Campagne agricole 2025-2026: environ 2,5 millions de tonnes de productions attendues dans le Bankui et le Sourou

Les producteurs sont de plain-pied dans la campagne agricole humide 2025-2026 aux alentours de Dédougou. C’est le constat fait, le lundi 21 juillet 2025, dans quelques villages situés dans la partie nord de la ville. 

De Passakongo à Soukuy en passant par Tionkuy, Bokuy et Badala, la campagne agricole humide 2025-2026 bat son plein dans la région de Bankui (ex-Boucle du Mouhoun. Si certains agriculteurs sont à la phase des semis, d’autres par contre contemplent déjà avec fierté leurs plants en phase de montaison, de ramification ou de floraison. Il est attendu de cette campagne agricole humide une production d’environ 2,5 millions de tonnes de productions agricoles, toutes spéculations confondues, dans les régions du Sourou et de Bankui (ex-Boucle du Mouhoun), selon les prévisions de la direction régionale en charge de l’Agriculture. Pour atteindre cet objectif, les producteurs s’activent. Les champs présentent un visage attractif. Juchés sur une motocyclette, défiant les flaques d’eau et luttant contre les secousses, nous parvenons, une trentaine de minutes plus tard, à mettre le cap sur le champ de Tuhiensin Ha, cultivateur à Passakongo. A la date du lundi 21 juillet 2025, ce producteur a déjà emblavé plus de deux hectares (ha) de petit mil et de sorgho. Les plants, déjà visibles, présentent une bonne physionomie. Il espère de bons rendements si « les pluies continuent jusqu’en début octobre ».

M. Ha note cependant un début difficile de la saison. « Les pluies ont été irrégulières au début. Une situation qui n’a pas favorisé la poussée normale des semis », déplore-t-il. Du champ de Tuhiensin Ha, nous prenons la direction de Soukuy. De gauche à droite, sur le chemin, les champs sont noirs de monde. Dans ce village situé à une trentaine de kilomètres de Dédougou, Jonas Dakio exploite un domaine d’environ quatre ha. Ses spéculations sont le maïs, en phase de montaison, et le niébé en phase de ramification. Son voisin, Sounsoura Coulibaly, quant à lui, produit, pour cette campagne, du maïs, du sésame, du riz, du petit mil, du niébé, des arachides et du sorgho sur une superficie de 15 ha. Une partie de son maïs est au stade de floraison, l’autre, à l’étape de montaison et le niébé en phase de ramification. M. Coulibaly s’en est pris à temps.

En avril déjà, Il avait commencé les travaux champêtres. Selon ses confidences, dès le 6 juin 2025, à la première grande pluie dans sa zone, il avait déjà semé. Au regard de la physionomie de ses plants, Sounsoura Coulibaly nourrit l’espoir d’une bonne moisson à la fin de la campagne. Son seul regret, c’est de ne pas pouvoir  exploiter la zone la plus fertile de son champ pour cause d’insécurité. Entre échanges avec un producteur et celui d’avec un autre, nous profitons nous gaver de karité, en abondance dans la zone à cette période. Contrairement aux autres producteurs, Samuel Coulibaly laisse entendre que sa campagne a débuté avec un léger retard. En témoignent ses plants de petit mil qui sont toujours à ras le sol. En plus du petit mil, il produit du sorgho et du riz sur une superficie de plus de 10 ha. Le périple de la journée va se terminer dans l’exploitation d’Elysée Sama, un producteur modèle de la région de Bankui, résidant à Soukuy. Ce producteur exploite 32 ha avec des cultures comme le maïs, le sorgho, le petit mil, le sésame et le niébé. Responsable d’une coopérative de producteurs, M. Sama dit avoir commencé sa campagne le 24 juin dernier. Sa coopérative a été une heureuse bénéficiaire des labours gratuits des tracteurs offerts par le gouvernement.

 80 tonnes d’engrais subventionnés pour les PDI

Contrairement à Elysée Sama, les paysans de Soukuy n’ont pas bénéficié des tracteurs mis à la disposition du monde paysan par le chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, selon les aveux de Samuel Coulibaly. Même son de cloche pour Tuhiensin Ha qui dit néanmoins avoir appris que le gouvernement a subventionné les intrants agricoles et mis à la disposition des producteurs des moyens mécaniques de labours. La daba à l’épaule, cet agriculteur est convaincu que les efforts du gouvernement visent à accompagner les acteurs du monde paysan. Il souhaite du reste que les services techniques de l’Etat œuvrent en sorte que tous les producteurs puissent en bénéficier. La cherté des intrants agricoles sur le marché est une épine de plus aux pieds des producteurs. C’est le cas de Jonas Dakio qui juge hors de sa portée le prix du sac d’engrais qui s’élève à 27 500 F CFA sur le marché. « Or, l’engrais subventionné par l’Etat est inaccessible », regrette-t-il.

En réaction, le directeur régional de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques, Fayçal Téguéra, apporte plus de précisions. Il explique que les intrants agricoles subventionnés par l’Etat sont destinés prioritairement aux producteurs vulnérables. Pourtant, déplore-t-il, des acteurs non vulnérables veulent bénéficier de cet appui. « Cette situation serait la principale cause de l’inaccessibilité des intrants dont parlent certains producteurs », confie-t-il. Tout en insistant sur l’énormité des besoins en la matière, le directeur régional loue les efforts des autorités qui ont mis à la disposition du monde paysan de la région de Bankui, environ 10 mille tonnes d’engrais subventionnés pour la présente campagne. En plus, les producteurs déplacés internes locaux ont bénéficié à eux seuls plus de 80 tonnes d’engrais subventionnés. S’agissant des moyens mécaniques pour les labours, les deux régions disposent de 41 tracteurs et 90 motoculteurs, tous mobilisés sur le terrain. Mais la demande étant « très forte ».

A en croire le M. Téguéra, il est difficile, voire impossible de satisfaire tous les acteurs à la fois. Toutefois, il rassure que les labours se poursuivront jusqu’en août. Une faveur, poursuit-il, est faite aux producteurs déplacés internes identifiés qui bénéficient gratuitement des labours. En outre, les autorités régionales plaident auprès des propriétaires terriens qui ont mis à la disposition de ces producteurs, 200 ha de terre cultivable dans les provinces du Mouhoun et des Balé.  La campagne s’est installée normalement dans la majeure partie de la région. A ce jour, la physionomie, aux dires du directeur régional de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques de Bankui, est bonne avec un bon développement des cultures et une situation phytosanitaire relativement calme. Une bonne pluviométrie conjuguée à la mobilisation de tous les acteurs sur le terrain, selon Fayçal Téguéra, vont permettre de relever le pari de 2,5 millions de tonnes prévues dans le Bankui et le Sourou.

Yacouba BELEM

Béré Jean Didier NAON 

(Stagiaire)

 

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