CAN quadriennale à partir de 2028: « Je crains d’entrée le manque d’attractivité », Madou Dossama, consultant Sidwaya Sport

Ancien footballeur international burkinabè avec deux participations aux Coupes d’Afrique des Nations (2000-2002), Madou Dossama consultant de Sidwaya sport pour la présente phase finale se prononce sur le passage de la compétition de 2 à 4 ans à partir de 2028.

Quelle est votre réaction sur le passage de la CAN de 2 à 4 ans ?

Pour moi c’est juste une façon d’assujettir encore plus le football africain à la puissance faîtière mondiale, la FIFA. Aujourd’hui, le football business a littéralement pris les dessus sur le football populaire. Cette course effrénée vers le profit fait que la CAF, qui est très dépendante de la FIFA ne pouvait que se plier aux désidératas du puissant président de la FIFA

Voyez-vous déjà venir la chose ?
Ce changement qui prendra effet en 2028 était prévisible et cette nouvelle n’a rien d’un scoop. Nous avons un peu suivi le teasing jusqu’à l’annonce officielle des changements à venir.

Quelles sont, selon vous, les raisons qui ont milité à ce changement ?

La principale raison invoquée est l’harmonisation du calendrier mondial. La périodicité chaque 2 ans de la CAN créait souvent des chevauchements avec la Coupe du monde ou l’Euro, perturbant les clubs européens qui paient le salaire des joueurs africains. Le passage à quatre ans aligne la CAN sur les cycles FIFA et UEFA, facilitant la libération des joueurs. Ceux qui ont décidé pensent qu’une CAN tous les quatre ans rendra la compétition plus rare, donc plus prestigieuse, comme la Coupe du monde. Cela aura l’avantage de booster les droits TV, d’acquérir plus de sponsors, donc plus de revenus.

Le passage du nombre d’équipes à 24 n’y est-il pas pour quelque chose ?

Pas forcément, le passage du nombre des équipes à 24 n’est pas la cause principale de ce changement comme je l’ai déjà expliqué plus haut.

Quelles pourront être les conséquences de ce changement sur le football africain selon vous ?
Je crains d’entrée le manque d’attractivité et la perte de la visibilité sur notre football. Cette réduction de la présence régulière de la CAN diminue son rôle fédérateur et l’exposition des championnats locaux. Il y a ensuite le ralentissement au niveau des acquisitions des infrastructures, car, moins d’éditions risquent de freiner les investissements dans la construction des stades, des routes et hôtels, qui étaient stimulés par la CAN tous les deux ans. Je termine par une autre conséquence et non des moindres, cette dépendance accrue de l’alignement sur l’Europe va plutôt avantager les intérêts étrangers au détriment du développement du football sur notre continent.

Que pensez-vous de la nouvelle Ligue des Nations qui sera instituée pour pallier un peu ce vide ?

La Ligue des Nations, encore calquée sur le modèle européen, va permettre des confrontations régulières de haut niveau. Ce qui pourrait améliorer le niveau global des équipes africaines et leur préparation pour la CAN ou la Coupe du monde. Il va aussi avoir un accroissement des revenus sur l’augmentation des prize-money (ndlr : argent des prix distribués) et autres opportunités commerciales pour les fédérations. Ce qui va dynamiser l’économie du football continental. Attention, cette Ligue des Nations pourrait ajouter des matchs supplémentaires aux calendriers déjà très denses des footballeurs avec son corollaires de blessures due à l’épuisement des talents africains en Europe malgré l’harmonisation FIFA. Je vais terminer en mettant en évidence le retard du lancement de cette Ligue des Nations qui débute en 2029 après la Coupe du monde des clubs. Cela va créer un trou entre 2026-2028, avec la possibilité de frustrer les nations en quête de compétition.

Entretien réalisé par
Yves OUEDRAOGO

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