) dans le monde. Il a été un véritable défenseur des sans-voix, des pauvres, et des peuples opprimés par Babylone ou toute autre forme de domination. C’était un artiste engagé au sens plein du terme, qui fustigeait en son temps les politiques injustes partout dans le monde. Nous n’avons pas cependant le même type d’engagement. Je me définirais plutôt comme un artiste engagé pour le développement et la cohésion sociale. Je jette certes, un regard critique sur la gestion de la chose publique, mais je ne fais pas de la politique. Mais j’admire les politiciens dévoués à leur peuple.

S. : L’un de vos fils, Sana Neb Nooma Ismaël, semble marcher dans vos pas…

S. B. : Oui, c’est exact. Mais je préfère, pour le moment, le voir terminer ses études. Il aura après le libre choix de suivre sa voie. Cela n’étonne pas. Je suis né dans une famille de musiciens. J’ai toujours eu la musique dans le sang. C’est aux côtés de ma tante, la cantatrice Hado Léontine Gorgho, qui a été la griotte attitrée de feu le Larlé Naba Abga que j’ai fourbi mes armes. Il a certainement, lui aussi, hérité de cette fibre familiale.

S. : Est-il vrai que vous avez été plusieurs fois convoqué par les responsables de son établissement ?

S. B. : Oui, cela est en effet arrivé. C’était généralement pour ses tenues et surtout ses dreadlocks. Je l’ai finalement enjoint de se couper les cheveux pour pouvoir respecter le règlement intérieur de son établissement.

S. : Comment vous occupez-vous en cette période de COVID-19 où les activités notamment culturelles sont au ralenti ?

S. B. : Cette période est assez difficile pour l’ensemble des acteurs culturels. Mais, nous essayons, chacun en ce qui le concerne, de supporter le coup. Nous prions que les choses se normalisent le plus rapidement possible pour les Burkinabè en général, et les artistes- musiciens en particulier. Pour le moment, j’essaie d’apporter ma contribution en prenant part à la sensibilisation des populations aux risques liés au non-respect des mesures barrières à travers le collectif “Stop Corona Virus” que j’ai initié avec quelques collègues artistes. En dehors de cette activité, je travaille en studio pour la préparation de mes prochaines œuvres.

Interview réalisée
par W. Aubin NANA

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