Si le temps nous le permet

Dans son discours de politique générale prononcé, le samedi 19 novembre 2022, devant l’Assemblée législative de Transition (ALT), le Premier ministre, Me Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla, une expression revenait comme un leitmotiv : « Si le temps nous le permet ». En effet, le Premier ministre l’a répétée plusieurs fois. Ce qui signifie qu’il en est conscient et il sait qu’il n’aura pas plus de temps. Cela veut dire qu’il faut aller à l’essentiel et tout de suite. Le temps de la Transition est bien connu de tous : vingt et un mois à compter du 30 septembre 2022, date de la prise du pouvoir par le capitaine Ibrahim Traoré. Cette délimitation temporelle a toute son importance dans cette phase de l’histoire que traverse le Burkina Faso. Elle l’est en premier lieu pour le président de la Transition. Il est tenu de faire dans ce laps de temps ce qu’il y a lieu de faire pour notre pays, c’est-à-dire la restauration de son intégrité territoriale avec son corollaire de conséquences immédiates et à terme.

Ce temps est également valable pour le Premier ministre et les membres du gouvernement. Ils doivent se concentrer sur l’essentiel et le plus urgent pour les Burkinabé dont au moins deux millions sont des Personnes déplacées internes (PDI qui aimeraient retourner dans leurs différents lieux de vie et reprendre leur vie et leurs activités d’avant. Chaque ministre doit se fixer des objectifs et des résultats à atteindre d’ici la fin de la Transition et éviter de se disperser. Comme diraient les planificateurs, ils doivent être efficaces et efficients parce que, comme l’a dit le Premier ministre : « la situation du pays ne le permet pas ». Du côté de l’ALT également, c’est cette même portion de temps qui leur est impartie. Le président Ousmane Bougouma et les autres députés doivent avoir ce temps en ligne de mire pour les lois qui seront votées et pour les leviers qu’ils vont donner à l’exécutif pour agir ici et maintenant. Les Burkinabé ont des attentes Ils devront les connaître et agir en conséquence.

Quant au pouvoir judiciaire, il ne devrait pas manquer l’occasion d’enclencher des dossiers et autres affaires qui amèneraient les Burkinabé à retrouver une certaine justice et une équité devant la loi. Lui aussi n’a que ces vingt et un mois pour entamer sa mue ou sa mutation. Les exemples pris à partir de ces têtes de proue de la gouvernance de notre pays doivent amener les Burkinabé à aller au-delà de l’introspection. Cette limitation dans le temps devrait inciter chaque Burkinabé à s’engager réellement et concrètement pour donner à notre pays de bonnes raisons d’espérer et de croire que notre avenir sera meilleur. Il serait en effet illusoire de penser que c’est quelqu’un d’autre qui le fera pour nous. Les vingt et un mois de la Transition sont notre boussole et notre ligne de mire. Ils vont certainement poser des bases que l’on espère solides pour un Burkina débarrassé du terrorisme et de bien d’autres maux qui l’empêchent jusqu’à présent d’envisager l’avenir avec une certaine sérénité. Le citoyen lamda est appelé à bien faire ce qu’il doit faire, tout comme toute personne investie de la moindre parcelle de la gestion de notre pays. Le temps imparti est court, mais peut être utilisé à bon escient l’adage dit en effet que : « Qui trop embrasse, mal étreint ». Des priorités ont été clairement définies par le Premier ministre. Il s’agit, entre autres, du recouvrement de l’intégrité territoriale et de la sécurisation des populations. Si chaque acteur majeur de la gouvernance actuelle en prend acte et en comprend les enjeux et se donne les moyens de les atteindre, ce temps le permettra. La situation actuelle ne nous en laisse pas le choix et le meilleur baromètre à l’heure actuelle pour tous ceux qui sont à la manœuvre est de pouvoir mettre fin ou à tout le moins endiguer sérieusement les menaces et autres attaques et manifestations du terrorisme au Burkina Faso.

Tout le monde en paie le prix, d’une manière ou d’une autre et on aurait tort de croire qu’on n’est pas encore concerné. C’est un challenge qu’il faut à tout prix réussir pour permettre à ceux qui viendront prendre les rênes de travailler avec plus de sérénité et sur d’autres questions autres que celles commandées par notre situation actuelle. De bonnes bases peuvent être posées comme de solides fondations d’une maison à construire. « Si le temps nous le permet », est-on tenté de dire.

Urbain KABORE

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