La campagne agricole humide s’est bien installée dans la région de Tannounyan (Banfora). L’accompagnement des producteurs en intrants, en labours et en appui-conseil est effectif. Techniciens et producteurs sont confiants quant à une bonne campagne agricole si tout se poursuit aussi normalement.
Diongolo, village rattaché à la commune de Banfora à une trentaine de kilomètres du centre-ville. Le champ de maïs de Salifou Tou, chef du village et grand producteur, a fière allure en ce début de matinée du mardi 22 juillet 2025. Il est l’un des rares producteurs de la localité à avoir emblavé aussi précocement cette année (entre le 15 et 20 mai). La majeure partie de ses 2 ha de maïs est aujourd’hui au stade d’épiaison. Sur son domaine, on y trouve également du riz sur plus de 2 ha et des légumes. M. Tou espère récolter son maïs précoce en fin août prochain avec un rendement de 8 tonnes à l’hectare. La majeure partie de son domaine, dit-il, était consacrée au maïs, mais des inondations successives ces dernières années ont détruit ses cultures qui étaient presqu’à maturité et lui ont donné une leçon. « D’ici fin août, le maïs est déjà prêt à être récolté avant les grandes pluies », explique-t-il. Le chef du village est par ailleurs reconnaissant à l’Etat pour l’arrivée des intrants bien avant le début de la campagne.
Un peu plus loin, le champ d’un autre producteur, Arouna Soulama, qui s’étale sur environ 6 ha, est au stade de montaison. Il a bénéficié de 25 sacs de 50 kg d’engrais subventionnés dont 15 sacs de NPK et 10 d’urée. Il dit espérer un rendement minimum de 5 tonnes à l’ha pour le maïs. Oumar Sombié est chef de l’Unité d’animation technique d’agriculture (UATA) de Sitiéna qui couvre les villages de Sitiéna, Diongolo et Niankar, dans la Zone d’appui technique agricole (ZATA) de Banfora. Technicien le plus proche des producteurs, il confie que les cultures dominantes dans cette UATA sont le riz, le maïs, l’arachide et les cultures maraichères. La campagne, à ses dires, se déroule normalement dans son unité. « Nous avons reçu les intrants très tôt et les avons mis aussitôt à la disposition des producteurs », se réjouit-il. Dans la zone, précise M. Sombié, les plants sont actuellement au stade végétatif, de levée et de montaison pour certains champs et même d’épiaison pour d’autres plus précoces. Ce qui est sûr, à l’entendre, on ne parle plus de semis pour le riz et le maïs dans cette UATA.
Des populations réinstallées
Au-delà de cette UATA, la saison s’est bien installée sur l’ensemble du territoire régional, selon le directeur régional de l’agriculture, des ressources animales et halieutiques de Tannounyan, Minyemba Souobou. Globalement, dit-il, la campagne s’est installée dans la région, de façon « normale à précoce » et les travaux lourds ont déjà été exécutés. « Nous sommes satisfaits de l’installation de la campagne comparativement à celle écoulée qui a connu des difficultés dans son démarrage », soutient-il. Sur le terrain, poursuit le directeur régional, les spéculations telles que le maïs et les variétés à cycle long sont au stade d’application des premières fractions d’engrais, notamment le NPK. M. Souobou souligne que l’Etat a consentit beaucoup d’effort pour accompagner les producteurs malgré la situation difficile du pays.
Cet appui de l’Etat se compose d’intrants à prix subventionnés, d’équipements agricoles (Ndlr : 21 tracteurs et 34 motoculteurs pour la région) et de labours gratuits ou à prix réduits pour les producteurs. Le directeur régional indique par ailleurs qu’il dispose d’un fort réseau d’encadrement qui émaille suffisamment la région pour assurer l’appui-conseil de proximité. Il dit avoir l’espoir que cette campagne aura de bons résultats. Le défi de la région, pour lui, est le même qu’au niveau national, accroitre considérablement les productions agricoles pour l’atteinte rapide de la souveraineté alimentaire. Et la région, insiste-t-il, a sa partition à jouer surtout avec son potentiel agricole énorme. Un autre motif de satisfaction pour M. Souobou, des zones qui n’ont pas pu produire les précédentes campagnes, du fait des déplacements de populations pour terrorisme, ont renoué avec la production. Ceci, grâce à l’amélioration de la situation sécuritaire et la réinstallation des populations.
Alpha Sékou BARRY
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